En raison de la pandémie en cours, l’Année Jubilaire en l’honneur de Saint Jacques de Compostelle vient de s’ouvrir ce 25 juillet à Santiago de Compostela pour deux années qui s’enchaîneront en 2021 et 2022.
Dès le 12 juillet passé le Roi d’Espagne Felipe VI, la princesse Letizia et la famille royale avaient ouvert le temps jubilaire en Navarre au cours d’une cérémonie à Roncevaux et à San Salvador par une marche sous la pluie et la brume pyrénéenne qui sied parfois en ce lieu au cours de l’été...
Et à la veille de ce 25 juillet, le Roi d’Espagne avait présidé des cérémonies en Galice en présence des autorités de la province et suivi de Mgr Barrio, évêque du diocèse du lieu qui fit selon la tradition l’ouverture de la porte de la cathédrale en comité restreint en raison de la pandémie du Covid 19 qui continue d'affecter la région et le nord du pays.
Ce 25 juillet, l’heure était à l’ouverture officielle du Jubilé Jacquaire en présence du roi, de la princesse et des deux filles de la famille royale, des représentants des institutions, des partis politiques, des autorités militaires, et d’un public réduit d’une assistance confidentielle et confinée par les règles sanitaires en cours.
L’évêque de Pampelune et une délégation d’archevêques espagnols ainsi que le chapitre cathédral de Compostelle participaient à la messe solennelle d’une rare beauté, chantée par une chorale en grégorien et relayée par les TV espagnoles, les radios et les réseaux sociaux.
Le roi en civil, les chanoines en soutane avec leur barrette particulière propre à la tradition jacquaire, les célébrants - dont l’ancien cardinal de Madrid, ancien archevêque de Compostelle - et le clergé, étaient drapés de rouge.
Après la lecture de l’Evangile et précédant l’homélie de l’Evêque, le Roi d’Espagne prit la parole afin de rappeler “la permanence pour l’Espagne, l’Europe et le monde de ce pèlerinage sur les pas de Santiago à Compostela“.
Selon la tradition monarchique de l’Espagne, depuis Alphonse XII qui, le premier, l'effectua en 1877, l’Offrande de la Couronne à l’apôtre Santiago se perpétue par la présence royale lors de l’ouverture de l’année jubilaire à Compostelle. La coutume jacquaire s’inscrit "dans l’unité de l’Espagne, sa cohésion et son progrès", selon les termes rappelés par Philippe VI lors de son discours en la cathédrale, ce 25 juillet 2021.
“Gratitude et espérance s’illuminent autour de l’Apôtre, moments intenses, pour que se rétablissent la normalité et la lumière de l’espérance en temps d’obscurité pour le présent, entre le passé et l’avenir, permettant d’assurer la continuité de notre nation”.
Le devoir de mémoire des jeunes générations qui ont reçu des aînés ce témoignage fort, vivant et généreux de la rencontre et de l’Evangile pour aujourd’hui, mentionnant la présence de sa propre fille l’Infante Héléna à cette cérémonie.
Face à la pandémie, un rappel officiel de la solidarité entre les générations, qui ont subi particulièrement en Espagne de plein fouet le virus et souffert d’un lot de victimes élevé de la population.
Quant à son discours aux armées en Galice, il rappelait la volonté du Roi de servir son pays et de maintenir ce lien à l’autre qui devient la priorité de la lutte sanitaire en cours.
Pour sa part, l’archevêque de Compostelle commentera l’héritage et la tradition du marcheur de l’étoile depuis les siècles passés et pour le temps qui vient.
Les allusions à la situation sociale et politique d’une nation espagnole menacée de divisions auront l’écho d’un appel à l’unité de la foi et de la vie civile, dans le pays traversé par des courants pluriels et parfois contrastés.
Les chants soutenus par l’orgue de choeur résonnèrent d’une beauté exceptionnelle dans le décor intérieur de l’édifice montré par les caméras de la TV espagnole qui dévoilait des richesses artistiques admirables, rutilant sous le feu des éclairages.
A la fin de la messe, chacun attendait l’encensoir géant, moins imposant que l’ancien semble-t-il, qui, lancé par six hommes, traversait l’espace et la voûte de l’édifice sous le regard séduit du Roi et de sa famille.
Pour l’heure en raison de la pandémie, on ne compta pas de délégations étrangères lors de l’ouverture officielle de cette année jubilaire mais il est prévu, si les conditions sanitaires le permettent, que le chemin de la Galice, pointe nord extrême de l’Ibérie ancienne et considérée comme le terme de la chrétienté médiévale, attire un flot conséquent de pèlerins en 2021-22, comme en ces années fastes du passé où notre région, depuis le passage par le Somport et Roncevaux, était un noeud névralgique pour les fidèles cheminant vers le tombeau de Saint Jacques.
On en oublierait que Santiago est le patron majeur des Espagnols qui se rendent en nombre à Compostelle tout au long de l’année et constituent les pèlerins les plus nombreux visitant le lieu saint et la province.