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Tradition
Le cardinal Roger Etchegaray dans son milieu familial
Le cardinal Roger Etchegaray dans son milieu familial

| François Xavier Esponde 916 mots

Le cardinal Roger Etchegaray dans son milieu familial

Fils de maréchal ferrant et de la forge d’Espelette, Roger, jeune apprenti auprès de son père, fit sans doute connaissance de ce métier d’artisan parmi les nombreux acteurs de la terre qui venaient dans l’atelier pour faire ferrer leurs chevaux ou les bœufs pour le travail.
Enfant, il observa avec curiosité ce métier manuel des plus délicats assurant la main d’œuvre de la force physique animale pour les labours et les transports de la ferme.

Un atelier austère autour d’un brasier contenu et allumé le matin de très bonne heure, de charbon de bois, de charbon de mine ou de bois de châtaignier, dans lequel le forgeron - maréchal ferrant à ses heures - plongeait les fers devenant rouges vifs avec la chaleur avant d’opérer son labeur sur les animaux.

Le cheval enlacé par une armature, condamné à  rester immobile le temps de cette opération délicate, parfois bandé pour éviter tout emballement, subissait l’exercice du ferrage sous le regard de son propriétaire qui lui assurait la confiance et lui témoignait son réconfort. Une étrange odeur des ongles de pied se dégageait de cet espace de pédicure adapté, de grattages et de nettoyage sanitaires des sabots qui bien souvent donnaient lieu à une remise à neuf des pieds abîmés par le travail de ferme, de ces animaux de trait soumis au rythme quotidien de la force physique.

Dans le parking attenant à la forge, chacun attendait son tour, animaux de trait, carrioles à cheval, carrosses plus cossus, bœufs d’attelage, venus accompagnés par leur garçon de ferme, au temps d’un travail ininterrompu de “mécano” depuis le lever du jour, tard le soir, dans ces services d’urgence.

Le cheval ou le bœuf servant de bêtes de somme indispensables pour le quotidien, chaque paysan veillait à la santé de ses montures pour le confort et la résistance de ces bêtes choyées pour le travail de ferme.
Roger apprenti imaginaire de son père vit cet homme manier l’affûtoir, le brochoir, et le compas de pied.

Autre outil bien utile le dégorgeoir et le dévidoir apprêtaient le travail du maréchal ferrant dans son bloc opératoire assez spartiate, de mémoire de notre enfance autour d’une enclume, d’une forge surmontée d’un canal de soufflerie, vers lequel s’élevait la fumée noire et odoriférante du brûlé des ongles et du métal en surchauffe.

Sur une table” d’ingénierie sobre”, on distinguait la milloche, le marteau lourd servant à frapper le métal, les pinces à parer, à river à souder, et pour le confort du pied de l’animal, la râpe fine du travail du parage assurant l’équilibre de l’animal chaussé de neuf, botté , raboté et dégagé de bien de parasites placés dans le sabot, qui infectaient le pied et provoquaient des douleurs physiques.
Le maréchal ferrant avait ainsi plusieurs affectations dans son travail relatée par le Traité Rufus, rare publication à l’usage du métier que se partageaient ces artisans aux polyvalences exercées.
Des soins physiques, parfois vétérinaires, et le suivi des contrôles d’un travail empirique au cas par cas et aux mensurations orthopédiques de chaque sabot de cheval ou de boeuf ajusté à chaque cas singulier.

Roger, fils d’Espelette et de la forge de son père, eut une enfance paysanne comme tous les enfants de cette génération pré motorisée, peu mécanisée, où la marche/pedibus, le vélo, le cheval et la monture noble d’un attelage confortable, faisaient le privilège de uns et l’admiration des autres.
Ces souvenirs d’une enfance  demeurent au fil du temps.
Les odeurs d’une forge, la soufflerie actionnée au pied par le forgeron qui attisait le feu et faisait rougir le fer, ces couleurs du métal en fusion, ce tablier de cuir du forgeron coiffé pour son travail d’un couvre chef de peau de bête pour se protéger des éclats du feu, et cette ambiance campagnarde de voisinage, de bavardage, et d’échanges de nouvelles chez le forgeron, qui rendait la vie conviviale à chacun.

Témoignages familiaux

Selon les propos tenus par son petit cousin Michel Iturburua d’Ahetze, Roger, son frère Jeannot et Maité, sa sœur, avaient pour parents Battita leur père, originaire d’Espelette, leur mère étant une Dufau venue d’Ahetze.

Son père créa l’atelier Etchegaray qui devint prospère en ce début du XXème siècle à Espelette.
Comme nous l’avons vu plus haut, la forge, la réparation de véhicules à cheval, les moyens de transport de l’époque avant la mécanisation des transports à moteur, firent l’objet de ses attentions d’artisan sur le bourg de la commune.
Il ajouta la réparation des horloges manuelles de  ce temps, réunissant une équipe de sept ouvriers pour les tâches de son atelier où l’on faisait réparation de toutes sortes, à la demande des clients.

Battita, un homme habile, manuel et ingénieux créa son entreprise qui ne connut de suite auprès de ses enfants. Deux furent prêtres, Maité fut enseignante et l’entreprise changea de main.

Jeannot prêtre ouvrier dans la Creuse fut un pionnier de coopérative agricole dans un département qui garde le souvenir d’un entrepreneur génial, dont les paysans du lieu se souviennent.

Roger voulut jusqu’au terme de sa vie rappeler le souvenir de ce frère dans un livre dont il recueillit les sources en vue d’une parution future. Mais selon certains, le livre ne fut encore jamais publié à ce jour.
Le journal « La Croix » évoqua il y a plus d’une décennie le travail accompli par le frère Jeannot Etchegaray dans un reportage le concernant, et les archives de la Mission de France citent le travail de rédaction de leur histoire sous la plume de Jean Etchegaray.

Notre photo : le cardinal Etchegaray et sa sœur Maité

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