Le souvenir de Mgr Jean Saint-Pierre né à Villefranque est demeuré longtemps inscrit dans la mémoire d'une génération de prêtres diocésains..
Titulaire de la médaille militaire de 1914, croix de guerre, le jeune prêtre ajoute à son profil des études universitaires initiées à Toulouse et poursuivies à la Grégorienne de Rome avec un Doctorat en théologie.
Né le 28 mars 1884 à Villefranque et mort le 18 décembre 1951 à Villefranque, la vie de ce Basque singulier ne manqua de caractère. Elle se fit au détour de circonstances éprouvantes qui n'épargnèrent cet esprit supérieur soumis aux épreuves de sa vie.
Ajoutant à un certain goût de l'écriture la reconnaissance acquise de l'académicien français de la langue basque, il traverse son temps pris entre ses fonctions ecclésiastiques et ses goûts littéraires jamais abandonnés malgré ses fonctions d'évêque de Carthage en Tunisie.
Il fut en effet évêque auxiliaire de ce diocèse tunisien de 1931 à 1937 et titulaire du diocèse de Gordus de 1930 à 1951.
Préalablement le jeune séminariste avait fréquenté le séminaire de Larressore et celui de Bayonne.
Ordonné prêtre en 1908 en ces années chaudes des rapports Eglise-Etat empreints de tensions prolongées, il sera vicaire en la paroisse saint André pendant la durée de 1910 à 1912.
Et dans la ferveur missionnaire de ces années animées par Mgr Gieure, il deviendra missionnaire diocésain à Hasparren au sein de cette confrérie ecclésiastique fondée par le chanoine Lopez de La Vega pour l'évangélisation des Basques.
Les responsabilités s'ajoutent dès 1914 comme professeur au séminaire de Bayonne, mais la guerre interrompit cette mission.
Mobilisé et fait prisonnier, il écrit en basque au journal Euskalduna dont il est l'un des hérauts les plus talentueux
Le goût de la culture et de l'étude de la langue basque ne l'ont jamais quitté.
Il fondera en 1921 avec quelques proches Gure Herria, et collaborera au quotidien Euskadi
Mgr Gieure le choisit comme son collaborateur secrétaire tout en poursuivant pour Jean Saint Pierre la direction de Gure Herria et de la rédaction de Euskalduna, ajouté à sa qualité de chanoine de la cathédrale de Bayonne.
Mgr Gieure ne renonçant à sa généreuse propension à mener des projets diocésains et nationaux d'envergure, en 1929 Jean Saint Pierre est choisi comme secrétaire du Congrès Eucharistique international qui se tint à Bayonne et marqua une génération entière de fidèles assistant à cette manifestation numérique.
La vie qui suivra sera plus douloureuse pour Jean Saint-Pierre.
Consacré évêque auxiliaire de Carthage par Mgr Gieure, le 15 juillet 1930 à Bayonne en la cathédrale de la ville, il ajouta le titre d'évêque titulaire de Gordus à celui de Carthage.
Le contexte local d'un évêque âgé peu disposé à faire la place à son successeur fut une épreuve douloureuse pour ce basque évêque missionnaire, frotté à d'autres défis mais contraint désormais à affronter celui d'un rapport personnel difficile dans le diocèse de Carthage.
En 1937, Jean Saint-Pierre démissionne de sa charge épiscopale, se retire à Villefranque.
Ses amis l'attendent. Nommé Président de la Société Internationale des Etudes basques, il cofonde en 1945 le journal Herria et en 1948 Eusko Jakintza.
Un nouvel apostolat l'attend avec Gure Herria revivifié par son talent intellectuel, et ses textes documentés sur la langue, la littérature et l'histoire basque. Des textes qui faisaient date et représentaient au sein de la culture basque une richesse référencée de l'esprit basque, de ses lettres et de ses auteurs.
Ceux qui se souviennent encore se rappelleront que parmi les évêques ordinands de Roger Etchegaray à Espelette on compta Jean Saint-Pierre comme rapporté par Pierre Charriton, Pierre Andiazabal, condisciples de ces hommes talentueux et actifs au bien de la culture, de la langue et de la littérature en basque.
Les propos fraternels de Mgr Mathieu évêque d'Aire et de Dax, originaire de Hasparren résume le sentiment partagé sur cet homme exceptionnel :"il a porté sa croix avec une dignité qui finissait par ne plus s'apercevoir, tant elle était habituelle"..
Une syndicaliste de l'époque rapporte, "Des êtres comme lui nous font croire en Dieu" !
Le 18 décembre de cette année donne l'occasion de se souvenir de cet homme admirable et estimé en de nombreux cénacles d'ici et au delà.