Il Cinema Ritrovato - XXXVII Edition à Bologne du 24 juin au 2 juillet 2023
En 1895, Louis (1864/1948) et Auguste Lumière (1862/1954) ont donné naissance au Cinématographe : un projecteur révolutionnaire, un écran blanc, une salle, un public pouvant visionner des images animées ensemble, partageant, ainsi, les mêmes émotions. Peu après la première projection publique (28 décembre 1895 dans le Grand Café à Paris), Louis aurait déclaré : « le cinéma est une invention sans avenir ». Mot vrai ou apocryphe ? Peu importe. Le cinéma est toujours vivant, donné sans cesse comme moribond depuis son éclosion (127 ans !). Il demeure à la fois un art et une industrie. Des dizaines de milliers de films sur pellicule (35 mm, 16mm, 8 mm, etc.) ont été fabriqués et projetés dans des salles obscures … L’avenir dure longtemps.
Il Cinéma Ritrovato (le cinéma retrouvé) est un festival hors-série depuis 1986. Sa première originalité est de nous faire découvrir des films rares, peu connus, disparus depuis des lustres des circuits d’exploitation. Sa seconde est de nous proposer des films restaurés avec soins grâce à un réseau de cinémathèques nationales (Bologne, Paris, Bruxelles, Lausanne, etc.) et d’instituts dédiés à la diffusion d’œuvres du patrimoine mondial (Institut Lumière de Lyon). Tercio, certains de ces films (muets ou parlants) sont projetés tous les soirs à 22h sur un écran géant Piazza Maggiore, dans le centre historique de Bologne. Le « grand public » n’est pas exclu de la manifestation. D’autres films, plus de 400, sont projetés en continu, dans 6 salles pendant 10 jours, à guichets fermés. Ils sont précédés, en introduction, d’une présentation détaillée par des spécialistes, critiques, ou responsables de la cinémathèque de Bologne (cinemateca di Bologna) ordonnatrice du festival.
Il Cinéma Ritrovato bénéficie à la fois d’une atmosphère studieuse (étudiants dans les métiers de l’image animée) et chaleureuse (lieux de rencontre, bibliothèque, etc.) sans morgue aucune à l’instar de certains festivals plus préoccupés par leur dimension « VIP et Glamour ». A Bologne, les cinéphiles (et autres) ne sont pas maltraités telle une piétaille sans intérêt …
Sur la Piazza Maggiore ont été projetés tous les soirs dès 22 heures devant un parterre bigarré, enthousiaste, quelques chefs d’œuvres restaurés du 7 ème art tels que : La Maison du docteur Edwardes (1945) d’Alfred Hitchcock (1899/1980) ; Bellissima (1951) de Luchino Visconti (1906/1976) ; Le Narcisse Noir (1947) de Michael Powell (1905/1990) et Emeric Pressburger (1902/1988) et d’autres chef d’œuvres du cinéma mondial. Dans les salles obscures l’on pouvait visionner des films du patrimoine cinématographique (courts et moyens métrages) tels qu’En Irlande : excursion à Killarney (1908) documentaire de Camille Legrand (1872/1940) dont certains plans rappellent L’Homme tranquille (1952) de John Ford (1894/1973) ! ; Marie Antoinette (1903) une « reconstitution historique » d’Albert Capellani (1874/1931); Smarrita (1921) mélodrame russe de Giulio Antamoro (1877/1945)… et bien d’autres films muets accompagnés par des pianistes virtuoses (Donald Sosin, Antonio Coppola).
D’autres films restaurés dans de splendides copies (pellicules !) : La Contessa Azzura (1960) film italien de Claudio Gora (1913/1998) en vrai Technicolor ; Il Ferroviere (1956) mélodrame italien de Pietro Germi (1914/1974) à la fois devant et derrière la caméra ; Viva Varda (2023) émouvant documentaire sur la cinéaste Agnès Varda (1928/2019) de Pierre-Henri Gibert, etc. La liste serait trop longue …
Il nous faut remercier l’association J.PRODUCTIONS qui a mené à bien l’accès à ce festival (voyages, hébergements, accréditations, etc.) sorte « d’utopie babélienne » de la longue histoire du cinéma.