1 - Laudato Si, il y a dix ans

Dix ans déjà depuis la parution de l'encyclique Laudato si du pape François qui unissent la création et l'humanité dans le même destin de ceux qui se réjouissent et qui pleurent les dégats infligés à la terre. Le cardinal jésuite Czerny Préfet du dicastère du développement humain intégral au Vatican évoque cet anniversaire. et salue l'engagement de nombreux chrétiens sur les sujets écologiques et sociaux actuels.

Le panorama se diffuse en divers pays du monde, par les nombreuses formations enseignées dans les écoles et les universités, une littérature nourrie du manuel pratique à la réflexion philosophique et théologique, des projets de forestation  de fermes innovantes en des terres propriétés des églises, restructuration d'édifices et de chaines d'approvisionnement d'organisations chrétiennes, plaidoyers nombreux et temps de prière pour la création et la sauvegarde de l'environnement".

"Les engagements y sont nombreux multiformes, portés par une communauté, un réseau ou un groupe selon une multilatéralité d'en bas encouragée par Laudato si N 38. L'encyclique a pu engendrer de nombreux ponts dans l'église, des rapprochements  et des collaborations audacieuses dit le cardinal jésuite. Collectivement prenant conscience que la sauvegarde de l'environnement n'est pas une affaire de spécialistes Chacun a sa part. Le discernement et l'engagement des familles , de chaque consommateur, des entreprises, des mouvements de jeunesse, des écoles et des administrations locales sont fondamentales".

Des outils comme "le label Eglise verte" en France, ou la plateforme d'action internationale Laudato si aident à ce progrès partagé. Les détenteurs des formations et des techniques les plus innovantes peuvent avoir sur l'opinion une influence directe. Les initiatives locales ne peuvent empêcher les décisions politiques  nationales et internationales . Laudato Si N° 69. Décisions claires, équitables et efficaces.

En cette année ouverte à l'espérance, "spes non confundit", l'espérance ne déçoit pas dit l'adage latin cité par le pape François invitant chacun à l'adopter pour le partager avec les autres.

L'enjeu écologique de la destination universelle des biens de la terre créés par Dieu bénéficiant de façon juste équitable et solidaire à chaque membre de la famille humaine et aux générations suivantes est engagée aujourd'hui dans l'opinion.  

"Les chrétiens, poursuit le cardinal, conscients de la gravité de la situation écologique et à la lumière de la vision eschatologique de l'Église, sont appelés à s'engager ici maintenant et sur le long terme, conscients du fait que le temps est supérieur à l'espace N° 178 dans le texte

Se souvenant du travail accompli par l'action catholique d'antan en faveur de la terre, l'intérêt de l'église n'est l'objet d'un effet de mode. Les défis socio écologiques actuels "la clameur de la terre, et la clameur des pauvres", jaillissent souvent ensemble. N° 49 et marquent durablement nos sociétés. Notre siècle peut être témoin d'une destruction sans précédent des écosystèmes avec de graves conséquences  pour tous" N° 24 dans l'encyclique.

Quelles instances de discernement, quelle éducation, quelle politique, les chrétiens favoriseront et laisseront en héritage ?

Il faut lutter contre la passion vorace en faveur du bénéfice personnel N° 237, la vision chrétienne de la création est fondamentale. La création est un acte gratuit de la part du Créateur, ce père qui nous aime et nous accompagne de sa providence !

Le langage de Dieu s'adresse à nous dans les signes des temps et ceux de la nature. Ceux ci parlent de régénération, de diversité, d'adaptation, d'équilibres et de beauté. En conversant et en contemplant le Créateur en sa Création nous pouvons mieux définir nos façons d'être génératifs inclusifs et durables.  

Cet anniversaire de l'encyclique permettra de rappeler ce qui a été fait, et de rendre grâce à Dieu. Une occasion de faire partager l'encyclique aux chrétiens et aux personnes d'autres croyances qui ne la connaissent pas.  

"Nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon, sera assumé dans la fête céleste. Ensemble avec toutes les créatures nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu. Marchons en chantant ! Que nos luttes et préoccupations pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l'espérance" N° 244."

2 - Le climat d'aujourd'hui

Les chiffres parlent désormais, les glaciers fondent, 18 millimètres de l'élévation du niveau de la mer depuis 2000 due à ce phénomène de la nature se compte par 6542 milliards de tonnes de glace en mer en sus. C'est en Europe que ce recul est le plus marqué  depuis 2000  dans les Alpes et les Pyrénées qui ont déjà perdu 40 % de leurs glaciers !

C'est la revue Nature qui fait savoir l'ampleur de tels dégâts. Le consortium international Glamble, composé de 35 équipes de recherches, constate que 273 milliards de tonnes  de glaces disparaissent en moyenne chaque année depuis 25 ans, sans compter la fonte des calottes polaires en Antarctique et en Groenland.  

"Si on recense plus de 215 000 glaciers à travers le monde, ce sont de véritables châteaux d'eau naturels qui alimentent deux milliards d'habitants en Asie et dans les Andes, et représentent une ressource vitale pour l'agriculture et l'hydro électricité."

En montagne, disent les géologues, la fonte fragilise les parois des régions englacées, favorisant les éboulements et les glissements de terrain, soulignent les experts.

Les méthodes employées par les scientifiques pour observer le phénomène emprunte une vision globale mais qui ne touche que 1 % de l'ensemble. Trois méthodes satellitaires se joignent encore, dit Etienne Berthier du CNRS au LEGOS - Toulouse, Laboratoire en études de géophysique et océanographie spatiales auteur de l'étude . "La première consiste à réaliser des cartes topographiques  à partir de coupes d'images satellitaires. La seconde est l'altimétrie, un seul satellite passe régulièrement, mesure l'altitude des glaciers sous sa trace et permet d'obtenir un simple profil. La troisième la mesure gravimétrique étudie l'évolution de la masse à la surface de la Terre. Mais, notent les experts, toutes ces méthodes ont leurs qualités et leurs défauts, soit une bonne résolution spatiale, mais pas assez de finesse temporelle, soit une précision annuelle mais un maillage spatial de plusieurs centaines de kilomètres".

Glamble fait, pour la première fois à l'échelle mondiale, la synthèse comparée de ces trois méthodes par le Service de surveillance des glaciers WGMS - Université de Zurich.  Mises ensemble, homogénéisées et comparées. Les scientifiques précisent que les résultats sont cohérents de ceux du GIEC mais, note Etienne Berthier, le caractère exceptionnel des dernières années surprend. "En 2023 la perte des glaciers est deux fois plus forte que la moyenne des deux dernières décennies avec 550 milliards de tonnes de moins sur cette seule année. Il faut imaginer la France métropolitaine recouverte d'un mètre de glace qui fond et part vers l'océan".

"Pour mettre les choses en perspective  les 273 milliards de tonnes de glace perdue chaque année représente l'eau que l'ensemble de la population mondiale consomme en trente ans, à raison de trois litres par personne et par jour", selon Michael Zemp, glaciologue à Zurich.

Les disparitions de cette fonte existent entre le Canada et l'Arctique d'une part, et les glaciers européens les plus petits où dans les Alpes et les Pyrénées, 40 % de la ressource en eau a fondu, donne 10 % en deux ans, 2022 et 2023. Un travail désormais universel salué d'Amérique en Europe, d'Islande dans les Pyrénées en vue du prochain rapport du GIEC prévu en 2029.

La disparition de nombre de ces glaciers semble inéluctable, ne survivront que ceux au dessus des 4000 mètres en altitude, mais face à cette loi impitoyable de la nature, que peut faire encore l'homme, pour en limiter les effets ou la subir sans trop d'aléas climatiques ?