Le Royaume de la Musique est en deuil après le décès de Philippe Pistole il y a quelques jours, des suites d’une longue maladie. Homme charmant, attachant et généreux, ténor à la voix "remarquable de souplesse, de justesse et d’ampleur" avec un sens de l’humour et de l’émotion, il avait donné de nombreux concerts dans les églises de la région, de Bayonne à Hendaye, tout en continuant d'enseigner au conservatoire de Paris et de chanter jusqu'à cet été, lorsque soudain la maladie eut raison de sa magnifique force de vie.
C'est l'abbé Lionel Landart qui a su trouver les mots justes dans son prêche émouvant en célébrant la messe des obsèques jeudi dernier dans une église d'Arcangues remplie des amis et admirateurs de Philippe, dont certains venus de fort loin, avec Etienne Rousseau-Plotto à l'harmonium et les chants de la soprane Sophie Galitzine, son amie de plus de trente ans : n'avaient-ils pas, Sophie et Philippe, interprété ensemble, à l'époque, "L'enlèvement au Sérail" de Mozart ?
Et un ami de rappeler l'enthousiasme et l'entrain avec lesquels il emportait les deux mille fidèles emplissant Saint-Honoré d'Eylau à Paris où il était maître de chapelle (depuis 1984), lorsqu'il entonnait - sans micro ! - le "Minuit Chrétiens" qui concluait la messe de Noël.
Ayant suivi des cours de liturgie à l’Institut catholique de Paris, Il fut soliste-animateur à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Né à Orthez, Philippe Pistole avait remporté plusieurs premiers prix d’art lyrique. Ses enregistrements étaient variés : musique sacrée, mélodies sur les poèmes de Francis Jammes...
Lauréat du 1er Prix d’opéra-comique et du 1er Prix d’opérette au conservatoire de Cannes, il avait été reçu premier, à l’unanimité, au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il obtint 1er Prix d’art lyrique.
Lauréat du Concours Jacques Offenbach, diplômé d’honneur de la Fondation de France et Médaille d’argent des Arts et des Lettres, Philippe Pistole animait des concerts-conférences, en particulier la vie musicale sous le Second Empire : je me souviens de cette très belle messe à la Chapelle Impériale en mémoire de l'impératrice Eugénie qu'il enrichit de ses magnifiques chants accompagnés par notre talentueux organiste biarrot Laurent Riboulet de Sabrac et en présence de Mme le maire de Biarritz Maider Arosteguy accompagnée de son adjointe à la Culture Anne Pinatel et du directeur des Affaires culturelles de Biarritz Matthieu Bardiaux (notre photo).
Parmi sa discographie : La légende de Joseph en Égypte de Charles Méhul ; Jacques Offenbach, œuvres rares ; Cantiques délices et orgues (16 mélodies religieuses du XXème siècle, de Gounod, Offenbach, César Franck…)
Il avait également interprété nombre de rôles d’opéra et d’oratorios : Haydn, Carissimi, Charpentier, Mozart, etc. En 2000, il avait mis en scène des pièces d’Offenbach et de Sacha Guitry.
Avec son amie Sophie Galitzine, il avait également monté en plein Biarritz ces sympathiques "Petites Opérettes de Façade", participant par ailleurs au festival "Biarritz en Chamades" où il interpréta en l’église Saint-Joseph des airs de Bach, Haendel, Franck, Poulenc et Jean Langlais, accompagné par Laurent Riboulet de Sabrac, titulaire – et restaurateur – des orgues de Biarritz...
Encore en décembre dernier, Philippe Pistole avait chanté lors du concert de Noël donné à la Chapelle Notre-Dame du Refuge par l'organiste Raphaël Tambyeff.
A Orthez, il avait participé à plusieurs soirée d’hommage rendu à Francis Planté et Francis Jammes, ainsi qu'à Verlaine, dont j'extrais ces quelques vers en guise de conclusion :
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.
R.I.P. Goian bego.