Au temps de l'été, il est des amateurs éclairés de soleil, de lune et de constellations célestes qui disposent de ces nuitées pour observer le cosmos. Le soleil, la terre, la lune contribuent à l'imaginaire le plus proche des interprétations libres laissées à chacun de ces dimensions universelles, insaisissables et attrayantes.
La lune est source magique de réplique de vie et de sensations, que consultent les devins et les sorciers en quête de rituels pour lancer leurs sorts.
Si la lune croît, nos désirs augmentent, si elle décroît, la croyance populaire accrédite notre penchant à en subir ses effets.
Une boussole, selon les croyances, de nos épanchements et de nos déprimes subies par l'effet induit de ce rapport avec les astres.
Des énergies positives aux énergies négatives, notre corps et notre esprit sont à la merci de ces forces invisibles qu'une tradition orale et populaire réitère à chaque époque de l'histoire, par ces sentences et ces proverbes issus de la religion agraire primitive.
Le paysan dira le sort réservé entre lunaisons aux plantations trop précoces ou retardées, telle une croyance indéfectible dont il observera les effets. Mais le Jardinier en chef de Versailles, au temps de Louis XIV, rejetait ces interprétations jugées fausses par les chroniqueurs du temps passé.
Marées et cycles maritimes subissent les influences astrales, dont celles de la lune, sur les énergies de la planète Terre et son environnement. Difficile d'en douter !
Plantes et animaux sont influencés par les lunes et les équinoxes. On rapporte que les coraux se reproduisent pendant les pleines lunes, mais les avis sur l'origine de ces flux inexpliqués demeurent hostiles et clivants.
Aux uns des certitudes, aux autres des doutes avérés, selon lesquels la lune ne semble avoir que peu d'effet direct sur les croissances végétales, les comportements humains et animaux, ou la coïncidence admise des influences astrologiques sur la nature.
"Ce sentiment mystique" d'un pouvoir efficient mais inexplicable par les bienfaits ou les méfaits sur les décisions de l'homme en situation éclairent l'anthropomorphisme évident contenu dans "ces connaissances admises comme des vérités d'évidence".
L'imagination humaine en quête de sens y dévoile une connaissance de soi et une sollicitation de ces énergies de l'univers comme réponses à ces angoisses originelles
La lune renvoie à la dualité de notre rapport à l'environnement et de notre entendement.
Visible et cachée, soumise et insoumise, absente et présente à la fois.
La sorcellerie, les horoscopes, les divinations y rencontrent le terrain de prédilection des adeptes de ces rituels nombreux, si l'on en juge par la diffusion à grande échelle de ces croyances auprès des quêteurs de bonne aventure ou de sorts dont on serait victimes.
Cette consultation divinatoire réitère chez les humains cette soif de questions ou de réponses de ce messager cosmique, capable - du moins on le croit - d'influer sur le destin de nos vies par ces flux antagoniques ou connexes.
La croyance presse à établir avec la lune et ses satellites une complicité céleste où la magie et le secret entretiennent un ferment de jouissance si improbable mais souhaitée.
Dans la mythologie antique la lune incarne la fécondité, la féminité de la création.
On la représenterait comme figure féminine de l'origine de la vie, du moins dans la plupart des civilisations du monde connu, assyrienne, asiatique, hellène et latine, amérindienne, excepté en Egypte où cette figure est masculine.
Auprès de la lune, des religions y trouvent l'inspiration de rituels de purification et de divination et de protection des fidèles.
On cite de mémoire la lune dans la Bible par 54 de ses nombreuses occurrences, comme dans le Coran et par comparaison dans les Evangiles. Elle relaie la lumière du soleil comme l'Eglise transmet la lumière du Christ aux croyants : "Fulget ecclesia non suo sed", disait Ambroise de Milan. Mysterium lunae, le mystère de la Lune !
La patrologie chrétienne est inspirée de ces sources et retient le propos.
Dans le déroulé lunaire de pleine lune, de quart de lune, de demi lune, chacun commente à sa convenance les effets induits de ces phénomènes sur sa personne.
Entre les quatre astres majeurs du cosmos, la lune, la terre, le soleil et les astres majeurs connus du firmament, l'imaginaire humain ne s'est guère privé de liberté pour entretenir cette effusion des sens. Pour les fidèles des religions monothéistes, la figure de la mère du ciel, de la mère des prophètes, de la maternité des familles spirituelles, la personnification de cette source, a permis d'enrichir une dévotion caractérisée de la féminité à laquelle revient une identité sacrée et révérée.
NDLR : ainsi au Pays Basque, dans les formules et prières, la lune est désignée comme « Ilargi amandre » (lune-dame mère) équivalent à « lune-grand-mère ». Lorsqu'elle monte à l'Orient, on lui dit : « Ilargi amandrea, zeruan ze berri ? » (Lune grand-mère, quoi de neuf dans le ciel ?).
La divinité Ishtar en Assyrie, Isis en Egypte, Séléné, Artémis, Hécate en Grèce, ont inspiré ce culte féminin à la vie et à la fécondité reçue de leur provenance divine à laquelle la lune engage la croyance.
Les mythes, les légendes et les calendriers issus de telles religions primitives ont permis de définir le cycle des saisons sur de telles observations millénaires pour les plus anciennes.
Nous ne sommes pas encore au temps du télescope de Thomas Harriot, en 1609, lorsqu'un oculaire concave bricolé par ce savant en herbe permit d'observer la lune au verre grossissant, qui deviendra le télescope avec Galilée !
Les observations scientifiques dérangeront les connaissances avérées de la lune. On la croyait plate, fixe et sans vie et l'on prend conscience de la composition de cet astre à la physionomie inattendue.
La lune avait donc une vie propre, et les lunaisons une émanation singulière. Les aurions-nous condamnées aux observations télescopiques ou reconnaissables encore aujourd'hui de l'imagination que laisse leur coquetterie et l'inattendu de la vie !