Dominique Dottax s’en est allé sans faire de bruit, suite au virus qui affecte le monde présentement.
Né au Liban, il portait cette empreinte indélébile sur son passeport qui rappelait la présence de ses parents à Beyrouth lors de sa naissance.
Il vécut à Ainhoa, à la maison natale Sisinia, puis à Oppoca, avant de partager avec sa mère le temps de sa retraite dans le chalet construit par ses parents à la lisière de l’hôtel Argi Eder.
Il fut Ainhoar de cœur et de conviction en occupant les fonctions de maire du village, et y vécut sa vie durant.
Dominique Dottax était particulièrement attaché à son église. Un édifice érigé dès le XIIIème siècle par les moines Prémontrés sur ce passage des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
Dans ce village prospère par ses mines et sa fabrication des armes d’antan.
Une église restaurée au XVIème et au XVIIème siècle, enrichie, rehaussée, refuge des villageois exposés aux guerres et aux invasions historiques nombreuses dans ses relations avec l’Espagne proche.
La Révolution lui fut fatale. L’église fut pillée, devenue une réserve de fourrages pour les troupeaux, dévastée en 1794 et réhabilitée lors du Concordat de Napoléon en 1801. Un édifice patrimonial et architectural unique classé en 1996 dans l’héritage des Monuments Historiques.
Dominique aima par dessus tout Ainhoa et son église dont il était fier...
Son lien indéfectible le rattache à sa famille et à son frère Jean-Pierre avec qui il partagea sa vie durant, ses projets et ses ambitions hôtelières dans ce village qualifié dans le métier du tourisme et de l’hospitalité estivale.
Il exerça son métier dans la banque à Hendaye où il avait de nombreuses relations professionnelles et personnelles.
D’un père luzien et d’une mère ainhoar issue par sa propre mère des Dartaguiette de Mendionde, il manifesta toute sa vie son attachement à ses deux parents et à leurs origines labourdines...
Pierre, le papa, disparut des suites de maladie, sa mère vécut longtemps avec lui. Il s’en occupa jusqu’au terme de sa vie comme un fils fidèle et dévoué à Elizabeth, femme de tempérament et de conviction.
Dominique fut le week-end hôtelier, homme à servir à Oppoca et Argi Eder, proche de son frère et des deux neveux Bruno et Philippe qui emboîtèrent le pas des parents Jean-Pierre et Annie dans la restauration.
De caractère indépendant, armé dans ses convictions sociales et religieuses, il ne dérogeait guère à ses engagements. On ne plaisantait pas avec quelques sujets !
Sa présence au Salon de l’Agriculture parisien tous les ans faisait partie de son programme.
Il racontait avec délectation sa proximité avec madame Alliot-Marie, fidèle à l’hôtel qui lui fera visiter quelque ministère parisien dans lequel la ministre exerçait ses fonctions régaliennes.
L’homme était discret, secret peu bavard sur tout ce qu’il savait, voyait et entendait dans son réseau de relations et d’amitiés.
Ainhoar de coeur et d’esprit, le silence était la règle de la convivialité partagée en ces terres frontalières où rien ne se livre à la conversation et se protège de devoir de réserve.
Il vouait à la chapelle d’Axulai, ermitage ainhoar un lien religieux et personnel comme le font les habitants de la vallée lors du lundi de pentecôte chaque année.
Quand les anciens construisirent leur village sur une rue longiligne, face à face, les maisons proches continues, exposées au lever et au coucher du soleil, l’âme d’Ainhoa s’illuminait de la clarté de Notre Dame de l’Assomption.
Dominique en fut un luminaire vivant. La foi simple, pure et sincère de sa naissance embrasait dans ses relations amicales.
Il partageait les funérailles des familles endeuillées de tout le Pays Basque et du sud des landes. La compassion lors de ces adieux lui fut familière. On ne compte pas le nombre d’obsèques auxquels il participa par fidélité aux disparus.
Les siennes se sont déroulées mercredi 1er septembre dernier en l'église de l'Assomption d'Ainhoa en présence d’une nombreuse assistance témoignant de son attachement à cette personnalité singulière : Ainhoa ne l’aura pas oublié, il n’oubliera pas les Ainhoars ses compatriotes et ses amis !