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Prose et Poésie
L’Académie des Jeux Floraux, évocation d’avant-confinement
L’Académie des Jeux Floraux, évocation d’avant-confinement

| Alexandre de La Cerda 702 mots

L’Académie des Jeux Floraux, évocation d’avant-confinement

L’évocation des attaches d’Edmond Rostand avec l’Académie des Jeux floraux (voyez l’article « Quand les jours sont longs en mai : de Jaufré Rudel à Edmond Rostand ») me fournit l’opportunité de revenir brièvement sur les circonstances de la fondation d’une institution qui constitue certes « la plus ancienne société littéraire vivante du monde civilisé » et dont les idéaux correspondent si merveilleusement à Jaufré Rudel, chevalier-poète de l’amour courtois que Rostand avait « modelé avec la cire de son âme », pour reprendre l’expression de Rosemonde Gérard.
Il y a vingt ans, j'eus l'insigne honneur d'être reçu au sein de l'Académie des Jeux Floraux - le plus antique cénacle littéraire d'Europe créé à Toulouse en 1323 par sept troubadours – et qui s’est depuis lors réuni tous les 3 mai, anniversaire de sa fondation, sauf pendant la révolution (« qui n’avait pas besoin de poètes ni de savants »)… Ainsi que le dimanche 3 mai dernier, à cause du « confinement » ! 
Si l’Académie prévoit de reprendre ses activités publiques à la rentrée, du moins son Secrétaire Perpétuel, l’historien Philippe Dazet-Brun, également académicien de Béarn et président du Jury Paul-Jean Toulet, estime à raison que les Jeux floraux avaient déjà « connu des suspensions de leurs travaux » et que « ses bientôt sept siècles d’existence leur donnent la saveur de l’exceptionnel. Telles sont les leçons d’un passé que nous ne cessons d’avoir en mémoire ».

Un éminent spécialiste des politiques transfrontalières pyrénéennes
L’occasion également de rappeler le souvenir de feu le professeur Jean Sermet, à l’époque Secrétaire perpétuel et doyen des Jeux Floraux, qui m’avait remis le 3 mai 2000, il y a exactement vingt ans, les « Lettres de Maîtrise » accompagnant mon admission à l’Académie, en présence du regretté prince Henrik de Danemark (devenu ainsi mon « confrère » en littérature), et de Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, alors gérant de la Société des rédacteurs du Figaro et qui était honoré pour l’ensemble de son œuvre, déjà très importante.
Grand spécialiste de la question des frontières, Jean Sermet fut la véritable cheville ouvrière de la Commission Internationale des Pyrénées de 1950 jusqu'en 2002. Lors de la remise de mes « Lettres de maîtrise », il avait rappelé ses origines maternelles à Ustaritz, ses années d'enseignement au lycée de Bayonne qui avaient précédé son entrée à l'Université de Toulouse II où il fut professeur titulaire de Géographie de l’Espagne et des Pays Hispaniques et Secrétaire Général du Centre d’Études Hispaniques.
Et, surtout, sa participation à la Commission Internationale des Pyrénées sur demande du Préfet de Région – à l'époque, il s’agissait d’un Préfet « Igame » – Emile Pelletier. Il aura ainsi été lié pendant un demi-siècle à l'examen et à la négociation de tous les problèmes politiques et économiques des régions pyrénéennes transfrontalières dont il supervisa également l'abornement.

Le noble geste de Guy d'Arcangues
Dans le discours prononcé lors de mon intronisation, Jean Sermet avait rappelé : « Cette traditionnelle salutation académique vous est assurance que notre Académie, ayant donné suite à une incitation du Marquis d'Arcangues, est vraiment heureuse de vous appeler à elle comme Maître ès jeux. Nos nominations de Maîtres ès jeux remontent au début du XVIII, siècle, après que Louis XIV ait en 1694 transformé notre Compagnie séculaire en Académie Royale, en la dotant de ses premiers statuts. C'est qu'il était apparu nécessaire pour le jugement des concours de nos jeux, ainsi que pour leur rayonnement, de recevoir une aide qui, n'étant pas extérieure, serait d'utilité immédiate. Grâce d'un côté à l'adjonction de poètes ayant triomphé à nos jeux et nous apportant une sensibilité bénéfique différente ; et de l'autre, des choix souvent faits en dehors de la proche région toulousaine nous donneraient des points de vue distincts, en même temps qu'ils assureraient une diffusion élargie de notre réputation.
Or voici qu'à ces deux rapports répond votre personnalité. Pendant quatre années consécutives en effet, vous avez depuis 1996 participé avec succès à nos concours… »
L’occasion pour moi de rappeler ainsi la mémoire de mon cher ami Guy d’Arcangues, lauréat de nombreux prix pour ses poésies et ses romans (Académie Française, Jeux Floraux, Trois Couronnes), qui avait répondu à la sollicitation de Jean Sermet en préférant avancer ma « jeune candidature » à la place de la sienne !

Légende : Remise de mes « Lettres de Maîtrise » par Jean Sermet et le Pce Henrik (J.-M. Rouart est au 1er rang à droite)

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Alan Abeberry | 08/05/2020 18:49

Intéressante académie dont j'entends parler pour la première fois dans cette vie. Merci pour la piste.

Sabine Aussenac | 08/05/2020 18:52

Merci pour ce beau retour sur l'actualité si étrange et le passé si riche. https://youtu.be/nJsGV7lRgfw Cordialement, Sabine Aussenac.

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