A - Les lois canoniques du vivre ensemble
Le droit canon avec ses 4000 articles, documents, conciles, décrétales, synodes de l'antiquité chrétienne constitue un patrimoine juridique et spirituel unique sur une histoire ainsi documentée. Datée autour de 1140 ce recueil témoigne de la vie de l'église depuis le IV ème siècle, dans l'empire romain et ses terres sous son pouvoir impérial dont la gaule et des royaumes du sud de cette époque. La bible en inspire la source et le droit romain la frontière avec le code civil en usage. Bologne en sera le cœur de ce travail juridique et canonique ecclésial autour d'une figure dénommée Gratien sans trop pouvoir dire s'il s'agit bien d'un moine, de son monastère ou d'une école de canonistes représentée par ce patronyme. Pour ces auteurs il s'agissait de mettre en concordance les articles du droit, les confronter et les épurer pour les besoins religieux de ce temps. On introduira une distinction de toutes les époques par un oui sic en latin, et non pour le non à toute interrogation sur le fondé d' un précepte et son application effective. En somme une réflexion philosophique incarnée par Abélard qui engage pour toute règle appliquée un commentaire explicatif qui la justifie. La pratique fut adoptée jusque les tribunaux civils en sus de la loi elle même qui n'en perd sa valeur mais trouve sens en sa rationalité.
En ces siècles de l'église florissante les papes écrivaient beaucoup de lettres dénommées décrétales, mais leur ajustement pour toute l'église demandait de la concordance et d'éviter la contradiction en toute interprétation possible. Le pape Grégoire IV est cité pour en avoir demandé en Liber extra la compilation ordonnée des décrétales, un acte promulgué en 1234.
D'autres compilations suivront au cours de l'histoire du droit canon,
Le Sexte en 1298 demandé par Boniface VIII, Les clémentines en 1317 pour Clément V, les Extravagants de Jean XXII en 1324, une autre édition des Extravagants communs au XIV ème siècle considérée comme libre et différente en son origine. Le tout constitue le Corpus Juris canonici distinct du juris civilis romain mais influencé par lui en ses débuts et ce dernier enrichi par la suite dans l'autre sens.
Les canonistes rappellent la longévité de ce droit canon sur huit siècles jusqu'à la réforme de 1917 qui l'a ré adapté.
Les historiens se réjouissent à relire le contenu de ce serment exceptionnel, par les canons apocryphes des apôtres, les décrets des conciles généraux et particuliers, depuis le haut moyen âge, les Lettres décrétales du pape Damase, d'Innocent II, les pénitentiels source inépuisable de son contenu, le contenu des livres liturgiques d'époque, les statuts épiscopaux et les écrits patristiques, des informations sur le droit romain et franque et leur influence mutuelle au fil du temps.
En traduisant et relisant ces sources les canonistes patentés nous renseignent sur la croissance de l'église et sur les origines de la foi, de la morale et de la vie communautaire "des fidèles" terme usuel pour désigner les croyants chrétiens et leurs usages. Ces articles commentent tout ce qui de la naissance à toute mort traverse l'esprit des croyants, et leurs conduites dans la vie sociale et publique tout autant que religieuse.
A propos des rites rendus aux morts dès ces temps reculés du passé on apprend les prévoyances requises pour les croyants dans cet accompagnement de leurs défunts en se conformant à cette dévotion ancrée des chrétiens en la mémoire et la prière adressée à leur souvenir.
B - Au cimetière, une vie animée
Les chroniqueurs et extraits de lettres pastorales de ce haut moyen-âge jusque la période carolingienne on apprend la vie agitée que mènent les visiteurs des cimetières au milieu des vivants et des morts sous peu de contrôle, où se tiennent marché, ventes et commerces de toutes origines, en cet atrium sensé être de piété et reste convivial et libre.
Les morts ne sont jamais loin des vivants et ces derniers entretiennent ce lien au centre du village où se trouve l'église et son séjour attenant des trépassés. Un lieu fréquenté assidument non toujours de dévotion. On y pille les dernières concessions et les familiers veillent à leurs sépultures, ils en savent le prix.
Les prêcheurs y font leur séjour prolongé, tel officiant venu pendant la semaine festive durant ou lors de funérailles de premier rang pour convier aux conversions les passants ou resquilleurs potentiels. Dans de vieux cimetières on trouvait un prêchoir le long du mur de l'enclos, une sorte de chaire à l'air libre sans autre intérêt que de rendre service au prédicateur dévoué qui haranguait entre cris et contre sens les auditoires venus en ce lieu.
Le jour des Rameaux la cérémonie avait lieu au milieu des sépultures, et chaque famille pouvait ainsi jouir d'un rameau ou de branche de laurier déposé sur place. On imagine peu aujourd'hui la vie diurne de ce lieu grossi par les commerces de toutes provenances et les décisions majeures rendues par les autorités communales comme le maire, le notaire ou le préposé aux délibérations commerciales de toutes sortes. cessions de biens, ventes, rachats.
Les bancs de tribunal pouvaient y être dressés et des jugements prononcés. N'oublions pas que Jeanne d'arc fut jugée dans un cimetière à Domrémy sous toute latitude, comme il était d'usage en ces temps là. On y prononçait aussi la sentence civile des lépreux les éloignant de la communauté des gens et leur remettant des gants, la sébile pour demander leur pain, et la crécelle pour éloigner les visiteurs. Le maire y prononçait des délibérations publiques, L'église dès le XII ème siècle demandait que l'on cessât ces pratiques mais en vain. Les combats en duel étaient d'usage au cimetière et les commerces de taverniers, de ventes de biens d'échanges en présence de notaire ou de représentants de la loi se faisaient ainsi au cimetière. Les mandements religieux ne permettent de les interdire mais de les contenir.
"On cite Rabelais qui met en garde les visiteurs de nuit en ces lieux mal famés où des pouilleux, des voleurs, des gens de mauvaise vie ont coutume de se livrer à leurs rapines. " Certaines décisions de justice étaient exécutées dans l'isolement du cimetière.
Parmi les cimetières connus celui des Innocents à Paris est un espace verdoyant, entretenu où les friches n'ont pas lieu d'être, Le concile de Villebonne encourage selon l'autorité religieuse du temps à cultiver au bénéfice des besoins alimentaires ces terres écolo nourricières pour les plus nécessiteux. Au cimetière chacun pouvait trouver le pain, le vin, les volailles, le poisson des rivières à son usage.
Les jeunes jouaient au jeu de paume, animaient de chants et de farandoles les soirées au coucher du jour recommandées pour les jouvencelles en ces lieux refuge pour tous ceux qui n'ayant de domicile trouvaient en ces endroits un havre de repos ou de paix.
On en oublierait encore les recluses, des femmes consacrées à la prière aux morts ayant choisi une cellule au cimetière, pour y demeurer dans leurs dévotions avec l'agrément des hiérarques d'époque. Une hypothèse aujourd'hui assez improbable !
A partir du XIX ème siècle on fermera les cimetières français aux visiteurs et dès ce temps les habitudes partagées en cet espace convivial des vivants et des morts seront plus encadrées et moins livresques.
C - Articles de loi de juillet 2024
Les derniers articles de loi concernant l'inhumation et la crémation ont été fixées par le Législateur en France dès ce 10 juillet 2024 concernant les délais de l'inhumation et de la crémation. 14 jours calendaires sont autorisés et non plus six jours comme précédemment, dimanche et jours fériés inclus pour les opérations funéraires concernées. Idem pour la crémation et le délai imparti pour le retour des cendres selon les volontés du défunt. Les dérogations éventuelles étant demandées au préfet du département qui peut les accorder si nécessaire.
L'usage d'autre technique que la gravure pour plaque funéraire du cercueil est admise. Plus d'inscription dans le Code général des collectivités territoriales. L'usage de la cire traditionnel n'est plus obligatoire pour sceller le cercueil. Le Préfet du département dispose du pouvoir dérogatoire de 21 jours calendaires pour disposer du délai concernant l'inhumation et la crémation, selon ces directives établies. La crémation à la différence de l'inhumation sise au cimetière, est autorisée au cimetière, dans le carré du souvenir, dans la nature, le domicile, suivant une autorisation dérogatoire préfectorale.
La conservation des urnes à domicile n'est pas permise officiellement mais admise de facto. Il est recommandé de déposer ces cendres dans un espace mémoriel destiné à cette fonction.