L’historique de ladite « Agglo Pays Basque » renseigne sur les caractéristiques de sa croissance.
La Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB), cinquième en France, la plus peuplée, la première par le nombre des communes rattachées et sa superficie, soit plus de personnes que vingt cinq départements français des moins peuplés, elle est devenue l’EPCI, l’Etablissement Public de Coopération Intercommunale, le seconde en Nouvelle Aquitaine après Bordeaux-Métropole, aurait-elle désormais acquis les critères d’une Communauté Urbaine ?
Mais la question serait-elle bien à propos pour sa population in situ ?
Dans « La France et ses populations », Jean-Pierre Moulin soulignait que “depuis la révolution française le Pays Basque n’avait nullement le statut de région, ni celui d’un département, mais une addition de cantons du Département des Pyrénées atlantiques 64”, de rapports de communautés basco-béarnaises distinctes au sein d’une unité historique caractérisée par des siècles d’échanges complexes.
Car si la révolution française eut soin de supprimer les Constitutions particulières, telles celles du Biltzar du Labourd, des Etats-Généraux de Basse-Navarre et du Silviet de Soule, l’aspiration à une reconnaissance publique restait bien présente au sein des populations autochtones.
Ainsi, les Etats-Généraux du Royaume de Navarre n’avaient guère renoncé à vouloir restaurer - côté « espagnol » - la Chancellerie de Navarre, élargie aux voisins de l’autre versant, bas-navarrais et souletins, vieilles terres d’influence du Royaume historique d’antan que les Navarrais d’aujourd’hui ne semblent pas avoir oubliées.
A la fin du XXème siècle la revendication identitaire basque n’ayant à son tour perdu de sa vigueur avec la refondation du nationalisme basque renaissant, les promesses socialistes de 1981 de créer un département basque, tenues par le candidat François Mitterrand après le partage en deux de la Corse en 1976, donnèrent de la voix aux tenants d’un tel projet resté en attente mais jamais abandonné.
Le 18 décembre 1980, le groupe socialiste portera en ce sens “la proposition 54” de la création d’un département basque, alors que le député Michel Inchauspé proposera à son tour, le 22 décembre 1998, l’idée d’une région Adour-Pyrénées...
Mais faute de suite l’intercommunalité supplantera la promesse électorale à la faveur de la Loi Notre promulguée en 2015.
Les critères du nombre de la population étant atteints, Batera, en fer de lance du projet, bat campagne au Pays Basque en faveur de cet objectif...
Du 22 mars au 31 mai 2016, invitées au vote, toutes les communes du Pays Basque approuvent quasi-unanimement la proposition en faveur de cette communauté de communes.
Le 27 avril 2016, le vote favorable est acquis par la décision d’Aiciritz Camou Suhast et Bardos qui rejoignent les autres communes favorables en permettant une majorité nécessaire pour atteindre le quota.
L’Autorité préfectorale accède le 13 juillet 2016 à la demande. La Communauté de Communes sera effective à partir du 1er janvier 2017.
Elle regroupera les cinq communes de l’ancienne Cté du BAB, la matrice du projet, les douze du Sud Pays Basque, les onze de la Communauté de communes d’Errobi, les 27 de la Communauté de communes d’Amikuze, les sept de la communauté de communes u pays de Bidache, les 30 de la Communauté de communes de Garazi-Baigorri, les onze du Pays d’Hasparren, les treize du Pays d’Iholdi-Ostibarre, les six communes du Pays de Nive-Adour, et les trente-six de Soule/Xiberua,
On prétend désormais que la complexité administrative existant pour ces communes partagées au sein du même département entre deux sous-préfectures, celles de Bayonne et d’Oloron, le statut des cantons du département, des circonscriptions législatives qui débordent les lignes administratives du Pays Basque et du Béarn tout à la fois, rendraient les propositions complexes.
Mais cela ne fit pas renoncer au projet, et par dérivation, la Communauté de Communes Pays Basque engendra la création du pole métropolitain « Pays de Béarn », repris en 2020 et élargi au sein du même département des Pyrénées-Atlantiques.
La communauté d’Agglo Pays Basque débordant à son tour la frange de l’ex agglo BAB et les ambitions d’une Eurocité Bayonne / Saint-Sébastien, par les frontières administratives de plus en plus assouplies des deux versants pyrénéens, on vit éclore des propositions nouvelles qui sont encore embryonnaires mais ne cessent de nourrir le débat présent (et prochain).
Le voisinage de l’ancien Royaume historique de la Navarre, la prégnance de la Communauté Autonome Basque de Vitoria, la proximité des Régions européennes appelées à collaborer entre elles, font montre d’un environnement inédit dans lequel l’agglomération Pays Basque cherche désormais sa voie propre et singulière.
Les temps semblent évoluer à vive allure, des relents de féodalités territoriales ou d’influences économiques et industrielles poussant à l’émulation mutuelle.
Dans un pays acquis au tourisme à grande échelle des uns, à l’agriculture de plus en plus spécialisée pour les autres, de formations industrielles pressées par la demande, de l’augmentation numérique de nouvelles populations sur le front de mer atlantique, d’un accroissement résidentiel de nouveaux arrivants chaque année, l’Agglomération Pays Basque connaît les tourments de sa propre génération exponentielle, mais à quel prix ?
Les 233 représentants au Conseil d’Agglo y sont confrontés comme tout un chacun dans ce damier de vie plus complexe que prévu !