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Histoire
La Madeleine
La Madeleine
© Tardets

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La Madeleine

Il fallait bien lui rendre visite. La première, elle L’avait vu ressuscité. S’était-elle remise du choc émotionnel?

La chaîne pyrénéenne n’avait pas encore ôté l’écharpe étincelante qui couvrait son col bleu. L’Orhy sortait lentement de sa torpeur hivernale ; l’Anie écrasait de sa masse pyramidale les arrhes de la Pierre ; l’Ossau, au loin, ouvrait son bec de dauphin ; les nuages promenaient leurs doutes dans le ciel encore incertain. « Etait-ce bien Lui ? »

Et la Madeleine (*) était là, calme et sereine, offrant ses formes féminines  au pèlerin pascal. Elle veillait depuis toujours sur la Haute Soule et sur la plaine béarnaise jusqu’à l’horizon des Landes. Elle caressait  maternellement les proches collines du Barétous, les quartiers éloignés et ces fermes isolées parties un jour à l’assaut des pentes herbeuses dont raffolent les brebis. Comment de ce promontoire béni ne pas faire mémoire de ces premiers paysans qui, souvent par nécessité, conquirent ces forêts et ces broussailles, épierrèrent ces talus et apprirent l’art de composer ce puzzle aux  formes harmonieuses  qui dessine le décor étendu à ses pieds. Pendant des générations et  des siècles, en dépit des avanies de l’histoire et de la rudesse des temps, ils menèrent un âpre combat  jusqu’à  apprivoiser cette nature hostile pour en faire aujourd’hui l’assise de belles fermes modernes et accessibles. Comment ne pas souhaiter à ces éleveurs d’aujourd’hui, à ces artistes qui étalaient ce jour-là devant nous toute la palette des verts nouveaux, de pouvoir vivre décemment de cet héritage qui respecte à la fois la géométrie imposée par la montagne, l’empreinte de l’homme et l’avenir de la terre.

A ceux que chagrinerait cette antenne hirsute qui dépare avec la modestie de la chapelle, il convient de rappeler que la Marie de Magdala fut à l’origine de la propagation de cette nouvelle qui envahit les ondes : « C’est bien vrai ; Il est Vivant ! ». Puisse la Madeleine de Soule unir dans un même réseau tous ses enfants dispersés autour du « Bon Berger » qui connaît le chemin véritable de l’humanité.

(*) Nom donné à un sommet au-dessus de Tardets en Haute-Soule

Jean Casanave

 

En Soule, aux portes de Tardets, le site de La Madeleine

La chapelle qui la couronne portait au XVe siècle le nom de la célèbre sainte « pécheresse » du Nouveau Testament mais les historiens pensent que des cultes primitifs ont précédé, dans l’Antiquité, le culte chrétien. Un ancien sanctuaire chrétien a précédé la chapelle actuelle, car on y a trouvé dans les décombres, un fragment de linteau en pierre, portant une croix aux quatre branches égales d'un type antérieur au Xe siècle. Selon la légende, la sainte dont la chapelle porte le nom vint s'installer dans cette solitude en même temps que Saint Antoine à Musculdy et Saint Grégoire au-dessus de Mauléon.

Deux pèlerinages y ont lieu : le dimanche précédant les Rameaux et le 22 juillet, jour de la Sainte en question.

Des restes archéologiques ?

On avait remarqué de tout temps, encastré dans le mur de la chapelle, une inscription latine, dédicace d'un certain Valerius au dieu Herauscorritsehe dont l’étrangeté du nom continue d’étonner les linguistes.

Une réfection de la chapelle a permis, en descellant la pierre, de constater qu'il s'agissait d'un autel votif de modèle courant, dont le dédicant était le même que celui de l'autel de l'arsenal de Tarbes, un haut fonctionnaire de la province espagnole de la Bétique.

Les érudits basques ont cherché à découvrir la signification du nom du Dieu invoqué sur cette cime en le rapprochant de l’Euskara, ce qui rapportait à une «poussière rouge

Autre interprétation du nom d'Herauscorritse : « le dieu de la foudre rouge », ancienne divinité équivalente de Jupiter. Quoi de plus nécessaire en effet, pour les bergers, de s’assurer la bienveillante d’une divinité toute-puissante sur la météorologie ?

ALC

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