Il était né à Bayonne en 1936 avant guerre, ordonné prêtre à 34 ans en 1970 et exerça jusqu’en 22 ses fonctions auprès de ses fidèles.
Le profil parfait de l’ecclésiastique qui remplit ses missions en divers lieux du diocèse en Béarn et sur la côte basque.
Mais tout cela ne résume que prosaïquement le personnage de petit bayonnais resté espiègle, cabotin et drôle dans son phrasé et sa liberté d’expression.
De la rue d’Espagne où sa famille tenait commerce de boucherie bien nommée de la ville, aux divers lieux de distraction qu’il affectionnait, aux rencontres mémorables autour d’une bonne table, et d’un vin dont il pouvait apprécier la qualité et la saveur, Jean-Louis excellait dans la camaraderie et les bons temps partagés à la bayonnaise !
On ne discuterait avec lui le penchant pour le quartier de bœuf préféré, du steak, de jambon ou de saucisses exposées sur le tableau des ventes du commerce, Jean-Louis en connaissait la provenance, la confection et la distribution à ses clientes préférées qui ne rechignaient à venir de bonne heure, les premières servies par le jeune apprenti qui en connut le métier auprès des siens, et de son propre frère.
Le commentaire gustatif de la viande qui n’était nullement emprunté à Rabelais ou Pantagruel, mais à Jean-Louis le bayonnais lui inspirait de ces bons mots en gascon qui faisaient le tour des peñas de la ville, car adepte de ces sociétés gourmandes la sienne sise à Saint-Esprit de Bayonne, il ne rechignait guère à traverser l’Adour pour un mets gourmand - et gourmet de préférence -, bien arrosé de vin d’Espagne et de la Rioja,
Dans une académie gourmande de gustateur il eût tenu la fourchette bien munie de ses dents, et le couteau bien aiguisé de sa langue, pour faire connaître et partager au plus grand nombre le délice bayonnais de l’art du bien manger, du bon boire, et de bien se tenir avec ses amis !
Mais voilà les apparences d’un jeune adulte déjà enraciné dans la vie qui choisit une autre voie que celle des cuisines, ou d’un atelier de charcutier en entrant dans les ordres !
Surprise de taille, Jean-Louis s’en irait de Bayonne à Gauriac en Gironde en séminaire d’aînés, en pays de vin, non pour y apprendre le métier d’œnologue mais celui d’un prêtre pasteur de son diocèse bayonnais !
Ces proches fillottées ne se remirent de l’effet de la nouvelle, on ne semblait imaginer cet homme bien structuré, au parler vrai et direct dans un uniforme préfiguré et ajusté pour sa mise en forme.
Secret bien tenu et bien gardé, le jeune homme avait décidé de changer de voie et de service.
Il l’accomplira jusqu’à ses 87 ans et bien de ceux qui ne le pensaient possible durent se résoudre à retrouver Jean-Louis homme heureux pour lui et pour les autres.
Confident inégalé de ses amis nombreux dans les arènes de la ville où la tauromachie fut un temple sacré - culte de sa vie.
Il connaissait comme son bréviaire le nom des matadors, des haciendas et des taureaux mêmes, et se rendant sur place pour humer la bête et partager avec les copains les corridas futures en projet, ne se lassait pas de vivre intensément cette passion pour l’animal, sa terre et son origine.
Derrière ces apparences parfois rudes, se cachait une sensibilité vive, pour les personnes qu’il affectionnait de croiser dans leurs souvenirs et leur histoire bayonnaise commune.
Ses amis le regretteront car il y avait chez cet homme une grande humanité pour tout un chacun, garçon de ferme, éleveur de taureaux, muchachos de labeur, avec une réelle empathie pour chacun dans sa fonction et dans son caractère !
On le disait attaché avec Olivier Baratchart à la chapelle du mundillo et à cette madone empruntée chez les Ursulines de la ville il y a désormais quelques décennies auprès de mère saint Jacques Lataillade de Bidache, la supérieure de l’institution.
Peu pressée de récupérer la madone en plâtre du couvent, elle fit savoir à ces hommes des arènes que sa place serait plus légitime parmi eux qu’à Largenté où d’autres vierges encore distribuées dans les couloirs de l’école, combleraient de leur présence le temps de dévotion des enfants !
Les dernières années se déroulèrent à Osteys, à la maison de repos, parmi les pensionnaires de son âge et les religieuses de Sion.
La rencontre insolite de ces vies plurielles qui un jour se retrouvent, se reconnaissent et parcourent le dernier voyage en commun !
Adichats Jean-Louis de Bayonne, comme un abbé Lamarque sur les stades de rugby jadis, vous préfériez le taureau et ses taurillons en élevage à d’autres diversions de la vie.
Quitter l’Aviron pour les Arènes à Bayonne s’appelle traverser la rue d’Espagne sans quitter la cathédrale et le quartier saint Léon de la ville que vous aimiez par dessus tout !