Pendant que le chantier du Musée Bellas Artes avance avec la pose d'un premier pilier en V de la structure correspondant à l'extension de l'édifice final projet « Agravitas des architectes Norman Foster et Louis Mari Uriarte Arkitektura , le conservateur Miguel Zugaza et son équipe continuent à organiser avec mérite des expositions.
Venu de Madrid, un ensemble exceptionnel d’objets somptuaires de l’arsenal des forges historiques d’Eugui (Navarre) conservés à l’Armurerie royale de Madrid a pu être exceptionnellement prêté au Musée des Beaux Arts de Bilbao.
Au cours de la première moitié du XVIe siècle, il existait des forges. Cependant après la mort de l’empereur Charles Quint en 1558, seuls la Flandre et Milan avaient survécu en tant que centres de fonderie de luxe au sein de la monarchie espagnole. Peu connues jusqu’à présent, les armureries basques et navarraises se distinguaient également. La forge d’Eugui en Navarre en est l’exemple le plus remarquable.
Dans la zone d'Olaondo près de Pamplune, , là où se trouve aujourd'hui le passage vers Irurita depuis le port d'Urkiaga, Philippe II avait acquis en 1536 l'une de ces fonderies en y faisant travailler des armuriers d'élite de Milan. Elle fabriquait principalement des armures, des bombes en fonte, des grenades et des munitions de différents calibres et des casques. Beaucoup de ces armes et certaines de leurs productions les plus curieuses, comme les armures pour enfants de Philippe III et Philippe IV, sont considérées parmi les plus performantes au monde de cette époque, visibles aujourd'hui au Musée de l'Armurerie royale de Madrid.
Exposé actuellement au musée Bellas Artes, l'ensemble d’objets somptuaires de l’arsenal des forges historiques d’Eugui de Navarre se compose :
- d'un bouclier du Jugement de Pâris (vers 1598) avec un thème et un vocabulaire formel du patrimoine classique.
La décoration de cette cocarde met l’accent sur le Jugement de Pâris, un thème mythologique qui marque le début de la guerre de Troie. Il se distingue par son vocabulaire formel et ornemental exotique basé sur des dragons de mer montés par des puttis et des médaillons avec des caractères de style romain. Parmi ces derniers, deux se démarquent, en haut, dans lesquels Cupidon est sur le point de tirer une flèche sur Vénus ou lui donne la pomme d’or comme symbole de beauté. En raison de sa grande richesse et de sa précision décorative, ce bouclier est une pièce maîtresse de l’arsenal italien de luxe et l’une des dernières productions en relief et ciselées d’Eugui. Il a dû être forgé vers 1598, mais son entrée dans l’armurerie royale n’est confirmée qu’en 1608.
- d'une arquebuse (vers 1620), unique arme à feu connue d’Eugui. Cette arquebuse fusible était un cadeau du vice-roi de Navarre à Philippe IV alors qu’il était encore prince, c’est-à-dire avant 1621, ce qui la situe stylistiquement entre 1600 et 1620. À cette époque, il y avait six vice-rois de Navarre, donc en l’absence de documents concluants, nous ne pouvons pas savoir qui était le principal. Cette seule arme à feu d’Eugui connue à ce jour présente les principales caractéristiques de sa production, avec des chaînes en argent et des rouleaux en relief. Dans la chambre, il y a l’aigle bicéphale, une référence dynastique. La bouche du canon se termine par un dragon argenté inhabituel avec des traits humains.
- d'un casque (vers 1596) abondamment orné d’un cercueil d’or et d’argent. Ce casque fait partie d’un ensemble d’armures et d’accessoires décorés sur le même modèle, afin qu’ils puissent être combinés dans la pratique des différents jeux chevaleresque. Sa chronologie et sa richesse suggèrent qu’il a peut-être été à l’occasion de l’ascension sur le trône de Philippe III en 1598 ou son mariage avec Marguerite d’Autriche en 1599. L’exubérant L’ornementation en cercueil d’or et d’argent en relief est un condensé de quelques modèles et motifs Des chaînes de festons trifoliés, des cartouches avec des animaux, des palmiers et des êtres fantastiques qui alternent avec des "S " liés, ... – typiques de la tradition milanaise, à l’origine des armuriers qui Forgé. Pour cette raison, Eugui est considéré comme un centre italien.
Exposé également, un document du XIXème siècle composé d’un livre illustré avec les meilleures productions de l’armurerie édité par le médiéviste français Achille Jubinal, des photographies d’époque de Charles Clifford (1) et Jean Laurent (3), et de l’album photographique du comte de Lipa, accompagnent et mettent en lumière l’intérêt des forges historiques d’Eugui.
Dédiées à la production de munitions pour canons et armes légères en fer, les forges étaient situées à 9 km de la frontière française, cachées parmi les hêtres de la forêt de Quinto Real. Ce lieu stratégique abondait en ressources naturelles. En 1766, il y fut installé la Manufacture Royale d'Armes d'Eugui. Elle resta en activité jusqu'en 1794, date à laquelle elle fut détruite par les Français lors des guerres de la Convention. Un conflit qui opposa l'Espagne, associée au Portugal, et la France révolutionnaire à l'époque de Robespierre de mars 1793 à juillet 1795 (durant la Convention nationale).
Les forges d'Eugui sont considérées comme un centre unique en Europe. Le nombre d’œuvres qui ont survécu jusqu’à nos jours est très faible et, chronologiquement, elles sont liées à Philippe III et à sa famille.
A partir du 12 avril jusqu'au 21 juin 2024 Exposition Armurerie historique d'Eugui de Navarre au Museo Bellas Artes - Plaza, 2, à Bilbao
Ouvert lundi au samedi, de 10h à 20h (mardi fermé). Le dimanche, ouvert de 10h à 15h
