Le chorégraphe et directeur artistique de la Compagnie de danse Illicite Fabio Lopez a récemment reçu les insignes de chevalier des Arts et des Lettres des mains de Roselyne Bachelot, anciennement ministre de la Culture, en présence du Sous-Préfet de Bayonne, du député des Landes Lionel Causse, des maires de Bayonne et d'Anglet, Jean-rené Etchegaray et Claude Olive, ainsi que la conseillère municipale au théâtre et à la danse Valérie Sudarovich, représentant Maider Arosteguy, maire de Biarritz. Les trois villes avec lesquelles Fabio Lopez avait conclu un accord concernant la saison 2021/2022 pour un programme coordonné, "respectueux de l’identité et des lieux de spectacle de chaque cité", également soutenu par le Centre Chorégraphique National de Biarritz et son directeur Thierry Malandain - Fábio Lopez étant lui-même un ancien danseur du ballet-Biarritz.
Notant que Fabio Lopez "ne reniait pas le classicisme", mais qu'il "s'en nourrissait, le revisitait dans un respect fécond mais non servile", Roselyne Bachelot louait encore chez le jeune et talentueux chorégraphe "son goût de l'héritage chorégraphique du XXème siècle. Vous invitez Nils Christe, Douglas Lee ou encore Hans van Manen. Comble de provocation, vous reprenez "Deep Song" de Martha Graham".
- "Ce goût de la transmission que vous soulignez, Monsieur le Maire vous amène à sensibiliser les écoliers de 6 à 10 ans. Et ce sont tous les élus d'Anglet, Bayonne et de Biarritz qui vous suivent".
- "Le Portugal, cher Fábio, c'est le pays des grands navigateurs. Vasco da Gama, Ferdinand de Magellan... et finalement vous vous inscrivez dans la lignée de ces explorateurs, de ces navigateurs, de ces découvreurs".
Dans son discours de remerciements, Fabio Lopez ne manquait pas d'abord de remercier "toutes celles et tous ceux qui l'entourent. Et merci, ensuite, à tous les noms amis, les noms connus et les noms de l’ombre. Je pourrais, sur le champ, établir une liste exhaustive. Mais cela me prendrait le temps d’un ballet.
Je ne suis pas né en France, ni au Pays Basque, mais dans un pays et à une époque où les références majeures étaient françaises. Je pense avec nostalgie à l'héritage parisien de Rudolf Noureev, mon idole de toujours. A mon maître Maurice Béjart qui m'a enseigné à accepter la beauté d’être différent et qui a initié mon parcours d’interprète. Nous faisons partie de cette chaîne d'artistes qui réussissent par le Travail et qui bravent l’impossible avec seulement le désir d’apporter sa pierre à l’édifice.
Et puis il y a Thierry Malandain… Difficile d’être éloquent aux côtés d’un académicien et d’oublier son pull, jeans et sandales, cette accessibilité qui est la sienne.
Je vous avoue qu’écrire sur lui m’a pris quelques moments. Tous les deux passionnés d’histoire, une même image de la danse contemporaine, un travail opiniâtre pour partager nos visions artistiques, être agacés et douter chaque instant… des aventures aux quatre coins du globe, les petits-déjeuners philosophiques à 7h du matin, et puis la blessure, le départ pour grandir".
Rappelant que la distinction qui lui avait été remise, c’est à la Danse qu'il la devait, Fabio ajoutait que c’est aux artistes, morts ou vivants, d’ici et d’ailleurs, qu'il voulait la dédier : "des artistes qui m’inspirent chaque jour tels que Marius Petipa, Richard Wagner, Serge Diaghilev, André Malraux, Sir Kenneth Macmillan, Patrick Dupond, Freddy Mercury, Rudolf Noureev, Marc Chagall, Cristobal Balenciaga, Jorge Donn, Igor Stravinsky et Nicolaii Gedda", sans oublier Jean-Claude Asquié, concepteur lumière, qui l’avait accompagné jusqu’en Russie pour sa première création dans une compagnie professionnelle, et le directeur technique Oswald Roose.
"Il faut croire que j’ai réuni treize étoiles qui ont veillé sur ma "Belle au bois dormant".
"Cette distinction, je veux encore la partager avec celles et ceux qui ont œuvré, au sein d'Illicite Bayonne, à un moment ou un autre de l’aventure, pour que la Danse circule en tout lieu et en chacun. Rosine, Elisabeth, Pierre, Sébastien, Michèle, Francine, Alvaro, Jean-Claude, Carole, Aïtz, Christian, Dorothée, Stéphane, Thomas, Françoise, Vasco, Cristina, Bernard, Yves Kordian, Roger, Marc... et tant d’autres".
"Si l’insigne qui m’est décerné aujourd’hui décore une personne, j’estime qu’il récompense avant tout mon travail. On m'a reproché parfois d'être un artiste "engagé" ! C'est vrai je suis très attaché au patrimoine, à la beauté, à l’exigence, et à l'académisme chorégraphique. Si au XXème siècle, les frontières de l'art deviennent floues, s'élargissent, pour moi le beau est d’abord et avant tout un sentiment, un affect, le respect de nos anciens maîtres. C’est ça la transmission.
Mon plus grand défi a été de créer Illicite il y a 7 ans, aujourd'hui compagnie associée aux villes de Bayonne, Anglet et Biarritz. (...)
L'utopie de développer une compagnie de répertoire a été un véritable acte de folie.
Un projet, certes critiqué par beaucoup, qui chaque jour prouve qu'il peut exister un avenir différent pour les danseurs classiques d'aujourd'hui. Il offre des opportunités à des jeunes et à des chorégraphes confirmés européens, au lieu d'un répertoire plutôt étriqué. J’ai choisi d'être présent au sein de la communauté en la sensibilisant et l’éduquant dès le plus jeune âge à l'Art de Terpsichore. Et puis si on se trompe de chemin il n’y a qu’à recommencer.
Plus le temps avance, plus j’aimerais faire mieux. Ce n’est pas juste défendre le ballet classique mais forger des passions et la notion de dépassement de soi. Il serait temps que la création artistique admette son hermétisme..."
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