Le poète le rappelait, il existe deux mondes, celui des terriens et celui des gens de mer. Les modes de pêche d’aujourd’hui sont bien différents de ceux du passé. Parmi les lointains souvenirs, celui de la chasse à la baleine, les campagnes morutières dans le grand nord, les grandes pêcheries au large de Dakar. Malgré les aléas, la pêche hauturière et côtière fait encore vivre de nombreuses familles au Pays Basque. Des métiers non dénués de risques. Le monde de la pêche locale a été endeuillé en cette fin d'année 2023. Deux pêcheurs, Karamo et Mustapha N'Dong ont perdu la vie au large du littoral basque.
« Pêcheurs en Pays Basque – Arrantzaleak Euskal Herrian » est la nouvelle exposition proposée par le CPIE Littoral basque, une mise en lumière de cette profession de marin-pêcheur fortement ancrée dans le patrimoine culturel du Pays Basque.
La filiation y est si fortement imprégnée, que l’on nourrit à son encontre de nombreux mythes souvent éloignés de la réalité. Certaines pratiques ont pu induire une vision manichéenne de la profession alimentée par une montée en puissance de notre conscience écologique.
La pêche est plurielle. Il n’existe pas une typologie récurrente et linéaire de la profession mais une pluralité de pratiques et de métiers. Il n’y a pas une pêche mais des pêches comme il n’y a pas un pêcheur mais des pêcheurs. Illustration en images et explications ô combien utiles pour comprendre ce monde à part. « En mer on ne peut pas se mentir, on ne peut pas se cacher. On travaille les uns avec les autres, c’est réel, ce sont de vraies émotions. Il n’y a pas de place pour l’approximation ou le tiède » (témoignage de marin-pêcheur).
Dans les ports du Pays Basque chaque pêche a ses techniques : Pêche au thon artisanale à la canne et à l’appât vivant. Pêche au merlu de ligne à la palangre (ligne mère dormante). Sardine, anchois, chinchards se capturent à la bolinche (filet tournant coulissant). Le ramassage de l’algue rouge (agar-agar) et celui des déchets flottants complètent les revenus de certains armements (80% de ces déchets proviennent des activités à terre…).
La pêche, au-delà d’être une activité structurante territorialement, tant du point de vue économique, historique et patrimonial, est avant tout une passion pour celles et ceux qui la pratiquent. Le métier de marin-pêcheur est difficile. Il attire néanmoins des jeunes. La mer, une passion, des métiers. Le lycée professionnel maritime de Ciboure, avenue Eugène Corre, organise une journée Portes ouvertes le samedi 3 février.
Durant trois années, les auteurs de l’ouvrage « Pêcheurs en Pays Basque, Arrantzaleak Euskal Herrian » ont consacré leur travail aux métiers de la pêche côtière où chaque témoignage apporte un éclairage…
Delphine Le Corff Ricau, petite fille de marin-pêcheur originaire du Pays basque, est titulaire d’un DEA en Arts et sociétés actuelles, ses recherches universitaires menées au sein de l’université Michel de Montaigne à Bordeaux, se consacrent à l’étude de l’inconscient optique anthropologique de l’image photographique. Elle intègre ensuite une agence de photographes et graphistes à Paris en tant que chargée de production, avant de rejoindre le Pays basque où elle occupera les postes de chargée de communication et de rédactrice au sein d’une collectivité territoriale. Petite-fille de marin-pêcheur, son premier ouvrage "Pêcheurs en Pays basque" est un hommage à tous les gens de mer.
Anne-Sophie Susperregui est photographe professionnelle. Native de Saint-Jean-de-Luz, elle manifeste dès l’enfance un attachement profond à l’océan, l’amenant à devenir océanographe dans la première partie de sa vie professionnelle. En 2011, elle quitte la recherche scientifique pour se consacrer pleinement à sa seconde passion : la photographie. Ses photos-reportages, portent sur l’humain, dans sa pluralité et son authenticité. Par le biais de cet ouvrage, elle réunit enfin ses deux passions et rend hommage à ses femmes et ses hommes qui font battre le cœur du port de Saint-Jean-de-Luz – Ciboure.
Elles proposent une rencontre le samedi 17 février entre 10h30 et 12 heures. Ce sont sur des témoignages que s'appuieront les autrices, accompagnées de deux marins-pêcheurs, pour répondre aux questions du public, et faire savoir avec humanité, sincérité et objectivité, la réalité d’une profession âpre et passionnante à la fois.
Gratuit. Inscriptions facultatives au 05.59.74.16.18 ou abbadia.cpie.accueil@hendaye.com.
Asporotsttipi – Maison de la Corniche. Hendaye, route de la Corniche. Entrée libre. Jusqu’au 30 mars 2024.