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Histoire
La Commune de Paris et l’assassinat de Mgr Darboy
La Commune de Paris et l’assassinat de Mgr Darboy

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La Commune de Paris et l’assassinat de Mgr Darboy

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Mgr Darboy parmi les otages religieux fusillés ©
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1 – Le tragique de l’histoire.

Il y a cent cinquante ans ce pendant 71 jours du 18 mars au 28 mai 1871, les Communards à Paris se déchaînent contre l’Eglise et assassinent Georges Darboy, archevêque catholique de Paris.
La Commune suit la défaite des Français contre la Prusse. Le front porté contre les chrétiens rendus responsables de cet état conduit l’anticléricalisme jusqu’au crime et à la vindicte populaire.

Sous ce Second Empire Paris ne compte que 15 % de catholiques pratiquants. En 1831 une première émeute contre Notre Dame et l’Archevêché a déjà eu lieu à Paris. La victime semble toute indiquée pour la rendre coupable et bouc émissaire d’une vengeance notable d’une insurrection sans retenue.

Les historiens relatent, “le paradoxe du Paris de Napoléon III qui semble être une ville cléricale : vingt églises paroissiales ont été construites sous l’Empire, et le nombre des prêtres séculiers portant soutanes est passé de 750 à 1450 en 20 ans à Paris.”
Pour des anticléricaux sommaires, sans doute trop et bien de trop !

Mgr Georges Darboy dirige l’église de Paris. Il semble être une personnalité complexe comme les circonstances politiques du moment.
Il connaît les problèmes sociaux de Paris, est favorable à la République de 1848, et cherche à épouser les idées du monde moderne qui l’entoure.
Il symboliserait l’alliance recherchée du trône et de l’autel, en étant sénateur et aumônier de la Cour impériale, mais le Catholicisme et l’Empire qui entretiennent un rapport étroit réveille l’opposition républicaine, gagnée par le positivisme qui désigne la religion comme une force rétrograde et place la séparation entre l’Eglise et l’Etat au coeur de son combat !

L’été 1870 la guerre menée contre la Prusse précipite les événements parisiens. Le 2 septembre Napoléon III capitule à Sedan, le 4 la République est proclamée à Paris, et jusqu’en janvier 1871 les Prussiens occupent Paris affamée et sous la poudre provoquant la tuerie de milliers de citoyens.

2 - La brutalité du Siège et la peur ont développé l’exaspération dans la Commune.

L’armistice du 28 janvier 1871 est qualifiée de trahison dans les quartiers populaires patriotes et pauvres, tandis que l’aile gauche du mouvement républicain menée par le socialiste Auguste Blanqui rêve d’accéder au pouvoir.
Le 18 mars la tentative de confisquer les canons de la Garde nationale de Paris à Montmartre met le feu aux poudres.
L’insurrection se prépare contre Adolphe Thiers replié à Versailles, et l’hostilité contre l’église élève le rapport des forces belliqueuses.
Dès le 2 avril la Commune décrète “la laicisation de l’état et la confiscation des biens des congrégations religieuses.”

Deux jours suivent, Georges Darboy est arrêté, comme otage tout indiqué pour la vindicte.
Certaines églises sont fermées, comme Saint Pierre de Montmartre . Saint Ambroise devient un club révolutionnaire tandis qu’ à Saint -Leu Saint -Gilles, des soldats ivres se drapent d’ornements sacerdotaux et singent le culte.
Au temple protestant de Neuilly, la flamboyante Marie Michel joue de l’orgue. La sulfureuse révolutionnaire s’y déchaine.

La vierge rouge, passionaria de la Commune prend la parole au club Saint Bernard de La - Chapelle et à Saint Sulpice, mais un compromis est trouvé, d’abord le culte est possible puis l’occupation du site par les communards !

Il n’y eut pas cependant de terreur révolutionnaire organisée disent les chroniques d’époque, mais des vexations outrancières, où les partisans de Blanqui attisent les oppositions pour les fomenter contre la religion.
Il n’y aura de concession pour l’instant à l’apaisement.
Clémenceau jeune maire anticlérical de Montmartre cherche à calmer les ardeurs des révolutionnaires..
A Versailles Thiers refuse d’échanger Georges Darboy contre Auguste Blanqui tenu prisonnier.

Le Grand rabbin de France Lazare Isidor intercède pour faire libérer l’archevêque de Paris..
En vain, le sort de l’évêque est déjà scellé dans le sang.
Repéré avec quatre autres prêtres, tous les cinq, l’archevêque compris, sont fusillés le 24 mai. “Pourtant j’ai aimé la liberté”, dira l’archevêque avant de tomber sous les balles de ces tristes auteurs.

L’histoire continue encore, le 25 ce furent cinq dominicains extraits du couvent d’Arcueil, puis ensuite les otages de la rue Haxo.
La répression des Versaillais est bestiale, entre 6500 et 10 000 communards, un sinistre charnier de cadavres.
Un officier de carrière rallié à la commune, le colonel Louis Nathaniel Rossel, est condamné à mort par la justice militaire.
Ce protestant dévot de Jeanne d’Arc soutenu par le pasteur Théodore Passa meurt comme rapporté par le journal l’évangéliste de 1885, “avec la repentance d’un pécheur qui se sent coupable et l’espérance d’un chrétien qui se sent pardonné”.

Destin tragique, Louise Michel sympathise avec l’aumônier de prison, tous deux en prison. L’abbé Folley transmet les lettres de Louise Michel à Théophile Ferré haut responsable communard, dont elle est éprise. Ce dernier avait ordonné la mort de Georges Darboy, puis après l’exécution de Ferré, la vierge rouge est tentée par le suicide mais l’abbé Folley la retient d’en accomplir le geste.

Le drame se poursuit pour chacun selon ses diverses origines. “Vous savez à qui j’aurais voulu dire adieu, vous savez tout ce que je voulais faire”, écrit la passionaria qui fut déportée en Nouvelle Calédonie et reviendra à Paris lors de l’armistice de 1880.

L’histoire y fut complexe, les amitiés inattendues, l’abbé Lamazou, jeune vicaire paroissial, par deux fois menacé d’être fusillé prêche la clémence contre les agents subalternes de la Commune, “seulement coupables de s’être laissés entrainer par leurs chefs à prendre un fusil,” suppliant les clercs à investir les quartiers populaires pour y apporter la paix comme le salut chez les belligérants de chaque camp.

A tout malheur la raison faisant place, ce déchaînement de haine réveillera l’émergence d’un catholicisme social encore inexistant au coeur de ce XXème siècle en France. Fondée en 1871 par Albert de Mun, l’Oeuvre des Cercles Catholiques d’ouvriers défendra les intérêts des travailleurs dans une perspective chrétienne. Prémices d’organisations syndicales futures, encore rudimentaires et en germination.
En 1878 le mouvement rassemble 38 000 membres dont la majorité est éloignée de l’Eglise.
Les protestants suivront en fondant en 1879 la Mission Populaire évangélique de France.

La haine engendrera le retour progressif à la raison. Mais au prix de nombreux morts .
Dans un quartier populaire, dira une missive d’époque, abritant des milliers d’ouvriers, “nous ne pouvons accepter une religion imposée mais si quelqu’un venait prêcher un autre genre de religion, une religion de liberté et de réalité, alors beaucoup d’entre nous serions prêts à l’écouter” ! Les mentalités n’étaient pas encore prêtes à cette reconversion individuelle et sociale dans le pays.

L’invitation aujourd’hui aux mentalités contemporaines, mêlées à ces relations conflictuelles dans les villes et métropoles nationales, a-t-elle perdu de son actualité ?

150 année sont passées, la récurrence de cet appel court encore dans l’actualité qui défraie la vie publique de la religion et de la république, menacées sans cesse de ces outrances dont on mesure les risques mal contenus et les crimes au regard de l’histoire encore récente..

3 - Bibliographie
Des ouvrages d’histoire rapportent le déroulé d’un récit dramatique.
"Monseigneur Darboy" de jacques Olivier Boudon au Cerf,
"Le Siège de Paris" de Frédéric Mounier au Cerf
"La Commune de Paris 18 mars-20 mai 1871. Une tragédie franco française" de Frédéric Bidouze Ed Périégète
Olivier Lissagaray, "la Commune de Paris de 1871, par un acteur engagé de la révolte communarde".
La maison d'édition Katakrak a publié le livre « Lettres d'exil à Victor Hugo » écrites par Louise Michel et traduites par l'écrivain getariar Amaia Lasa.

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Louise Michel à Satory ©
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« Lettres d'exil à Victor Hugo » écrites par Louise Michel et traduites par l'écrivain getariar Amaia Lasa ©
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