C’est un beau livre que vient d’éditer la maison Kilika de Saint-Pée-sur-Nivelle, consacré aux « Pêcheurs en Pays Basque - Port de Saint-Jean-de-Luz – Ciboure » avec un texte de Delphine Le Corff Ricau, universitaire originaire du Pays Basque et petite- fille de marin-pêcheur, richement illustré des clichés d’Anne-Sophie Susperregui, photographe professionnelle native de Saint-Jean-de-Luz, avec une préface de Serge Larzabal, président du Comité Interdépartemental des Pêches Maritimes et des Élevages Marins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes.
La profession de marin-pêcheur est fortement ancrée dans le patrimoine culturel maritime du Pays Basque. La filiation y est si fortement imprégnée, que l’on nourrit à son encontre de nombreux mythes souvent éloignés de la réalité. Certaines pratiques ont pu induire une vision manichéenne de la profession alimentée par une montée en puissance de notre conscience écologique. La pêche est plurielle. Il n’existe pas une typologie récurrente et linéaire de la profession mais une pluralité de pratiques et de métiers. Il n’y a pas une pêche mais des pêches comme il n’y a pas un pêcheur mais des pêcheurs. Durant trois années, les auteurs ont consacré leur travail aux métiers de la pêche côtière avec un éclairage différent fourni par chaque témoignage dont voici quelques exemples parmi ceux qui les pratiquent aujourd’hui :
Jean-Yves Elissalde, matelot sur l’« Airosa », bateau de pêche à la bolinche et à la canne : "Lorsqu’il prit la mer pour la première fois, ce qu’il ressentit fut un incroyable sentiment de liberté, assorti d’une évidence : celle d’être là où il devait être. Pourtant, ce fut un coup de foudre tardif. A 28 ans, il venait de trouver un poste à l’usine Bonnet après avoir pratiqué le rugby à haut niveau au sein des équipes de Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, et aspirait à une vie de famille sereine. Et puis un jour, ses amis, Patrick et Didier Martinez ainsi que Christian Canevet lui demandent d’embarquer sur l’« Airosa ». Un matelot manque à l’appel et il faut le remplacer. Jean-Yves Elissalde n’a pas vraiment d’affinités avec la pêche mais tente l’aventure. La marée est fructueuse, l’« Airosa » revient au port les cales pleines. Enhardi par cette expérience, Jean-Yves Elissalde s’éprend du métier. Patrick Martinez lui propose une embauche durable. L’équipage a trouvé sa nouvelle recrue.
"Ce bateau, c’est une famille. On a la même mentalité. Je suis matelot, mais je m’investis, je ne fais pas juste ce qu’on me dit. Je m’intéresse. Je bataille. La pêche est une évidence pour moi.
Il y a l’espace, la liberté, la communauté. Chacun occupe son poste mais on ne laisse jamais l’autre finir après soi, on est soudé. Et c’est très fort de connaître une telle entente. Tous les matins je suis heureux d’aller au boulot. J’aime toujours autant ce que je fais. Le fait de larguer les amarres, c’est un bonheur si simple."
"Christophe Domec travaille au filet sur le « Chekalet » et pratique la pêche côtière.
La « petite » pêche comme la nomment certains. Mais le qualificatif ne doit pas conditionner cet art noble où la valeur de la prise n’a d’égale que le perfectionnisme du pêcheur. C’est un métier exigeant, qui refuse l’approximation. Le pêcheur est seul à bord, à la fois patron, mousse, capitaine et mécano. Il ignore s’il apprécie cette solitude ou s’il y est habitué. Pour autant, cette ascèse l’a rendu intransigeant. Il fait tout lui-même. De la préparation des filets à l’entretien du bateau, il ne délègue rien, s’attachant à réaliser avec méthode et discipline chaque geste, guettant scrupuleusement chaque détail. Si l’erreur advient, elle sera sienne."
"En 2001, Christophe Domec s’engage en solitaire en devenant propriétaire du « Chekalet », un couralin de 7 mètres. Il sort lorsque la météo s’avère clémente et pêche aux filets dormants. Il part le soir les poser en mer et reprend la route à l’aube pour la levée. Dorade, rascasse, bar, rouget, poulpe sont entre autres ses prises régulières destinées aux restaurateurs des environs. Aussitôt pêchée, aussitôt dégustée, sa pêche a l’honneur des plus belles tables de la côte. Car Christophe Domec sélectionne ses clients avec parcimonie. Le Maïtenia, l’Alaïa, le restaurant du Golf à Ciboure, l’Instinct à Saint-Jean-de-Luz, les frères Ibarboure, l’Antre et Éléments à Bidart trouvent grâce à ses yeux. Il a un réel engagement envers les restaurateurs en assurant un arrivage régulier, un tarif constant et des produits d’une fraîcheur incomparable."
188 pages / 32 € / dédicaces :
- Vendredi 17 décembre de 10h30 à 12h30 Librairie Laketoki à Saint-Jean-de-Luz
- Samedi 18 décembre de 10h à 13h Magasin Carrefour à Tarnos
- Dimanche 19 décembre de 10h à 12h30 Maison de la presse Leku Ona à Saint-Pée-sur-Nivelle
- Mardi 21 décembre de 14h30 à 18h30 Cultura d’Ametzondo à Saint-Pierre-d’Irube
Deux autres livres sortis récemment chez Kilika :
- Kilika vient également d’éditer un non moins bel ouvrage dans sa collection Histoire & Patrimoine : il s’agit de « Trésors de l’écotourisme en Gironde - 500 coups de cœur en campagne girondine » de Martial Theviot, illustré par l’artiste-aquarelliste Annie Wilderotter et les photos de Jean-Claude Esnault, également ancien cartographe spécialisé de l’IGN qui a fait bénéficier ce livre de son art. : 372 pages / 19,90 €.
- Et pour les plus jeunes, « Amis pour la vie », le premier tome de la collection « Les aventures de Monsieur Pottok au Pays Basque » destinée aux enfants de 3, 4 et 5 ans ou 6/7 ans en première lecture. Cette première histoire est l’occasion de découvrir le héros que l’on retrouvera dans les prochains numéros, Monsieur Pottok, et ses deux amis Clémentine et Panpi. Ecrit par Claude Stefani Lemosse, architecte de formation et journaliste habitant à Saint-Jean-de-Luz et attachée au Pays Basque, à ses coutumes et à ses habitants, cet album est illustré par Caroline Iturri, diplômée des arts appliqués, graphiste et illustratrice de formation.
