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Histoire
Hendaye, le « Bichincho » est de retour
Hendaye, le « Bichincho » est de retour
© Manex Barace

| Manex Barace et ALC 830 mots

Hendaye, le « Bichincho » est de retour

L’ami Manex Barace nous envoie une belle photo de la réinstallation de cet ex-voto à l’église d’Hendaye avec ces précisions :
« De nos jours le nom de la maquette d’un morutier du XVIIe siècle s’écrirait plutôt Bixintxo. Successeur de l’ex-voto construit et placé sous la voute de l’église Saint-Vincent en 1613, l’actuel Bichincho date de 1949. Construit à la demande du Syndicat des marins-pêcheurs associé aux gens vivant des produits de la mer, il avait été redescendu pour des raisons de sécurité dans les années 80. Dûment rénové, il a retrouvé place sous la voute de l’église d’Hendaye, symboliquement libéré par le curé, l’abbé Jean-Marc Lavigne, et le maire Kotte Ecenarro, le jour de la Saint-Vincent 2017 ».
L’occasion pour nous de rappeler l’existence des beaux ex-voto « marins » dans les autres églises de la côte basque ; par exemple à l'église Sainte-Anne proche de la plage hendayaise qui est décorée d'une ancienne barque de pêche et de filets.
L’un des vaisseaux les plus connus se trouve à l‘église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz : il s’agit – à notre connaissance – du seul exemplaire de maquette de bateau à aubes représenté dans notre région. Contrairement à ce que pourrait nous faire accroire la filmologie hollywoodienne, celui de Saint-Jean-de-Luz ne remontait pas le Mississipi, mais la « tradition » voudrait qu’il ait été offert par l'impératrice Eugénie, en souvenir d'une sortie en mer sur le yacht impérial où elle avait failli se noyer avec le prince impérial – ils avaient été sauvés d’extrême justesse par un marin qui y laissa la vie -. Mais il se dit également que cette magnifique maquette à la coque noire et verte, avec une figure de proue féminine, sur laquelle on distingue des marins sur le pont et dans les canots (et qui a pour nom « S.M. l'Impératrice Eugénie ») aurait plutôt été offerte par un marin terre-neuva de Ciboure au retour d'une pêche « miraculeuse »…
Sans oublier que la Compagnie Générale Transatlantique avait également lancé sous le Second Empire le premier paquebot transatlantique construit en France, un bateau à aubes qui avait pour nom « Impératrice Eugénie ». Accrochée à un câble, cette célèbre maquette luzienne est sensée – suivant son orientation – indiquer les « variations climatiques » !
A Urrugne, la chapelle Notre-Dame de Sokorri (1627) aurait été construite en vertu du vœu des marins ayant combattu lors du fameux siège de La Rochelle par le cardinal Richelieu. Détruite (comme il se doit) en 1793 par le vandalisme de la révolution française, la chapelle avait été reconstruite depuis lors.
Il y a encore les chapelles votives de Sare d’où étaient issus de nombreux marins qui remerciaient ainsi la Bonne Mère de les avoir ramenéss à bon port, au pays natal, parfois avec un œil ou un membre en moins !
A Ciboure, c'est un quatre-mâts de la catégorie des clippers transatlantiques, à la coque taillée dans la masse et comportant à l'arrière l’inscription « Bixintxo – 1932 » (comme à Hendaye, Bixintxo - Saint-Vincent est le patron de la paroisse). Et comme les marins de Saint Jean de Luz qui célèbrent la Fête Dieu en même temps que les Rois Mages à l’Epiphanie pour une question de calendrier des pêches, Ciboure possède pour le même motif, une fête Dieu décalée en hiver à la date du 22 janvier (jour de la Saint Vincent) : ce jour-là, au cours de la procession, les marins portent une barque sur leurs épaules.
A Guéthary, la nef de l’église Saint Nicolas comporte également un ex-voto en forme de trois-mâts nommé « Nicolas », à la coque vert - noir - rouge surmontée de voiles déployées.
Bidart : c’est un deux mâts goélette à la coque rouge et noire qui orne la voûte de l’église Notre-Dame de l'Assomption.
A Biarritz, l’église Sainte-Eugénie porte suspendu à sa voûte la maquette fin XVIIIème d’un navire de guerre trois-mâts carré nommé « La Mathilde », à la proue figurant un homme barbu, et armé de nombreux canons de sabord sur deux ponts.
Vers l’intérieur du Labourd, l'église Notre-Dame de l'Assomption à Ascain garde un ex-voto représentant un trois-mâts carré (fin XIXème) portant le nom d’« Assomption », semblable aux morutiers basques, alors que l’église Saint-Barthélemy de Bassussarry possède une goélette immatriculée à Saint-Pierre et Miquelon (où se trouvait le célèbre armement basque des Légasse) et que l’église Notre-Dame de l'Assomption à Urt présente un trois-mâts carré avec brigantine construit sur place aux chantiers Lamagdelaine et offert à la paroisse par la société mutualiste Saint-Nicolas : « l'idée était de demander la protection du ciel pour les pêcheurs et pour les constructeurs de bateaux ahurtar (d’Urt, en basque). « En septembre, était célébrée la fête des pêcheurs. Une procession partait de l'église, précédée par un bateau "ex-voto", porté par quatre jeunes pêcheurs, et accompagnée de la clique. La procession descendait au port, par l'actuelle avenue de l'Adour, au son des chants de la chorale. Le clergé et les enfants de chœur montaient alors dans une galupe. Après la messe (dite face à l'Adour) les bateaux présents étaient bénis ainsi que les filets et les flots du fleuve ».
Recueilli par ALC

Répondre à () :

Gabriel.de Peyrecave | 26/01/2017 20:36

"Détruite (comme il se doit) en 1793 par le vandalisme de la révolution française, la chapelle avait été reconstruite depuis lors...." Excellent article ! Et il est vrai que la révolution française n'a pas été une bonne chose pour la France ...et le pays basque.

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