A - Un débat parlementaire en vue
Dans l'ère de la modernité et si proche de l'antiquité de la pensée humaine, le droit de vivre et celui de mourir sont proches et distincts comme rappelé par le législateur qui s'apprête à conforter les soins palliatifs et laisser le droit de mourir à la liberté individuelle.
Deux textes distincts la légalisation de l'aide active à mourir, ou le suicide assisté et l'euthanasie, et la présence généralisée des soins palliatifs dans le monde sanitaire d'aujourd'hui.
Deux approches entre elles, des opposants de l'euthanasie qu'ils voient comme "un droit d'être tué" et ceux favorables à la réforme sociétale et publique des partisans du droit de mourir selon sa propre conscience.
Ne vouloir renoncer à ces lois votées au parlement consiste à relayer la liberté de chacun à l'intérêt partagé de la fin de vie qui n'est jamais exclusive ni renoncée par la mort comme un acte public engageant la société comme les individus pour eux mêmes.
Laisser croire aux députés qu'ils ne peuvent s'opposer au suicide assisté sous peine de nuire aux soins palliatifs, est un sujet polémique et risqué de rupture et de division entre deux approches de la mort, morale et politique.
Question de conscience pour l'aide active à mourir, devoir de la société pour les soins palliatifs, qui concernent tout citoyen quel que soit sa philosophie de la vie et de sa mort.
Chacun devine les préférences partisanes de l'échiquier parlementaire de ceux qui veulent généraliser les lois Léonetti à l'ensemble des hôpitaux français, et de ceux qui veulent "un service public pour donner la mort et la légiférer",
Le corps médical par milliers de praticiens entendent la voix de Claire Fourcade Présidente de la société française d'accompagnement et de soins palliatifs favorable à distinguer deux approches de la fin de vie au milieu d'autres recours comme celui de l'ADMD association pour le droit de mourir dans la dignité enclins à une décision finale de liberté du mourir !
Question médicale des partisans de la loi Clayes Léonetti qui jugent que l'on n'a pas été jusqu'au bout de la sédation par les soins palliatifs, questions morales et éthiques pour ceux qui considèrent le choix du mourir comme une loi sociétale comme d'autres, de progrès acquis de liberté, questions religieuses et spirituelles qui rejoignent la pensée du bien commun judéo chrétien du caractère sacré de toute vie du début à son terme.
La conjonction de tous ses apports réflexifs et sociaux rend le débat complexe et appelle à la prudence pour éviter le conflit à terme de lois arbitraires votées dans l'urgence au Parlement par la représentation nationale soucieuse d'en faire son enjeu électif exclusif au grand déni de la conscience personnelle devant la mort et celle des autres, provoquée ou assumée sereinement.
B - La pensée des Grecs face au mourir
Les Grecs s'interrogent, la mort est elle une fin ou un passage vers au delà ?
Le Phédon de Socrate questionne. La cigüe ou boisson finale en demeure la solution et l'objet de condamnation du philosophe jugé pour ses idées barbares pour la jeunesse et les êtres troublés par l'auteur philosophe (notre photo de couverture : Socrate condamné à boire la ciguë, 399 av. J.-C., gravure fin du XIXème siècle).
La question de l'immortalité de l'âme travailla sa pensée et ses disciples doutèrent de ses résonnances préférant le mythe des enfers de l'Hadès mais la réflexion sur l'au-delà et du passage vers l'ailleurs demeurait récurrente chez les Grecs.
On y mêlait chants, tragique théâtral, comédies, poésies d'Homère enlevées et inspirées par la force de l'esprit face à l'adversité.et au tragique de la mort représentée et imagée comme l'enfer de l'Hadès un royaume étrange d'attente et d'inquiétude imposée par la disparition des âmes des corps des trépassés.
Dès lors l'imagination n'aimant pas le vide, on figurait les Champs Elysées en ce royaume invisible, supposé exister pour les vertueux et les bienheureux de ce temps,
On représentait le pré d'Asphodèle pour servir de refuge des âmes errantes et livrées à leur funeste sort, le Tartare ou royaume sordide ou lieux des châtiments pour les âmes sanctionnées de leur vie passée.
Chez les Romains, les furies tenaient ces rôles d'un enfer pour les persécutions de morts soumis aux châtiments.
D'aucuns liront Euménides d'Eschyle, ou le travail de nuit de Hypnos et Thanatos, dieux du songe et des rêves mortuaires.
Selon Le Phédon philosopher étant apprendre à mourir, on comprend le soin des grecs à penser la mort, pour libérer l'âme du corps pesant de toute vie, pour lui permettre le sens du beau, de la justice et des vertus ou la liberté de vivre.
La pensée de Sénèque et d'Epiclête livre le contenu du stoïcisme et de la volonté personnelle pour traiter la mort comme un éclair passager et relire les Lettres de Lucilius de Sénèque à ses disciples pour les libérer des démons de la pensée qui hantaient les grecs sur ce sujet de la mort omniprésente dans leurs cultes, rites funéraires, et liturgie mortuaires entretenues dans leurs mausolées, leurs nécropoles.
Nos contemporains s'en sont-ils véritablement dégagés ou de tels imaginaires hantent nos esprits modernes ?
La question de la mort demeure récurrente et les références de la pensée antique comme rapporté par le Premier Ministre, sur ce sujet, restent légitimes et bien inspirées pour aujourd'hui !