0
Une tradition
Le crépuscule du père Noël
Le crépuscule du père Noël

| François-Xavier Esponde 1895 mots

Le crépuscule du père Noël

A - Le père Noël

Il est déjà en vue selon les devins et les sourciers de ses pas posés un peu partout dans le monde dès le mois de novembre. Les devins et trouvères du ciel d'automne le préparent d'atours chatoyants. Collier, chapeau ou coiffe d'hiver des pays froids, sa vêture de peau d'ours est ample, son visage caché sous une barbe fleurie de l'année écoulée, les chaussons luisants de pluie et de neige fondue. En somme un profil enveloppé pour n'en présumer que des apparences et cacher ce qu'il réserve encore aux enfants et à ceux qui leur ressemblent. 
Dès la fin novembre et tous les ans de plus en plus tôt, il se prépare à visiter nos villes et villages enrobés dans les intérieurs bien chauffés et par ces journées longues hivernales promises, occuper le temps. En renonçant à la TV ou aux canaux numériques innombrables hyper connectés hors  ses réseaux satellitaires dans le ciel et sur la planète. Ne souriez pas. Ces sujets ont abandonné l'usage de sortie des enfants, en leur préférant le confort intérieur de leurs habitats isolés. Et ce canal singulier des dits réseaux sociaux, où père noël comme chacun d'eux y fait sa place et sa publicité.

Mais père Noël, désormais, s'annonce dans la rue tandis que des doigts agiles et manuels préparent en des lieux plus intérieurs, églises, chapelles, magasins ou écoles maternelles des décors lunaires de noël, de pins et de sapins, de toile ou de tissus, de paille pour les plus rustiques ou de canapés assortis, pour constituer le cercle intérieur d'une famille comme toutes d'entre toutes, avec ses témoins et figurants. Mais que mettre à la place du bœuf et de l'âne gris, du coq  et du gros bœuf aux larges mâchoires dans ces habitations communautaires actuelles urbaines où ces familiers de nos campagnes d'origine se sont perdus dans le souvenir des générations et des fêtes foraines quelques jours de corrida.?

Un poster d'artiste bien aimé, un personnage de dessin ou de bande dessinée singulier et griffé de crayons à la patte assurée, point de modèles sinon improvisés. L'ange céleste ou divin enfant roi ne connaît plus ces nouveaux hôtes, ou a quitté la scène et ceux qui voudraient lui faire une place sont priés de s'adresse en face chez les voisins au demeurant plus coutumiers de ces rites du passé. Le ton de la voix de Tino Rossi n'étant pas inscrit au répertoire, - Douce nuit, sainte nuit  -  se fredonnent encore mais sans effusion ni emportement. Père Noël n'a point de baffles ni de cd pour son rendez vous. Mais un mobile comme lui ! On le dit pressé comme une serveuse de comptoir de fêtes communales pour servir vite et le plus en nombre, ces visiteurs en attente de leurs présents.

Une missive adressée à cet envoyé de nuitée par messagerie cryptée se résume à quelques codes déjà notés, ordi et casque, accessoires et ampli et le tour sera joué pour notre fournisseur bien nommé par le nombre sélectif et élevé de ses objets espérés de sa visite de l'année. Ne parlez pas de livres, antidatés malheureux, vous seriez comme un dinosaure d'un temps de pré histoire ? Renoncez aux chaussons d'hiver, aux fruits sertis de sucre et de chocolat, aux oranges exotiques d'hiver qui désormais avec les bananes, les corossols, les ananas, les mangues,  les dattes sont livrés toute l'année dans le supermarché voisin. Soyez in, d'époque pas trop suranné, n'osez pas faire la moue, autre terme du langage courant mû en "gueule" !

Les habitudes ont changé, le numérique, les mobiles et les accessoires pro, ont pris la place des jeux de société, ou des livres d 'aventures. Quelques auteurs promus par les gazettes à grande tirage se sont enrichis d'un marché de clientèle mais enfin, de durée limitée dans le temps. Ne demandez pas au libraire du quartier de vous recommander le titre de l'ouvrage le plus consommé du moment. Il vous ausculterait de la tête au pied pour savoir si votre profil est celui du manuel, du maitre des écoles, ou du coureur de fond de stade du week-end. Vous n'aurez donc pas le même rapport au contrôle des connaissances. et prudent dans son cas il vous laisserait circuler seul au milieu des ouvrages exposés ou primés de l'année en cours. Le moment choisi de ranger de  votre gouverne le titre du livre de Noël ! 

B - Les ancêtres du père Noël

Ils seraient datés du XVIIème siècle où dans les familles nobles ou bourgeoises de ce temps on chérissait ce temps en famille autour des enfants. Avec quelques sujets de crèche pour certains issus d'origines religieuses ou des figurants habillés des deux sexes pour le souvenir marqué et festif de l'année. La fête durait de décembre à janvier selon les régions, précoces au sud de la France, l'année commencée pour les anglo-saxons et gens du nord de la France. D'un Nouvel An commun d'un délai quasi de trois semaines entre tous. Devenu trés amplement un fait commercial avéré, le numérique et l'informatique, l'audiovisuel et le télévisuel se sont assurés les faveurs du marché du Père Noel dans nos cités occidentales et acquises à ces commodités.

cependant l'origine latine et romaine de ce personnage de légende n'est pas oubliée par les auteurs du temps. La déesse Strena latine et bien nommée romaine, assurait la santé de ses sujets et le bien vivre de tous. Fêtée le  1 er Jour de l'An elle assurait les cadeaux aux enfants, et bien des fêtes chrétiennes au Moyen Age s'inspiraient de ces coutumes séculaires revues ou corrigées par les gouvernants et les manants du temps. Chacun a sa façon, librement et de peu de contrainte ! 

On comprend dès lors que le solstice de l'hiver, Strèna des autres, les cultes des saturnales encore aient entretenu pendant des millénaires ces rites symboliques aux divinités avant l'avènement d'un Enfant Soleil invaincu comme dit en latin "sol invictus" chez les chrétiens. De bergers aux mages, de parents incarnés en joseph et marie, d'une étoile et d'une voie lactée exceptionnelle en ces jours de passage de saison au ciel et sur terre, les ingrédients d'une ère nouvelle étaient réunis pour succéder à ces ancêtres du père Noel, par l'adoption de représentants incarnés de la vie sociale par les acteurs de la terre, des bêtes et des troupeaux.

La sécularisation du tout abandonnant des représentations austères ou datées de la scénographie primitive, le père Noël et ses affiliés se sont emparés du modèle original par les rites de partages de cadeaux entretenant le lien social du moment. Saint Nicolas, très choyé en certaines régions anglo-saxonnes, ouvrant la voie aux réjouissances qui suivent dans le calendrier de décembre.

Si le père Noël apparaissait fictif, passager et provisoire, les vues de miracles; d'apparitions, de révélations nombreuses dans l'imaginaire de l'enfance entretenait autour de ces expressions légendaires ou religieuses selon les traditions familiales, un modèle commun et toujours prégnant du calendrier de fin d'année.

Nicolas, Santa Clara, père Noël, "gangili gaur gaur" en basque, Olentzero encore se mêleront désormais aux friandises, aux douceurs de palais bien arrosés de vins ou de boissons fruitées, de pâtisseries de Noël qu'en toutes régions on entretient de couronne de l'avent, et de couronnes de l'épiphanie ; circulaires comme le ciel et la terre, les habitants et les horizons qui les environnent.

Si en Occident grelotant de froid parfois, on se résout aux festivités de fin d'année, les orientaux perpétuent leur 6 janvier comme les latins et hispaniques toujours attachés à ce jour inamovible du calendrier civil et religieux. Ainsi donc du 6 décembre, au 13, au 24 et en janvier le 1 et le 6 de l'an qui vient chacun se remémore ses saints comme on les honore à la faveur de noël et des fêtes connexes qui l'entretiennent. 

Il est curieux que ce personnage central de l'imaginaire soit en terre anglo-saxonne, accompagné d'un dénommé Hans Trapp, père fouettard qui récompense ou sanctionne les enfants, lors de ce temps de noël. Vieille réminiscence du passé, figure sombre de l'hiver, ou vestige de croyances anciennes, du combat des saisons où la lumière et la nuit se disputent l'avantage et l'avenir !

C - La rencontre imaginaire du Roi Léon et de l'Olentzero de décembre

Olentzero & Roi Léon à Bayonne.jpg
Olentzero & Roi Léon à Bayonne ©
Olentzero & Roi Léon à Bayonne.jpg

La nouvelle faisait bruit dans la cité royale. Le roi Léon avait appris par les langues plurielles de la ville , de la venue prochaine de ce visiteur étranger à ses rangs, envoyé en ambassade pour le rencontrer le temps de ces fêtes annuelles de fin de l'année. Mais de voix sûre, le roi ne voulait de cet échange. Qui était -il donc dans ces vues, pour braver les usages de protocole  et transgresser la quiétude de l'hiver, la sienne tout d'abord ? Pour quelles raisons ? Que vouloir le supplanter dans les besognes de ses obligations ? Devenir l'alter ego ou alter tout - cour de sens, un intrigant, un imposteur, un trouble fête en somme du château ?
Pris d'inquiétude le roi Léon avait informé la maréchaussée de surveiller "le mal venu" déjà prévenu dans son esprit, là même où il ferait escale ou étape de sa course dans sa ville et en toute ingratitude sans pouvoir connaître ses intentions.

On décida donc de suivre toute rumeur, toute nouvelle de toutes parts. Routes, chemins de traverse, grandes voies et carrefours connexes de la ville de plus en plus nombreux, firent l'objet d'une surveillance du terrain. Des sentinelles, ou des vigiles, quoi de plus simple à recruter par ces temps de langueur de saison, pour saisir l'instant de cet imposteur en course entre Nive et Adour sur les faits.

Il arriva donc ce que les sur informées du lieu avaient annoncé. Un curieux personnage muni d'un vélo électrique bricolé disait-on de klaxons, de voyants de couleur blanc, rouge, bleu et vert, venait de descendre du train de Paris, disait-on ? Mais rien de sûr. Une monture inhabituelle, un habillage colorié de fête foraine, un chapeau de paille serti de perles scintillantes, une gabardine ou une xamara très ample comparable à une tunique monastique d'un grossier assemblage, une ceinture de langues de roseaux, et des chaussons, peu  chiche le visiteur, en un bandage bricolé de peau de cuir. En somme rien de décent pour le rendez vous demandé auprès du roi Léon. !

Surpris par le mode de transport utilisé par l'Olentzero, et père de Noël présumé, la maréchaussée ne put contrôler le modèle en cour. 

Il était contemporain et désormais en phase  empruntée par de plus en plus de gens, en recherche de confort écolo version noel pour tous les âges, des enfants aux retraités devenus accros chevronnés de ce transport universel. 

Cela étant, rien n'empêchait sa mobilité, sa liberté de circuler ni celle de se livrer aux libéralités de sa mission. Où donc ferait-il étape dans la ville ? Auprès de quels habitants de quartiers nombreux entre rives et cours d'eau de cité commune ?

Rien ne semblait présager de sa part de se rendre auprès des autorités de la ville. Il n'en faisait guère état, et libre de vaquer de jour, on saurait prochainement ce qui se passerait au coucher de soleil, quand les astres célestes mirant ceux de la ville se renverraient cet éclat que l'on devine dans le crépuscule au soir de la naissance d'un nouveau roi, né au firmament des astres des terriens bayonnais.

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription