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Nos disparus
In Memoriam : Andde Luberriaga, patron basque entreprenant
In Memoriam : Andde Luberriaga, patron basque entreprenant

| Alexandre de La Cerda 741 mots

In Memoriam : Andde Luberriaga, patron basque entreprenant

Ce vendredi 27 novembre à 10h en l'église Notre-Dame de l'Assomption à Ascain, le Pays Basque se séparera de celui qui aura indubitablement marqué son économie, sa politique et sa culture : décédé lundi 23 novembre à l'âge de 90 ans, André (Andde) Luberriaga fut un patron respecté d’entreprises liées à l’automobile, mais également maire d'Ascain de 1977 à 2001, conseiller général du canton d'Ustaritz (1976-1988), et dans le domaine culturel, président d'Euskaltzaleen Biltzarra (1988-2001).
Dans cette même église d’Ascain où il avait fait installer un orgue magnifique (récemment restauré) et apposer une plaque en souvenir des crimes et méfaits de la révolution française au Pays Basque…
Il est parti une semaine après son épouse Martta (née Arrieta), qui fut maîtresse dans des écoles libres à Saint-Jean-de-Luz, Ascain (et même Issy-Les-Moulineaux ; en équipe avec l’abbé Jean Harguindeguy, vicaire instituteur, c’est elle qui avait ouvert en octobre 1955, l’école catholique pour garçons Sainte-Marie d’Ascain en œuvrant au lancement de l’équipe locale des enfants de chœur.

Je revois encore Andde Luberriaga venir (avec une certaine fréquence) à Bayonne pour se faire interviewer dans les studios de Radio-Adour-Navarre par un de mes journalistes - mais c’est lui qui menait l’entretien ! - et je me souviens d’avoir été sollicité par lui et par le Dr Labéguerie qui en était encore le président, afin de faire un exposé en langue basque sur ma station de Radio lors d’une A. G. d'Euskaltzaleen Biltzarra… 
Et cette conférence de presse « politique » à Puyoo, « à cheval sur Pays basque et Béarn » ! 

Proche du Parti Nationaliste Basque mais se présentant sous les couleurs d’une union UDF-RPR, auteur de plusieurs plaquettes (dont « Azkaine Aintzina » et « Le destin du Pays Basque »), Andde Luberriaga s’employa à la promotion de la culture basque en créant à Hasparren le mouvement « Goiz Argi » en faveur du bilinguisme et de la culture basque en général. Partisan d'une Fédération des 157 communes du Pays Basque français, il présenta également avec le giscardien Renaud d'Elissagaray un projet de charte culturelle basque en 1986.

Dans un entretien à Eusko Ikaskuntza, lui qui parlait l’euskara couramment, il n’hésitait pas à critiquer « ceux qui savaient le basque mais ne le parlaient pas suffisamment, soit par timidité, soit par paresse, soit par insouciance », ainsi que « les institutions d'enseignement, les entreprises et l'administration qui ne soutenaient pas suffisamment le basque. Malheureusement, beaucoup d'élus politiques basques pratiquent un combat, qui leur paraît juste, et cela depuis longtemps, mais ils ne sont pas capables d'aligner correctement une phrase de dix mots en basque. Ce qui fait qu'ils ne sont pas crédibles. Ce sont de mauvais exemples. Ils mettent les boeufs derrière la charrue. Cette erreur, il faudrait l'effacer, de toute urgence, de notre paysage linguistique ».

« Restons nous-mêmes et allons de l’avant »

C’est, semble-t-il, en 1864 qu’un de ses ancêtres, Paulino Luberriaga, avait acquis « Urritxagacoborda » à Ascain, à une époque où l’on était souvent dans les champs le jour, et où l’on pratiquait le « travail de la nuit » de préférence en dehors du clair de lune, pour ramener depuis la « muga » les ballots de cigares destinés à la saison des bains de mer, puis la contrebande de bétail à l’époque de Pierre Loti...

Pour sa part, formé dans le domaine de la mécanique, Andde Luberriaga fut un patron bien trempé : selon ses anciens collaborateurs au garage Renault de Bayonne qu’il dirigeait « il exigeait beaucoup, mais donnait beaucoup » ! Et ses vendeurs, il les « pêchait » dans son atelier de mécanique, parfois parmi ses anciens copains de classe et, « comme beaucoup de patrons basques au tempérament affirmé, il poussait parfois quelque colère, mais quand tu rentrais dans l’entreprise, tu faisais partie de sa famille, même lors de fêtes privées »...

Délégué général de Renault pour l'Espagne et le Portugal et pour l'Amérique du Sud, président fondateur en 1967 de la « Jeune Chambre Economique de Bayonne et du Pays Basque », il reprit la concession « Europcar » (location de voitures) qu’il géra avec son gendre Guy Josié et pour terminer, le dépôt « L’automobile » qui laissa récemment la place au « Grand Frais »…

Andde Luberriaga était également l’homme des défis : n’avait-il pas couru entre Ascain et Bayonne en un temps record (vers 1970), gagné une épreuve au cours du jeu télévisé « La preuve par quatre » avec Guy Lux en remplissant du maximum de gens une 4L Renault, et plus tard en réunissant une équipe de Renault pour aller chercher un objet insolite en Somalie ?

« Restons nous-mêmes et allons de l’avant », telle était sa devise… R. I. P. Goian bego

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