Ce vendredi 26 avril à 19 h, dans le cadre de l’expo virtuelle « 500 ans de cartographie du Pays Basque », le Centre Départemental d’Education au Patrimoine "Ospitalea" accueillera une conférence de Pascal Goñi (Terres de Navarre), qui dévoilera une carte de Saint-Jean-Pied-de-Port, et l'académicien (Euskaltzaindia) Xarles Videgain fera découvrir les cartes réalisées en 1863 - non pas par Louis Napoléon Bonaparte, c.-à-d. l'empereur Napoléon III, comme je l'ai vu annoncé en maints endroits - mais bien par son neveu, le prince Louis-Lucien Bonaparte (notre photo de couverture).
La conférence sera en basque avec traduction simultanée. Inscriptions en ligne sur www.ospitalea.fr - au tél. 05 59 37 97 20 ou par mail à : ospitalea@le64
Certes, le futur souverain avait été initié aux études basques par Antoine d'Abbadie lorsque le hasard les avait rapprochés tous deux, encore jeunes, pour embarquer ensemble à Lorient sur la frégate « Andromède » : Abbadie devait observer des phénomènes astronomiques, et le prince en tant que proscrit politique après sa malheureuse tentative de coup de force à Strasbourg. C'est d'ailleurs au cours de cette traversée que le futur explorateur de l'Ethiopie donna rendez-vous aux Tuileries au futur Napoléon III en lui annonçant qu’il « serait appelé à gouverner la France » ! Seize ans plus tard, au nouveau président de la République, Antoine d'Abbadie rappela que ce n'était pas à l'Elysée mais aux Tuileries qu'il lui avait donné rendez-vous : « L'Elysée, lui répliqua le prince, n'est pas loin des Tuileries ».
Napoléon en garda un vif intérêt pour la culture basque et lors de ses séjours à la Villa Eugénie à Biarritz, il se fit régulièrement apporter les textes en basque et la traduction des bertsus et des chants entendus au cours de ses visites. Et il finança les études linguistiques basques de son neveu Louis-Lucien Bonaparte !
Doué pour les langues car né en exil en Angleterre avant de s'établir en Italie, puis en France où il sera même élu député et sénateur, Louis-Lucien Bonaparte y avait pris goût lors de ses pérégrinations en Europe, et en particulier dans les provinces basques.
Mais c'était encore pendant son séjour à Florence que lui était tombée entre les mains la grammaire basque du P. Larramendi, lui révélant et le passionnant pour "cette langue vieille comme le temps" !
Ainsi, le chanoine et historien bayonnais Jean-Baptiste Daranatz décrit de manière détaillée dans "Gure Herria" de juin 1923 le voyage que le prince avait effectué en octobre 1857 au Pays Basque.
Avant d'arriver à Bayonne, il avait parcouru la Navarre, le Guipuzcoa, l'Alava et la Biscaye - où il avait visité, entre autres, le château d'Arteaga de l'impératrice Eugénie et le fameux chêne de Guernica -, en essayant, non sans quelque difficulté, de préserver son incognito.
Il se rendit en Soule où des troupes de jeunes lui interprétèrent leur répertoire de pastorales, "Nabuchodonosor" à Tardets et "Les quatre fils d'Aymon" à Mauléon où il fut reçu par le sous-préfet d'Andurain... Il emprunta les difficiles chemins reliant Tardets à Ochagavia avant de se rendre à Saint-Palais, Bidache, Hasparren, Briscous...
Entouré d’une équipe de collaborateurs remarquables (le capitaine Duvoisin, le chanoine Inchauspé, Uriarte, Otaegi, Salaberry…), le Prince va ainsi se consacrer à l’étude des différents dialectes du Pays Basque et parmi ses nombreux travaux, on peut signaler une classification de ces différents dialectes qui est encore utilisée aujourd’hui ou un ouvrage étonnant par sa forme et sa volonté d’exhaustivité : Le verbe basque en tableaux.
Mais surtout, cette extraordinaire carte des dialectes basques, encore utilisée aujourd'hui !