Lors des journées du patrimoine 2022, vous commencerez par visiter le parc avec le bureau de l'herboriste et son jardin des plantes médicinales appelé Jardin des Simples au Moyen Âge.
Puis vous visiterez une très belle chapelle avec sa charpente en forme de coque de bateau renversée. Elle a été construite par des charpentiers de marine de Ciboure au XVIIème siècle .
Vous pourrez par la suite vous diriger vers l'Orangerie où vous découvrirez une exposition sur les plantes médicinales du Pays Basque et, nouveauté, vous pourrez également profiter d'un moment de détente en jouant avec des jeux d'antan en bois pour petits et grands.
Dans un deuxième temps, le guide vous emmènera sur l'ancien chemin de ronde pour vous plonger dans l'histoire du château d’Urtubie. Ce château est l'un des derniers du Pays Basque et reste habité depuis le début de sa construction, en 1341. Un guide vous commentera l'évolution architecturale du bâtiment, sur fond de contexte historique et vous laissera ensuite visiter les intérieurs d’Urtubie.
Cette année, exceptionnellement, vous aurez la possibilité de découvrir une chambre en plus : la chambre du Vicomte d’Urtubie.
Les horaires le samedi 17 et le dimanche 18 septembre sont 10h30 à 12h30 et de 14h15 à 18h15
Le tarif est de 6.50 euros pour les adultes au lieu de 8 euros. Gratuit pour les moins de 18 ans au lieu de 4 euros.
Le château d’Urtubie, sept siècles de l’histoire du Pays Basque
Ce monument tout à fait extraordinaire dont l’histoire est liée très étroitement à notre région, raconte près de sept siècles de l’histoire du pays et d’une famille qui y est intimement mêlée. On passe devant quand on emprunte la Nationale 10 depuis Saint-Jean-de-Luz en direction de la frontière, sur la droite, juste avant d’entrer dans le bourg d’Urrugne.
Déjà au premier abord, son architecture est très particulière, avec deux périodes très marquées, le moyen-âge et la fin de la Renaissance jusqu’au début du classicisme.
De la première période, soit le milieu du XIVe siècle, c’est-à-dire l’époque anglaise, datent les deux tours d’entrée coiffées plus tard de dômes en forme de casque à pointe. Elles encadrent un chemin de ronde et son donjon à tourelles, si caractéristique des maisons fortes régionales. Or, si les premiers seigneurs d’Urtubie étaient apparus à la cour du vicomte du Labourd dès le début du XIIe siècle, c’est en 1341 que Martin de Tartas reçoit du roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine, l’autorisation de construire un château de pierres avec murailles et fossés, parce qu’il n’en existe pas d’autres à trois lieues de là.
La maison forte d’origine sera ensuite agrémenté d’un corps de bâtiment sous la Renaissance et avec la permission de Louis XII, le château fut reconstruit et agrandi entre 1506 et 1540 par Louis de Montréal (fils de Jean II) et par son fils Jean III. Il fut adjoint un corps de bâtiment correspondant au grand salon actuel et la grosse tour avec l’escalier à vis suspendu.
Tout château comportait sa chapelle : celle du château d’Urtubie est recouverte d’un toit à carène de vaisseaux renversé qui rappelle la proximité des charpentiers de marine et des chantiers navals de Saint-Jean-de-Luz, très actifs à l’époque, au XVIIe et XVIIIe siècles.
La visite du château d’Urtubie à Urrugne raconte près de sept siècles de l’histoire du pays et d’une famille qui y est intimement mêlée. Et plus d’un personnage illustre y a séjourné. En particulier, on se rappellera longtemps du passage de Louis XI en 1469 car il fut à l’origine d’une querelle attisée par les luttes des lignages qui déchirèrent les provinces basques : En 1448, Jean d’Urtubie participe avec son beau-père, qui était le chef du clan des Onacinos, à une expédition contre le clan rival des Gamboïnos. Son beau-fils, Jean de Monreal enlève Marie d’Urtubie pour l’épouser puis, lors de la visite de Louis XI à Urtubie, part avec le souverain comme chambellan et l’accompagne pendant 30 ans sans donner de ses nouvelles ! Pensant son mari disparu corps et biens, Marie d’Urtubie épouse Rodrigo de Gamboa, Seigneur d’Alzate (d’autant plus que son enlèvement pouvait représenter une cause de nullité de son mariage). Elle a même des enfants de son second mariage… lorsque le premier mari rentre inopinément !
On imagine les difficultés et les conflits que cette situation a provoqué ! Le règlement de cette curieuse situation tarda plus d’un siècle. Finalement, on laissa Urtubie aux Alzate, la famille du 2e mari, alors que les châteaux de Sault et Miotz furent attribués aux Monreal. Plus tard, le mariage luzien de Louis XIV laissa une exceptionnelle collection de tapisseries de Bruxelles du XVIe s dont la découverte, seule, justifie un séjour au P.Basque.
Mais le château d’Urtubie est aussi lié à une histoire plus récente
Les ministres des pays participant au sommet franco-africain des chefs d'Etat de Biarritz y tinrent même une réunion en novembre 1994. En septembre 1996, à la mort de son père Paul-Philippe, Laurent de Coral a repris la gestion de la propriété familiale. Il descend de Paul de Coral qui fut garde du corps de Louis XIV. On aimerait imaginer qu'il assista aux noces du Roi-Soleil à Saint-Jean-de-Luz, et qu'il y rencontra les derniers seigneurs d'Urtubie, dont la dernière descendante, par son alliance avec les Larralde-Diustéguy, permettra aux Coral d'hériter au XIXème siècle du château d'Urtubie !
Parmi eux, Bernard de Coral fut élu maire d'Urrugne en 1929 ; c’était le grand-père de l’actuel propriétaire, et il restera maire pratiquement jusqu'en 1965. Egalement conseiller général de 1951 à 1963 et député entre 1934 et 1941, il assista dans l'immédiat après-guerre en compagnie de Guy Petit et de Paul Dutournier à la réouverture de la frontière franco-espagnole à Béhobie. Une rue porte son nom à Urrugne.
Il y a encore un événement que nous pouvons mentionner : les visiteurs attentifs remarqueront des impacts de boulets de canons sur le mur du donjon : Soult, puis Wellington passèrent par Urtubie pendant les guerres Napoléoniennes et il est possible de voir encore aujourd’hui ces impacts de boulets tirés sans doute par l’armée de Wellington en 1813.