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Billet d'humeur
L’Art de la Fibre … ou le 22 à Asnières
L’Art de la Fibre … ou le 22 à Asnières

| J.-L. R. 550 mots

L’Art de la Fibre … ou le 22 à Asnières

Alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête sur le chantier de la Fibre en Béarn/Pays Basque visant en particulier l’emploi de travailleurs étrangers irréguliers, nous avons reçu ce « billet d’humeur » de notre collaborateur et ami J.-L. R. : 

Nous habitons une charmante maison dans un non moins charmant village du Pays Basque intérieur. A notre retraite, mon épouse et moi, restés actifs, nous sommes investis dans plusieurs associations culturelles. Ainsi, nous avons maintenu, renforcé, les liens avec de nombreuses personnes (des centaines !) toutes aussi actives que nous. Pour ce faire il existe un outil merveilleux, sorte de couteau suisse : l’informatique et plus précisément le fabuleux réseau Internet (quand il n’est pas dévoyé !). Durant des années l’accessibilité à ce « Graal » se faisait par le « réseau cuivre » d’un opérateur national. Au fil des ans ce réseau (des poteaux bois soutenant des fils) s’est détérioré inexorablement. Par jours de pluie ou de vent, la panne devient inéluctable, prévisible. Or, les habitants de notre belle région savent qu’il ne pleut pas et qu’il ne vente jamais au Pays Basque.

Ainsi, pour travailler, sporadiquement, sur nos terminaux, nous sommes ma femme et moi devenu des météorologistes amateurs, planificateurs de nos interventions informatiques en fonction des caprices du ciel.

Et puis un jour, grande nouvelle : notre village basque est devenu éligible à la fibre optique !

Premier problème. Nous comprenons (grâce à quelques recherches sur Internet !) que le marché de la fameuse fibre optique pour les Pyrénées Atlantiques a été remporté par un opérateur national qui n’est pas le nôtre, l’historique. On nous rassure : il n’y aura aucun problème de raccordement. Signature du contrat avec ce nouvel opérateur : premier rendez-vous pris (1 mois et demi plus tard !) pour tirer la ligne existante (150 mètres environ) et mettre en place le dispositif (prise, box internet). Le premier rendez-vous (une plage horaire de 5 heures) échoue immédiatement : pas de camion nacelle pour poser le câble sur les poteaux. Nouveau rendez-vous 15 jours plus tard. Même motif, même punition : toujours pas de camion nacelle. La suite est burlesque : 3 ème, puis 4 ème rendez-vous annulé, avec pluie de mails de félicitation de l’opérateur prévenant … suivis de SMS d’annulation. Toujours cette fichue nacelle fantôme. Nous caressons l’espoir que l’opérateur national dont le marché d’installation de la fibre optique pour les Pyrénées Atlantiques est de 466 millions d’euros (!) trouvera un camion nacelle d’ici un mois, date du 5 ème rendez-vous … que nous espérons ultime.

Ces péripéties burlesques, mais éprouvantes, qui nous contraignent chaque jour à scruter le ciel et l’anémomètre, ont réveillé, en moi, le souvenir d’un sketch fameux de Fernand Raynaud (1926/1973) le 22 à Asnières (1955). L’humoriste démontait, par l’arme du rire, les incohérences de l’Administration des Télégraphes et Téléphones dont un député inspiré avait déclaré, en substance, que «20 millions de Français attendaient le téléphone et 20 autres, la tonalité ! »

A la fin de son sketch, Fernand Raynaud, archétype du « français moyen », excédé par une interminable attente dans un bureau de poste, d’où il ne peut joindre Asnières, appelle New-York : « Allo New-York, je voudrais le 22 à Asnières ».

« Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change », dit Tancrède (Alain Delon) à son oncle, le Prince Don Fabrizio Salina (Burt Lancaster) dans le Guépard (1963) Chef d’œuvre de Luchino Visconti (1906/1977).

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