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Conférence
Le comte de Peñaflorida, un "Basque des Lumières" par Marie-Bernadette Dufourcet
Le comte de Peñaflorida, un "Basque des Lumières" par Marie-Bernadette Dufourcet

| Alexandre de La Cerda 890 mots

Le comte de Peñaflorida, un "Basque des Lumières" par Marie-Bernadette Dufourcet

« Le comte de Peñaflorida, un Basque des Lumières à l'académie de Bordeaux au XVIIIème siècle », tel est le sujet de la conférence que l'universitaire Marie-Bernadette Dufourcet prononcera mercredi 8 mars prochain à 16h30 dans les locaux de la Peña Taurine Côte Basque (12 allées Marines à Bayonne, derrière la sous-préfecture) dans le cadre de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne / Entrée non adhérent SSLA : 5€

Il s'agit de Francisco Xavier Maria de Muñibe, huitième comte de Peñaflorida et fondateur en 1763 de la célèbre Real Sociedad Bascongada de los Amigos del Pais, société savante unique en son genre qui s’était fixé comme but de « cultiver le goût et l'inclination de la Nation Basque pour les sciences, Belles Lettres et Arts, corriger et affiner ses mœurs, exiler l'oisiveté, l’ignorance et leurs funestes conséquences et resserrer davantage l'union des trois provinces basques d'Alava, Biscaïe et Guipuzcoa ».

Cet esprit curieux et philanthrope dans le style des Lumières était resté en correspondance avec ses anciens professeurs de l'Académie des Sciences toulousaine et membre correspondant de celle de Bordeaux ; il n’avait guère dédaigné de composer quelques zortzikos, des cantiques religieux et même un opéra bilingue, en basque et en castillan ! 
Après quelques années de fonctionnement, la société avait créé des écoles à Marquina, Vitoria, Bilbao et surtout à Vergara où son « Séminaire Patriotique Basque » devint l'un des pôles du développement scientifique de l'Europe des Lumières en attirant les meilleurs savants, entre autres l'Angevin Proust (un des fondateurs de l’analyse chimique), le Périgourdin Chavaneau (spécialiste du platine) et le Suédois Tunborg. C’est également là, dans le laboratoire installé par Proust, qu’au printemps de 1783, les deux frères Elhuyar, originaires d'Hasparren, travaillèrent sur des échantillons de wolframite pour obtenir un nouveau métal, le tungstène, dont l'« acte de naissance » paraîtra en 1784 dans les publications de Sociedad Bascongada et de l'Académie des Sciences de Toulouse. 

Le Pays Basque, carrefour scientifique de l’Europe des Lumières

Ce « Séminaire royal de Bergara », situé dans l'ancienne maison Zabala, constitua certes dans l’Europe du XVIIIème siècle un des centres les plus remarquables en matière d’enseignement et de recherche scientifique. C’est la « Société royale bascongada des amis du pays » fondée par le comte de Peñaflorida, également directeur du Séminaire Royal de Bergara, qui avait créé le laboratoire de chimie, essentiel pour les chaires de « Chimie et métallurgie » et « Sciences minérales et souterraines »  qui constituaient la base de son projet innovateur. En dehors de la découverte 1783 du wolfram ou tungstène par les frères Elhuyar d’Hasparren et la méthode pour rendre le platine malléable, autre découverte majeure due au français P.-F. Chabaneau, également professeur et chercheur au Séminaire Royal de Bergara, cette prestigieuse institution scientifique abrita encore le premier Jardin Botanique de Guipúzcoa et le premier observatoire météorologique ; elle accueillit la première École Industrielle de formation d’ingénieurs au Pays Basque ; et c’est également au Séminaire de Bergara que les premières collections de Sciences Naturelles (botanique, zoologie, minéralogie) furent constituées à des fins purement scientifiques.

Quant au chimiste français Louis Joseph Proust, chargé d’aménager ce laboratoire dont la qualité d’équipement en instruments et fours pouvant atteindre des températures très élevées avait été reconnue par le chimiste suédois Nicolas Thumborg (1747-1795), il était arrivé à Bergara en 1788 : « Le Laboratorium Chemicum est un très grand bâtiment séparé très bien installé. Les instruments et le matériel précieux ne manquent pas. Quand j'en eus fini l'inventaire, j'ai été très surpris, car n'ayant vu que les laboratoires d'Upsala et de Stockholm, j'ose dire que ce ne sont que le quart de celui-ci ».

C’est le palais d’Errekalde, ancienne résidence du comte de Peñaflorida, qui avait été choisi par la municipalité de Bergara pour y reconstituer le « Musée Laboratorium » à partir de la récupération des collections scientifiques du fameux Séminaire Royal, un travail de plus de trente ans qui aboutit à son inauguration en septembre 2015. À l’origine, il s’agissait d’une vieille tour médiévale qui fut rénovée au XVIe siècle avant d’être partiellement incendiée 1718, restaurée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXème.

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L'universitaire et organiste Bernadette Dufourcet-Hakim et son fils Jean-Paul ©
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Marie-Bernadette Dufourcet, universitaire et organiste

Marie-Bernadette Dufourcet-Hakim est musicologue, organiste et compositrice, membre correspondant de l'Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.

Née à Bayonne dans une famille franco-espagnole comprenant des peintres, des poètes et des musiciens, mariée au compositeur libanais Naji Hakim, Marie-Bernadette Dufourcet est docteur de la Sorbonne, professeur des universités et enseigne à l'Université Bordeaux Montaigne où, doyenne de l'UFR Humanités, elle a dirigé le département de Musique et l'UFR des Arts. Elle enseigne également au Pôle Supérieur Musique et Danse-Nouvelle Aquitaine ainsi qu'au Département de Musique de l'Université Autonome de Madrid où elle est professeur invité.

Marie-Bernadette Dufourcet a étudié l'orgue avec Susan Landale, Marie-Claire Alain et Jean Langlais, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où elle obtint les premiers prix d'orgue, d'improvisation, d'harmonie, de contrepoint et le deuxième prix en fugue, instrumentation et orchestration. Elle est Licenciate Performer du Trinity College of Music de Londres et a obtenu les premiers prix aux concours internationaux d'orgue et d'improvisation à Rennes, St. Albans (GB), Beauvais, ainsi que le deuxième Grand Prix d'interprétation à Chartres. Titulaire honoraire de l'orgue Cavaillé-Coll de l'église Notre-Dame-des-Champs à Paris,
Elle participe en tant que concertiste, professeur ou membre de jury de compétition dans des festivals internationaux en Europe, aux Etats-Unis, au Proche et Moyen-Orient.

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