Ce lundi 12 décembre à 18 h, la messe pour Notre Dame de Guadalupe sera célébrée à la Chapelle Impériale. A peine réveillée des nuées brumeuses de l’hiver, ce monument emblématique de Biarritz, excentré par rapport à la Villa Eugénie et à l’écart du flux touristique, nécessite de rappeler l’histoire de sa construction.
Inaugurée le 16 septembre 1865 - une dizaine d’années après le Palais -, cette chapelle privée entourée d’un parc était reliée directement à la Villa Eugénie par un pont de bois qui enjambait un cours d’eau. Après le Second Empire, le cours d’eau fut recouvert et le parc alentour loti par près de 300 habitations en trois ans, donnant lieu à une spéculation effrénée au détriment d’un agencement cohérent qui aurait permis de garder reliée au Palais la chapelle impériale.
Conseillé par son ami le Conservateur des Monuments Historiques Prosper Mérimée, Eugénie de Montijo choisit de faire appel à l’architecte Emile Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc. La Sainte-Chapelle à Paris figure parmi ses rénovations les plus connues. Habitué de la côte basque, l’architecte restaurera également la cathédrale de Bayonne, un « rêve néo-gothique ». Nommé inspecteur général des monuments historiques à la suite de Prosper Mérimée, l’ancien élève d’Henri Labrouste à l'école des Beaux-Arts, avait effectué une talentueuse carrière. Immortalisé par un portrait de Léon Bonnat à la fin de sa vie, il reste l’un des principaux architectes de cette époque.
En 1864, Emile Boeswillwald crée cette fois un édifice religieux original dans le style romano-byzantin aux accents andalous : une chapelle en briques marron-rouges, ornée de frises en pierres blanches et de carreaux de faïence exécutés à la manufacture de Sèvres. A l’entrée, le porche proéminent en pierres ouvre sur une nef unique aux fenêtres en demi-lune prolongée d’un chevet semi-circulaire. A droite de la façade principale est sculpté le blason des Guzman et Palafox, comtes de Teba y Montijo, à l’origine de la famille d’Eugénie (et en mémoire de santo Domingo de Guzman).
L’impératrice avait dédié la chapelle - consacrée en 1865 - à Notre-Dame de Guadalupe, localité proche de Mexico où la Vierge était apparue en 1531 à un indigène baptisé depuis peu. Cette apparition, très populaire et vénérée dans toute l’Amérique du Sud, donna lieu à de nombreux pèlerinages et à la construction d’une immense basilique à Mexico. Notre Dame de Guadalupe rappelle également qu’en Espagne, dans la Sierra de « l’oued aux loups » (Guadalupe) en Estrémadure, la Vierge avait guidé la reconquête hispanique sur les Maures.
La mémoire du succès des troupes françaises au Mexique
En 1862, peu avant la construction de la Chapelle, l’empereur Napoléon III s’était vu remettre dans la cour de la Villa Eugénie des trophées pris aux Mexicains (le général De Gaulle les rendra lors de sa visite officielle à Mexico en 1964). L’impératrice Eugénie émit le vœu, en gage de futurs succès de l’armée française, d’élever dans son domaine une chapelle dédiée à la Sainte Patronne du Mexique.
Peinte par Louis Charles Auguste Steinheil, Notre-Dame de Guadalupe, entourée d’un halo de rayons à la feuille d’or, trône au cœur de l’abside. Ses ornementations florales mêlées de rameaux d’olivier auxquelles s’ajoutent les médaillons de colombes figurés dans la nef, symbolisent la paix. De part et d’autre de l’arc triomphal, dans des médaillons vernis, les quatre évangélistes Mathieu, Jean, Marc et Luc - deux d’entre eux furent entièrement repeints récemment - s’ajoutent au décor sacré. Louis Charles Auguste Steinheil, spécialiste de l’art médiéval chrétien avait auparavant aidé à restaurer les ornementations de la cathédrale de Bayonne avec l’architecte Emile Boeswillwald. Sous l’égide de ce dernier, le peintre-verrier dessina les cartons des futurs vitraux finalisés par la maison Coffetier. La décoration de la chapelle fut confiée au célèbre peintre-décorateur Alexandre Dominique Denuelle. En 1848, il orna l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, l’œuvre qui l’a rendue célèbre. Nommé peintre de la Commission des Monuments historiques en 1878, Alexandre Dominique Denuelle fit partie des membres du jury de l’Exposition Universelle.
A la Chapelle Impériale, il dessina également les carreaux au sol, dans le style Redouté, très à la mode à l’époque pour ses délicates roses ainsi que les ornementations composés des abeilles et des aigles symboles de l’Empire. Cependant, afin de respecter le style hispano-mauresque andalou, il fit festonner le bas des murs de la nef par des azulejos. Sur le plafond à caissons étoilés d’or et vermillon, l’artiste entrecoupa des motifs géométriques gris palombe. Sur les murs, les monogrammes « NE » blanc ou or correspondent au monogramme du couple impérial. A l’extérieur, non loin d’une broderie de fleurs, le buste d'Eugénie de Montijo veille sur sa chapelle.
Classé monument historique depuis 1981, l’édifice religieux reste à jamais l’un des joyaux de Biarritz.
Quatre messes y sont célébrées annuellement : le 12 décembre prochain à 18 h pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe, le 9 janvier pour l'anniversaire de la mort de Napoléon III, le 1er juin en mémoire du prince impérial et le 11 juillet pour l'Impératrice Eugénie.
Ouverte uniquement le samedi de 14h30 à 18h. Possibilité de visites commentées. Groupes sur rendez-vous (tél. 05 59 22 37 10). Pour en savoir plus : « Napoléon, Eugénie et la chapelle impériale » d’Alexandre de La Cerda, en vente à la Maison de la Presse à Biarritz.
Anne de La Cerda
Les miracles de la Vierge de Guadalupe
Il s’agit de toutes les étranges observations effectuées autour de la tunique de la Vierge de Guadalupe, entre autre par d’authentiques savants, et à diverses époques. Son image serait apparue miraculeusement en 1531 sur la tunique de Juan Diego, un Indien converti depuis peu. Au cours de son entrevue avec l'évêque Juan de Zumarraga, d’origine basque, lorsqu’il déposa son poncho devant lui, on aperçut dessiné l'image de la Vierge, image qui se conserve toujours aujourd'hui. Or, après un essai de reproduction de la même image sur une tunique identique (en fibres de cactus), cette dernière est finalement tombée en lambeaux en huit ans.
En 1751, Michel Cabrera analysa avec Joseph Ibarra le poncho et ils constatèrent que l'image n'avait aucune marque de pinceau. En 1791, de l'acide muriatique tombé sur le côté droit supérieur provoquait un trou de 10 cm de diamètre. Un mois plus tard, le tissu était reformé sans que personne n'intervînt pour réparer l'accident. Le 14 novembre 1921, le tailleur de pierre Lucien Perez, un anarchiste, déposait un bouquet de fleurs au pied du manteau de Juan Diego, dans lequel il avait mis une charge de dynamite qui détruisit tout alentour, mais laissa intacte le poncho ainsi que la vitre qui le protégeait. Et d’innombrables faits constatés par des photographes, ophtalmologues et divers scientifiques tel Philipp Serna Callahan, biophysicien de l'Université de Floride, spécialiste en peinture et membre de la NASA, ne sont pas explicables…
ALC