Pantxoa Etchegoin, directeur de l’Institut Culturel Basque pendant un bon quart de siècle, prendra sa retraite le 30 janvier prochain. Il sera remplacé par Johañe Etchebest, jusqu’à présent chargé de mission pour la Fédération de la danse basque (IDB). Ancien professeur des écoles, ce souletin de quarante ans est également un fin connaisseur de la danse et de la musique traditionnelles basques.
Diplômé de l’Éducation Nationale en 2002, Johañe Etchebest avait débuté sa vie professionnelle comme professeur des écoles en langue basque.
Passionné de danse depuis toujours, il devint chargé de mission pour la Fédération de la danse basque (IDB) en 2015 afin de mettre en œuvre et développer le projet associatif.
Très impliqué dans le monde culturel local, Johañe est administrateur de plusieurs associations culturelles (Konpany Beritza, Larraineko Maskaradak, Aitzindariak), mais aussi chorégraphe, danseur et musicien dans diverses compagnies (Kautere Balet, Konpany Beritza, EliralE, …).
Nommé comme nouveau directeur de l’Institut Culturel Basque par le Conseil d’administration réuni dernièrement, Johañe Etchebest prendra ses fonctions le 1er février prochain.
La passion de la danse
Natif d’Oloron, ce Xiberotar qui entame à peine la quarantaine passera sa jeunesse à Laguinge puis à Licq-Athérey en poursuivant sa scolarité à l’ikastola d’Alos, à l’école primaire de Mauléon, au collège de Tardets et au lycée de Chéraute jusqu’à la fac de Bayonne. Et parallèlement à ses études, Johañe n’a jamais cessé de danser. Il fait ses premiers pas de danseur à six ans, dans le groupe de Licq : « C’était naturel à l’époque d’entrer dans le groupe de danse du village, c’était aussi l’occasion de voir les copains en dehors de l’école. Cela m’a de suite plu, il fallait s’habiller, danser sur la place devant les vieux du village, il y avait aussi les sorties... », se souvient-il, petit sourire aux lèvres, lors d’un entretien confié à la revue « Dantzan » sous le titre de « Johañe le passionné ». Et d’intégrer le groupe de Larrau à huit ans pour y danser jusqu’à 25 ans.
Encadré par une prof dynamique et exigeante qui avait su lui donner goût au travail et persévérance - et il en fallait pour attendre le niveau de danse qu’il a aujourd’hui -, il participe à sa première mascarade à Larrau à l'âge de 17 ans...
"Puis vint le début des rencontres", relate encore Argitxu Dufau qui avait réalisé cette interview : Johañe ne manqua pas une occasion de créer, imaginer et le travail ne lui faisait pas peur. Avec Mixel Etxekopar, Pier-Paul Berçaits, Pantxika Telleria, Haize Otondo et bien d’autres encore, il monta de nombreux projets autour de la danse et de la tradition : spectacles, mascarades, cavalcades... « J’aime la métaphore du chêne : des racines bien profondes avec un feuillage étendu et ouvert », se définit-il. Ouvert, il l’est ! Il voit la culture comme un ancrage, certes, mais qui peut être au service de la rencontre avec l’autre. « Grâce à la danse, j’ai rencontré des gens des villages voisins, des Béarnais, du Pays Basque Sud avec les jumelages ou encore lors de voyages, en Californie notamment. La rencontre avec d’autres univers aussi comme le classique ou le hip-hop. Je me suis rendu compte que de la côte basque jusqu’aux Hautes-Pyrénées, nos sauts se ressemblent énormément. Chacun avec notre style pouvons danser ensemble, nous irons toujours dans le même sens. C’est cela que je trouve beau : les différences dans l’universalité ».
Transmettre, accompagner, créer
Instituteur de profession, il prendra un congé parental à la naissance de sa deuxième fille : l’occasion de faire mûrir son projet autour de la danse. Il intègrera l’IDB en 2015, l’année où la Fédération de Danse Basque, la Communauté de Communes de Soule et l'Institut Culturel Basque s’associent autour du programme « XeDE » dont l'ambition était d'impulser une nouvelle dynamique à la danse basque en Soule. Johañe Etchebest, chargé de formation et d'ingénierie culturelle pour IDB animera ce projet qui va promouvoir d'une part une pédagogie commune de la danse souletine, mais également une recherche d'excellence artistique.
Et Argitxu Dufau de noter que Johañe Etchebest mène de front trois axes de travail : transmettre, accompagner et conseiller, réunir et créer. « Et il s’en donne à cœur joie. Formation des moniteurs, création de pastorales et de mascarades dans les écoles, sensibilisation à la culture basque, visites d’expositions et exploitations pédagogiques, cours complémentaires pour les ados qui veulent se perfectionner, ouverture d’une Master classes en Soule et bien plus encore, une page ne suffirait pas. Sans oublier les cours qu’il donne dans les écoles. Il imagine aussi rassembler les danseurs adultes pour mettre en place une sorte de “batua de la danse” pour créer un vrai réseau de danseurs. “La danse a trois aspects : la tradition, le spectaculaire et le festif. Si les trois sont exploités, ça marchera et elle ne se perdra pas”, pense-t-il ».
Ce plaisir éprouvé dans la danse, nul doute que Johañe Etchebest saura également l’imprimer « d'un pas nouveau » à ses nouvelles fonctions au sein de l’Institut Culturel Basque afin de continuer et développer l’œuvre remarquable de son prédécesseur Pantxoa Etchegoin, lui aussi, artiste dans l’âme et sur scène… / voyez mon article du 21 mai dernier : https://baskulture.com/article/institut-culturel-basque-quel-remplaant-pour-pantxoa-etchegoin-3073