Il était né en Meurthe-et-Moselle, mais le métier d’ingénieur agronome exercé par son père le conduisit dans ce pays, du côté de Saint-Jean-le-Vieux/Donazaharre auquel, disait-il, le rattachaient des liens forts, en particulier une sœur installée dans cette localité bas-navarraise, et des souvenirs de vacances scolaires.
Mais sa destinée s’accomplit au Vietnam où, tout jeune prêtre diplômé de philosophie, il fut envoyé dans le cadre des Missions Etrangères de Paris (MEP), et où il enseignera à l’Université catholique de Dalat jusqu’à sa captivité en 1975, à la prise du Sud Vietnam par les troupes du régime communiste installé dans le nord du pays.
Son parcours, dès lors, fut incroyable : il réussit à fuir, se cacha dans la forêt ; arrêté mais, miraculeusement, il ne subiit pas la punition ultime, arguant de son statut d’étranger pour être expulsé, à la différence de quelques autres de ses proches qui seront passés par les armes.
Pratiquant et écrivant la langue vietnamienne, il va à son retour à Paris s’occuper des « boat people » accueillis par milliers en France, parmi lesquels on comptait beaucoup de chrétiens pourchassés par le régime communiste qu’ils fuyaient comme migrants, au péril de leur vie.
Jean Maïs sera l’un des leurs : il parle, console et apaise la douleur des exilés en permettant à nombre d’entre eux de disposer de foyers d’accueil à Paris et dans de nombreuses villes où ils seront reçus par le gouvernement français.
Les centaines d’articles publiés par Jean Mais, par les MEP de Paris, en vietnamien et en français constituent le témoignage de sa vie pour l’Asie : « ad vitam ! » disaient ces missionnaires, pour la vie !
Ayant perdu la vue mais non la raison, il demeura une « vigie » proche de la communauté vietnamienne à Paris où il sera accompagné par sa famille religieuse et ses nombreux amis qui lui doivent une part de leur survie dans le pays.
Les asiatiques qui le le connaissaient disaient combien il possédait superbement la culture et la langue des Vietnamiens. Sa capacité de lire dans le texte les Ecritures, sa fine compréhension des enjeux sociaux et sociétaux d’une communauté asiatique spécifique lui procuraient une aura et une admiration partagée par tant de ces familles établies désormais depuis plus d’une génération en France. Un asiatique d’adoption dans l’âme dont la finesse transparaissait dans son regard paisible, raffiné et intelligent ! Le Père Jean Mais est décédé lundi 20 novembre dernier à l’âge de 82 ans. RIP.
François-Xavier Esponde