Vendredi 15 septembre dernier, autour d’une foule d’invités venue de la France entière, Jean-François Irigoyen, Maire de Saint-Jean-de-Luz et Président du Syndicat de la Baie de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, d’Eneko Aldana-Douat, Maire de Ciboure et 1er Vice-président du Syndicat de la Baie de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, et de nombreux autres élus avaient inauguré le CIAP, Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine Les Récollets – Errekoletoak en présence de l’architecte du patrimoine Rémi Desalbres de l’agence ARC&SITES et des partenaires financiers du projet : la Fondation du patrimoine et son partenaire privilégié, la Fondation Total Énergies. Labellisé Pays d'Art & d'Histoire.
A l’aide d’outils technologiques performants pédagogiques dédiés à la recherche scientifique sur l’histoire locale du patrimoine maritime, la population locale renoue avec un nouveau regard à son histoire locale.
Dans l’ancien couvent des Récollets, l'activité culturelle y fut intense : les moines issus d'une congrégation réformée de l'Ordre de Saint François d'Assise, y tenaient des conférences théologiques publiques et des personnalités se retiraient au couvent pour écrire. Leur bibliothèque comptait plus de 1 200 livres disparus et brûlés pendant la Révolution.
Après bien des péripéties, Mgr d'Etchauz déposa la croix à l’endroit où le couvent des Récollets fut consacré à Notre Dame de la Paix inauguré en 1613. D'après des dessins de l'époque, la chapelle (bâtiment principal), fut construite la première, avant le cloître,
Le Couvent des Récollets avait pour objectif d'apaiser les tensions entre les habitants des deux ports de Ciboure et de Saint-Jean-de-Luz qui se querellaient sans cesse pour des droits commerciaux portuaires. Comme l’avait évoqué le maire de Saint Jean-de-Luz Jean-François Irigoyen lors de l’inauguration, les procès de sorcellerie qui avaient débuté en 1609 avec le terrible conseiller au Parlement de Bordeaux Pierre de Lancre de Rostéguy sous Henri IV n’avaient que rajouté de l’huile sur un feu entre les cibouriens et les luziens.
Aussi, bien des années plus tard, lors du mariage du jeune Louis XIV avec l’Infante Marie-Thérèse d’Espagne à l’église Saint-Jean-Baptiste en 1660, le Cardinal Mazarin qui avait fait venir des moines franciscains sur la presqu’île, leur offrit une citerne - margelle d’eau en pierre placée au coeur de la cour du cloître. Actuellement pas entièrement restaurée, enserrée par quatre colonnes, des éléments décoratifs sur le thème marin avaient à l’origine animés les façades de la margelle, avait expliqué l’architecte du patrimoine Rémi Desalbres à l'occasion de la réception de l'inauguration.
La maison des Evêques fut rajouté à l’ensemble en 1675 par le seigneur d'Urtubie dont la tombe repose dans le couvent. Aujourd'hui sa pierre tombale enfouie sous les gravats nécessiterait une plaque commémorative en sa mémoire. Un retable signé « Frère Martin, Récollet, 1733 » rappelle l’édifice sacré à l'église Saint Martin à Ahetze. Dans l'aile attenante à l'ancienne chapelle, un couloir distribue plusieurs salles du XVIIème dont divers décors et ébauches de fresques d’époque d’inspiration romaine ont été aujourd’hui restaurées et mises à nu.
Inscrit aux monuments historiques par arrêté du 26 février 2013, l'ancien couvent des Récollets métamorphosé en un centre de découverte de l’architecture et du patrimoine (CIAP) des Récollets dans le cadre de la gestion du label « Ville et pays d’Art et d’Histoire » invite à s'immerger dans le patrimoine d'antan. Aussi lors de l'inauguration, beaucoup d'habitants locaux dont la directrice de la publication du Bulletin du Musée Basque Maritzu Etchandy ont regretté qu'un choeur de chanteurs basques ou un groupe de danseurs basques n'aient été invités à se produire pour cet évènement exceptionnel. Le patrimoine vivant basque serait-il parfois oublié au profit d'une modernité éphémère ?