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Tradition
La libération de saint Pierre
La libération de saint Pierre

| François-Xavier Esponde 930 mots

La libération de saint Pierre

Une vieille tradition originelle de l’église que de célébrer l’ordination de nouveaux prêtres le jour des saints Pierre et Paul le 29 du mois de juin.

Samedi dernier, deux nouveaux prêtres originaires d’Amérique du sud et formés à Anglet - Bayonne ont réuni les familles en cette circonstance. Une opportunité de date de découvrir la statue géante de Pierre l’apôtre à l’entrée de la cathédrale de Bayonne. Pierre l’apôtre n’a cessé d’inspirer les peintres, les sculpteurs, en somme le monde des arts tout au long de l’histoire.

Du pêcheur de Galilée, à l’homme impétueux et rebelle, au temps du reniement de Jésus et celui de la prison, le personnage évangélique n’est pas insignifiant mais porté par une force de caractère significative de sa foi.
Dès le XVIIème siècle le peintre Giovanni Lanfranco peint "La libération de Saint Pierre" avec force d’âme et défiant les impétrants rebelles du moment : “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant!” en répondant à son maître.
S’affichant avec force devant le Christ qui interroge ses proches disciples, Pour qui qui suis-je ? Mt 16,16.15.

De son premier nom Simon à qui Jésus donna celui de Képhas, “le roc” est l’homme accompli de servir sans douter le Messie jusqu’à donner sa vie.
Le chemin de sa vie n’est pourtant pas sans obstacles, et ses chutes rapportées par les textes sacrés nombreuses.
Il a peur du destin qui l’attend, personnifié par le vent de la tempête qui l’étreint lorsque voulant marcher sur les eaux comme son maître, il en mesure l’écueil.
Il ira jusqu’au reniement lorsqu’interrogé par des hommes en armes, il se protège de la crainte de connaître le sort de son maître.

Le pape Benoît XVI disait à son propos et à l’adresse des gens de foi de tous les temps, “l’école de la foi n’est pas une marche triomphale, mais un chemin parsemé de souffrances et d’amour, d’épreuves et de fidélité à renouveler chaque jour” !
Pierre en connaîtra le prix de l’amertume et des humiliations pour lui même et son église.

Mais c’est précisément à cet homme qui semble nous ressembler que le Christ donnera les clés de la confiance, celle du royaume des cieux – v19.
La mort de Jésus est un drame et la mission qui l’attend périlleuse.
Hérode Agrippa connaît la menace de ce sujet inattendu .
Le Roi de Judée le faisant arrêter, le mettre sous les verrous, le menacer de la justice populaire pèse sur l’homme. Elle fait peu de cas de complaisance.
Placé sous la bonne garde de quatre escouades de soldats armés, attaché aux chaînes, son réveil de nuit par un ange inspire le peintre.

La scène relatée par les Actes des Apôtres conforte l’autorité de l’ange divin, qui ne lui laisse de choix que de se conformer à la souveraineté céleste sa mission de chef de l’Eglise.
Convaincu d’une vision passagère il s’interroge de droit dans sa conscience.
Il ne doute plus et selon une volonté dictée par la divinité même se soumet et obéit.

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"Libération de saint Pierre" par Giovanni Lanfranco ©
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L’iconographie chrétienne s’ est emparée du sujet depuis que Raphaël, le génial peintre, peignit sur les murs d’une des chambres du Vatican la scène à la demande du pape Jules II.
A Rome la mémoire vive de l’apôtre avait su conserver les chaînes de la prison où Pierre avait connu l’éloignement à Jérusalem puis à Rome.
Cardinal attaché à l’Eglise Saint Pierre aux Liens de Rome, Jules II portait à Pierre un lien personnel avéré.
L’iconographie antique avait porté à cette scène un intérêt constant et renouvelé sans cesse par les peintres à la force du pinceau, du glaive et de la persévérance de Pierre.
Pierre sous les verrous est constamment rappelé par les artistes au cours du XVIIème partout en Europe.

Et pour le peintre, la scène inspirée de la nuit de la foi favorise un travail de clair-obscur qui intéressera des disciples du Caravage
Si Giovanni Lanfranco fut élève des Carrache, il en avait pourtant acquis une forme d’indépendance qualifiée de baroque par le trait des jeux d’illusion et de perspective et disent les commentaires “son goût pour des compositions ascensionnelles”..

Propriété du Musée de Birmingham (Alabama, États-Unis), le tableau daterait de 1621, au moment où l’artiste débute le chantier de la coupole Sant’Andrea della Valle, devenu l’un des modèles admis de décors de coupoles.
Le peintre convie le visiteur à entrer dans l’intime du dialogue entre l’ange et Pierre, dans la cellule du prisonnier, dans une presse de curiosité du moment.
C’est l’ange qui tient le centre de la scène, dans une luminosité dominante, derrière l’apôtre assis. Il le réveille en le touchant par le côté de sa main gauche et l’inviter à se lever et partir vite.

Considérée comme une toile inachevée, les détails des repentirs, des hésitations de l’artiste sont patents.
Au cœur de la nuit, l’ange fait irruption comme un coup de lance silencieux, rappelant l’imprévisibilité des actes de Dieu dans la vie de Pierre.
Le pape François commentant à son goût cette scène souligne, « les chaînes tombent et la porte de la prison de toute vie s’ouvre d’elle même ».
Pierre s’aperçoit que le Seigneur l’a arraché des mains d’Hérode, le délivrant de la peur et des chaînes pour le rendre libre !
Le peintre en donne un sens que tout un chacun peut reconnaître à soi, pour soi et pour le sens des autres.

Photo de couverture : copie du saint Pierre de Rome : Mgr Gieure, évêque du diocèse de Bayonne Lescar & Oloron (1906-1934) fit installer cette statue à l’entrée de la cathédrale de Bayonne avec son nom et la date.

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