L'automne est une saison féminine qui aime à se faire désirer, que les poètes et les arts révèrent en même temps que les dernières clartés convoitent son feuillage mordoré. Le froid s'installe peu à peu et vient offrir à l'intelligence un espace enfin pur de la lourdeur charnelle. 
Ainsi l'esprit renait, désire, ambitionne et retrouve dans les paysages l'image d'une confrontation. Il ne se réjouit pas des ruines de la nature à cause d'une fascination romantique, mais parce que les sous-bois deviennent un champs d'honneur où la lumière défend encore sa légèreté estivale et son intensité. 
L'automne est le théâtre d'une vitalité meurtrière, d'une érotique en somme. Le soleil persévère dans la ramure des arbres et la forêt s'anime enfin vers cet effeuillage qui annonce la nudité hivernale. 
Mais la nature parade encore dans sa lumière orangée, vêtue des agréments que la dernière chaleur découvre d'une main sereine. Tout palpite jusqu'au vol des oiseaux que le brame a fait fuir, jusqu'au bord des rivières ivres de bruissements. 

Sous la tendre clarté d'une lumière atone, 
La terre livrera son sourire embrassé, 
Et l'hiver, délicieux, comme le fut l'été, 
Naîtra, enfant très pur, du ventre de l'automne.

Bastien Brestat, lauréat de l'Académie des Jeux Floraux et du Prix des Trois Couronnes