« Yesterday » - Film britannique de Danny Boyle – 116’
Jack Malik (Himesh Patel) interprète des chansons qu’il compose dans le comté du Suffolk (Angleterre du Nord Est). En attendant sa réussite musicale qui tarde à venir, il est magasinier dans un supermarché de sa ville. Son ancienne camarade de classe, Ellie Appleton (Lily James) enseignante, fait office de manager bénévole…Il se désespère : va-t-il réussir à percer un jour ? Ellie , secrètement amoureuse de lui, l’encourage malgré ses faibles moyens…
Un soir, après un concert, en rentrant chez ses parents en mobylette, une atmosphère bizarre le surprend… Toutes les lumières électriques s’éteignent tour à tour dans la ville, puis dans le monde entier… L’électricité est rétablie brutalement. A ce moment exact, il est percuté violemment par un autobus qui le projette dans les airs…Il se réveille sur un lit d’hôpital, commotionné, deux dents en moins…Remis de son accident, Jack retrouve Ellie et ses amis pour boire un pot autour d’une table. Avec sa nouvelle guitare il chantonne un air que ses amis trouvent formidable : Yesterday de John Lennon et Paul McCartney du célèbre groupe The Beatles. A son grand étonnement ses amis ne connaissent pas la chanson archi célèbre de 1965, ni les Beatles.
Rentré chez lui, il cherche fébrilement des informations sur la toile (web) sur ce groupe universellement connu : rien sur lui…Il a disparu sans laisser de trace. Jack sidéré, excité par cette information, s’efforce de retranscrire les chansons phares des Beatles : Please Please Me (1963), A Hard Day’s Night (1964), Help ! (1965), etc. en suivant tant bien que mal l’ordre de parution. Sa mémoire défaille par moment, toute information ayant disparu, mais il s’accroche et retranscrit avec application les textes des Beatles.
En quelques temps il devient un célèbre chanteur aux chansons renversantes…Le showbiz s’intéresse à lui…Il peut rapporter beaucoup d’argent…
Jack Malik vit dans l’angoisse. C’est un usurpateur ! Si quelqu’un découvrait la supercherie…La machine à cash tourne à plein régime… Il est sollicité de toutes parts…Il a de nombreux nouveaux amis…
Danny Boyle (62 ans) réalisateur britannique (Trainspotting – 1996, Slumdog Millionaire – 2008, Steve Job – 2015), a filmé avec un certain brio cette uchronie de son compatriote scénariste (parfois metteur en scène), Richard Curtis spécialiste de la comédie romantique (4 mariages et 1 enterrement – 1994, Coup de Foudre à Nothing Hill – 1999, etc.). Maître d’œuvre, Danny Boyle, s’est efforcé de dynamiser au mieux le récit grâce à une grande palette d’effets spéciaux :split screen, incrustation de textes, montage cut, etc. L’exposition et le développement initial dramatico-comique de cette uchronie sont hilarantes : les Beatles n’ont jamais existé ! Tous leurs « songs » célébrissimes sont repris par Jack Malik qui passe pour un compositeur absolument génial.
Cependant le scénario souffre de deux maux qui peu à peu polluent l’histoire emballante durant la première moitié du treizième long métrage de Danny Boyle : le premier est la bluette entre Jack et Ellie qui s’étiole lentement pour ne resurgir qu’à la fin. Le second est le développement paresseux du scénario dès lors que Jack Malik est au faîte de sa gloire mondiale.
En dépit de ces réserves le film est enlevé, bien photographié (Christopher Ross) et reste plaisant compte tenu du partie pris scénaristique ahurissant du récit : la disparition d’idoles planétaires (les Rolling Stones sont dans le même cas !), synonyme de perte de mémoire à court terme de toute une génération. En postulat : ce qui n’est pas répertorié sur Internet n’existe tout simplement pas. Il y avait un filon à creuser sur ce « sous texte » : cela ne l’a pas été par Richard Curtis et c’est dommage.
Il n’en reste pas moins que Yesterday reste le film plaisant de l’été en particulier par ces fortes chaleurs propices à la fréquentation de salles obscures climatisées.