1 - La pratique de la sorcellerie chez les anciens.
Le sujet est ancien comme le monde, entre deux univers distincts et qui ne cessent de se rechercher dans leurs usages dans l’Ancien Testament au livre de l’Exode il est rapporté, “tu ne laisseras vivre la sorcière, au chapitre 23” dans un univers où des pratiques occultes invitent aux sacrifices animaux et humains instruits de sorcellerie !
Les Perses dans l’Orient antique étaient connus comme tels, dans leurs attirances occultes et surnaturelles enseignées dans des rituels initiatiques répandus dans leur sagesse. Une quête rituelle de rapports établis sur leurs connaissances de savoirs naturels dont seraient dérivés des pharmacopées ou des analyses apothicaires à leur début.
Dans un registre plus élaboré, la Kabbale juive connue comme une méthode d’interprétation des nombres et des chiffres inspira la mystique religieuse de la communauté.
Tolérés mais soumis à des contrôles continus, les kabbalistes ne renoncèrent cependant pas à leurs pratiques dans des cercles d’initiation plus confidentiels.
La source ésotérique, l’appel aux incantations aux forces invisibles de l’esprit humain alimentaient les sortilèges aux accents menaçants et craints par les contemporains dans ces rituels.
D’aucuns associent des origines orientales anciennes à de telles pratiques, mêlées de croyances positives, ou pire, de menaces sur le sort des humains dans leur personne par ces auteurs.
Dès le sixième siècle avant J.C., les Perses ont leurs mages, ou des sorciers interprètes des événements du monde pour leur Empereur Darius qui consulte leurs oracles avant d’engager ses guerriers sur le front des combats.
De sages conseillers pour les uns, de redoutables stratèges pour d’autres, dans des cosmogonies si lointaines pour nous aujourd’hui entre le ciel des astres et les consultations de mages si prégnantes dans l’univers qui fut le leur à l’époque.
Héraclite, dès 500 avant J.C., consulte les divinations de Dionysos données par des prêtres accrédités pour de telles missions dans les temples réservés à de tels cultes. Les anciens ajoutaient le pouvoir de consulter les songes, d’instruire les cultes animaux appropriés au soleil, à la lune, à la mère terre, à l’eau et au feu, ainsi qu’aux courants des vents et des tempêtes. A savoir les quatre éléments fondateurs de toute origine de la création qui ne faisaient défaut à la lecture religieuse de toute vie tout au long de l’histoire humaine en cours.
Evoquer ces personnages de “pouvoir spirituel” en Orient en ces siècles du temps passé n’est pas une fable ni une légende mais bien l’empreinte royale des puissants exerçant leur souveraineté avec le soutien effectif des religieux acquis à leur cause, interprètes et intercédant par ces forces divinatoires en l’état.
2 – La foi chrétienne confrontée à la sorcellerie.
Les chrétiens, depuis leurs propres origines dans ces empires d’avant l’ère chrétienne, eurent à cœur de répondre à ces sorcelleries ambiantes. On cite le Concile d’Agde en 506 dans la Gaule antique qui faisait référence à de telles pratiques, pour le moins peu en conformité avec la foi de l’Eglise.
On reconnaissait cependant, sinon dans la discipline ecclésiale en cours, mais dans les pratiques quotidiennes des populations, les vertus curatives de médications magiques “pratiques spirituelles inappropriées sans doute”, mais susceptibles de soulager des maladies par ces méthodes étrangères pratiquées par des devins guérisseurs reconnus dans leurs communautés !
Apulée fait mention de “vertus possibles de ces rituels cérémoniaux tournés à la piété et à la source divine”...
Mais la magie comme recel de connaissances occultes des principes de l’Eternel faisait l’objet d’un blâme des religieux juifs et chrétiens pour qui toute tentative d’acquérir de telles privautés était un refus de la toute-puissance de l’Esprit de Dieu ou inspirait les formes occultes de magies négatives de ce pouvoir, condamnées par les autorités religieuses comme telles.
Le magicien sorcier doté de pouvoirs pouvait exercer “des divinations nocives et faire du mal par ses vertus diaboliques et infernales”.
Il incarnait le Malin !
L’art contenu du magicien était donc un équilibre des forces en présence aux vertus sympathiques ou à l’opposé antipathiques, que Pic de la Mirandole, très inspiré par le sujet, définissait comme “toute force d’amour invisible existant entre les êtres.”
Comme Paracelse, des sources plus astrales évoquaient les forces bienfaisantes qui ne doutaient de l’apport du firmament sur le comportement de la nature.
Les doctes esprits sur le sujet distinguaient la magie noire de la magie blanche, aux vertus positives des vertus négatives, celles qui apportaient le pouvoir de guérison par les plantes bien souvent ou d’empoisonnement pour punition.
Seule la divinité pouvant accorder ce pouvoir sur les hommes par leurs rituels et leurs sacrifices.
L’Eglise catholique confrontée depuis l’origine de l’histoire à de tels rituels montra invariablement son rejet de telles pratiques, les qualifiant de forces hostiles et démoniaques. Mais force était de noter leur rémanence chez les fidèles partagés entre les anciens cultes et les nouveaux.
L’usage du poison n’étant une vue de l’esprit pour combattre les opposants, on ne fit guère de concession à de tels rituels menaçant les vies humaines contre des dangers maléfiques.
Le monde des plantes de mieux en mieux compris, celui des nombres de plus en plus appris par la science, celui des astres observé par des savants, devinrent des mondes de la connaissance et de l’interprétation affinant les rituels magiques les plus archaïques, et enrichissant les croyances de nouveaux objets de découvertes au fil de l’histoire.
Pic de la Mirandole demeure en ce tournant spirituel un auteur prolixe et singulier. Il excelle dans l’interprétation des signes du langage, la compréhension des lettres et des nombres, des caractères, des notes et des harmoniques, en somme des apports de facultés langagières pour appréhender le monde divin dans ses riches diversités humaines !
La religion et la magie entretenaient une relation spécifique par des supports intérieurs, tel le pouvoir de la parole, des gestes et des mondes imaginaires, en quête inachevée de sens.
Le support spirituel qui pouvait en découdre inspira des pages théologiques admirables dans la Théologie des Anges ou Angéologie dont François d’Assise, Thomas d’Aquin, Bonaventure, Duns Scot ont livré des œuvres admirables autour de l’Université de Paris, la Sorbonne du Moyen Age !
Inexorablement les commentaires différèrent entre les angéologues positifs et négatifs, la théurgie des uns, la goétie des autres, sous des mots savants faisaient voir le fossé existant entre ces auteurs.
Augustin d’Hippone (peint par Philippe de Champaigne, notre photo de couverture) précédemment en fut un témoin farouchement hostile, qualifiant de pouvoir démoniaque les interprétations reçues de la nature, des astres, des animaux, de la part des esprits exercés dans ces sciences neuves méprises ou non acceptées pour le cas par ces contemporains !
La magie et la religion eurent au cours de l’histoire des relations maintenues ou hostiles, comme le seraient aujourd’hui encore chez ceux qui voulant en dévoiler des visages de la connaissance contemporaine s’exerceraient dans une interprétation savante de ce qui les distingue et ce qui les réunit !
Il n’est pas sûr que certains débats actuels sur la neutralité religieuse des uns, de la laïcité active des autres, aient véritablement renoncé dans leurs études académiques à cette configuration du savoir où la subjectivité et l’objectivité du connaissant se soient totalement soustraits à ces influences réciproques de la religion et de la magie !