Dans son atelier en bois noir à la « Petite Escalère », à côté d’une pelouse moutonnée de marguerites, la sculpture très colorée de Matta apportait une gaîté insouciante à la découverte des œuvres de Jeannette Leroy.
Des études couronnées d’un prix d’art à la St-Martin School de Londres suivies des études à l’Académie Julian de Paris auxquels s’ajoutent des notions d’anthropologie l’orientèrent, grâce à ses amis Pierre et Hélène Lazareff, vers la rédaction et la photographie de mode dans le magazine « Elle » des années soixante puis, en free-lance jusqu’en 1974.
Des problèmes de santé feront interrompre cette carrière qui contraignait l’artiste à voyager sans cesse au Japon et aux Etats-Unis.
Jeannette Leroy se consacra alors à ses passions : le dessin, la peinture et la composition du jardin de sculptures. Un retour aux sources, puisque née d’un père collectionneur - son grand-père enseignait la gravure à l’Ecole du Louvre.
A l’aide d’un crayon ou d’une mine de plomb, elle dessinait au trait de remarquables portraits et de belles natures-mortes où la courbe d’un légume épouse les torsades d’une corbeille tressée. En 1996, lassée par le dessin figuratif, elle revient vers l’abstrait qu’elle appréciait adolescente. L’artiste compose alors des panneaux muraux colorés aquatiques à l’expressionnisme abstrait d’un Zao Wou-Ki dans sa propriété sur les rives de l’Adour. Après la disparition en 2006 de son époux, le collectionneur Paul Haim, avec qui elle avait créé le jardin magique de « La petite Escalère », elle n’utilisa plus que le noir dans ses toiles.
Entre temps, ses œuvres seront exposées dans les plus prestigieux musées et galeries, de Dina Vierny et du Musée Beaubourg à Paris au British Museum de Londres, au Metropolitan de New-York, et ceux de Tokyo, Montréal, Houston, Brasilia… Devenue progressivement aveugle, Jeannette Leroy nous a quittés à l’âge de 92 ans. R. I. P.
Anne de M. La Cerda