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Nos disparus
In Mémoriam : déjà un an sans María Rosa, petite-fille d'Ignacio Zuloaga
In Mémoriam : déjà un an sans María Rosa, petite-fille d'Ignacio Zuloaga

| Alexandre de La Cerda 634 mots

In Mémoriam : déjà un an sans María Rosa, petite-fille d'Ignacio Zuloaga

28 mai 2019. Visite privée ce matin de la merveilleuse rétrospective du grand peintre et portraitiste basque Zuloaga qui ouvrira demain au musée Bellas Artes de Bilbao : tout à la joie d'avoir retrouvé ma grande amie Maria Rosa Zuloaga, sa petite-fille, que je n'avais plus revue depuis qu'elle avait quitté le manoir de l'artiste à Zumaia pour prendre possession de son château à Pedraza, près de Ségovie... Nous "posons" ici devant le célèbre portrait d'Anna de Noailles avec Maria Rosa, son fils et sa petite-fille !

19 mars 2021. María Rosa Suárez Zuloaga est décédée hier à l'âge de 83 ans à l’hôpital La Paz de Madrid, des suites d'une crise cardiaque.
Elle était la fille d'Enrique Suárez Rezola et de Lucía Zuloaga Dethomas, elle-même fille du peintre Ignacio Zuloaga (1870-1945). Après le partage de l'héritage du peintre avec ses deux frères, un processus long et compliqué, María Rosa prit possession en 2011 du château de Pedraza, que son grand-père avait acheté en 1925, et où elle résidait habituellement pour y gérer le musée Ignacio Zuloaga à Pedraza de la Sierra. Ainsi, María Rosa avait quitté pour une plus aride Castille sa verte et bien-aimée province de Guipuzcoa où elle avait dirigé le musée Zuloaga à Zumaia en étant mécène de nombreux jeunes artistes : le musée Zumaia étaitt devenu un endroit recherché pour les collectionneurs, les chercheurs et les artistes...

Fidèle soutien de la Peña Taurina d’Eibar d’où était originaire la famille du peintre, elle avait participé à l'organisation de corridas, dans le fil de son aficionado de grand-père, ami de grandes figures de la tauromachie.
Elle venait de faire don à l'exposition Mujeres del algodón (coton au féminin) au centre culturel Bastero d’Andoain de vêtements ayant appartenu à sa mère Lucía Zuloaga, et qui avaient été fabriqués dans l'entreprise de son père, Enrique Suárez Rezola. Et elle devait aller inaugurer une exposition des œuvres de son grand-père aux musées Kadriorg et Mikkeli de Tallinn en Estonie... 

María Rosa comptait sur « l'enthousiasme de ses trois enfants, Enrique, Eduardo et Rocío Laborde Suárez » pour continuer ses activités. Elle gardait précieusement ses souvenirs d’enfance concdernant son grand-père : « C'était un homme attachant. Il privilégiait toujours sa famille. Il aimait certes son art, ses amis, sa terre... mais il adorait ses enfants, Antonio et Lucía, et bien sûr ses petits-enfants. Mes frères et moi étions des petits-enfants très chers à grand-père. Et je garde de bons souvenirs dans ma mémoire, comme lorsque je revenais du studio en lui tenant la main, ou lorsqu’il recevait des gens, même de grandes personnalités, avec des vestes tachées de peinture. Il avait toujours gardé portes ouvertes, tant à Santiago Etxea, chez lui à Zumaia, qu'à Pedraza ».

Photographie de couverture : l'auteur avec Maria Rosa, son fils et sa petite-fille devant le célèbre portrait d'Anna de Noailles par Zuloaga

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Maria Rosa Zuloaga et Oteiza ©
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Et María Rosa se souvenait encore d’être venue de Pedraza à l'été 2000 pour aider ses frères à recevoir à Santiago Etxea le célèbre plasticien Jorge Oteiza : la conversation roulait sur divers sujets concernant Zuloaga et ses peintures lorsque soudain un ami qui accompagnait Oteiza les quitta pendant quelques instants pour rapporter de la pièce voisine une œuvre de Rodin, le « Minotaure »
- Ouvrons-nous les fenêtres pour de la lumière ?
- Non, non, laissez-moi le caresser, le goûter.
Les mains serraient l'œuvre et ses doigts couraient sur les reliefs : «Quelles diagonales ! quelles diagonales» !
Devant cette beauté, immense était la joie d’Oteiza  ! « Nous étions tous suspendus à ses gestes, à ses paroles. Il était ravi d’évoquer Ignacio Zuloaga, sa relation avec Rodin, ce qu'il avait signifié pour la révolution de la sculpture. Et son ardeur à exprimer le réalisme ».

Photographie prise aux portes de l’atelier de Zuloaga à Santiago-Echea : Jorge Oteiza, María Rosa -petite-fille d'Ignacio Zuloaga - et Mariano Gómez de Caso.

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