A - Sauver la mer des hommes, et des espèces
Sauver les espèces de dauphins est devenu une priorité européenne imposée aux propriétaires de 300 bateaux tenus pendant quatre semaines à rester à quai sur la côte atlantique et biscayenne.
Depuis le Finistère breton l'interdiction de pêche va immobiliser le matériel et les hommes jusqu'à la frontière espagnole pour la seconde année d'affilée. Pour la première fois, suivant une injonction du Conseil d'Etat, la mesure fut prise sur les avis d'Associations de protection des espèces et de l'environnement marin concerné. Prévue pour trois hivers successifs, elle vise à limiter les captures de petits cétacés par accident de pêche.
Le nombre de dauphins morts dans les filets lors de pêche dépasserait le nombre soutenable de 4900 animaux par an, fixé par le Conseil international pour l'exploration de la mer, qui est un organisme de référence. "L'Interdit met les pêcheurs en colère, car laisser des marins à quai a un impact psychologique bien que les professionnels de la mer s'attendaient au renouvellement de la mesure pour des navires de plus de huit mètres dotés de filets pélagiques de format conique trainés entre la surface et le fond, ou de chaluts de fond tirés par deux bateaux utilisant certains autres filets sur mesure." Adoptée en parallèle par la Commission Européenne et applicable en 2025 aux navires français et étrangers . la mesure fut confirmée le 30 décembre 2024 par le Conseil d'Etat..
Le juge administratif s'est appuyé notamment sur les données d'échouages de cétacés en recrudescence depuis 2016. réunies par Pelagis. Un observatoire des mammifères et espèces marines étudie à la Rochelle CNRS, ces données permettent d'établir un premier bilan de la mesure.
Dans un Rapport de novembre 2024, les scientifiques de Pélagis notent une nette diminution du taux de dépouilles de petits cétacés présentant des traces de captures par des engins au cours de l'hiver 2023-2024 par rapport aux hivers précédents. Un taux qui avait pu atteindre le seuil de 90 % lors des précédents mois d'hiver, et fluctue depuis 2016 plutôt entre 50 et 80 %, en baisse à 29 % pour la fermeture des pêches de 2024. Les enquêteurs estiment à 1450 le nombre "de dauphins communs", morts à la suite d'une capture accidentelle entre le 1er décembre 2023 et le 31 mars 2024. depuis l'ensemble des eaux de la Manche ouest et des eaux de Gascogne. Au cours des campagnes précédentes, la moyenne tournait à 6100 captures de dauphins estimées.
Pour Pelagis, ces chiffres confirment à charge l'efficacité de la fermeture des pêches pour la protection des espèces les plus exposées aux engins les plus dangereux pour la survie de ces cétacés .en 2024. Mais une inconnue demeure, le faible taux de capture de ces espèces est observable dès décembre 2023 avant l'arrêt d'activité qui suit, les chercheurs de Pélagis - La Rochelle émettent des hypothèses comme la distribution des dauphins et de leurs proies, les pics de mortalité qui peuvent avoir lieu à différents moments de l'hiver, le choix et le moment de fermeture sont aussi fonction de ces critères de la mortalité important pour la suite de l'observation.
"Dès lors les conclusions de Pélagis se discutent entre professionnels, de l'Union française des pécheurs artisans, ou le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins qui critiquent le taux bas des nécropsies pratiquées sur les carcasses échouées et examinables soit 6 % du total."
La fermeture a des conséquences économiques inévitables sur le chiffre d'affaires des pêcheurs évaluée à trente millions d'euros. Il faudra indemniser à hauteur de 80 à 85 % la perte du chiffre d'affaires concerné, une mesure reconduite en 2025. Elle est raisonnable, dit Serge Larzabal, vice président du comité des pêches maritimes. Dans quels délais, s'interroge la profession ? Une question par les temps que nous vivons de premier intérêt !
L'enveloppe prévue serait augmentée selon le ministre chargé de la mer, à un million d'euros, pour atteindre 20 millions d'euros ce qui toucherait aussi les mareyeurs,
Mais quel avenir dessiner pour le métier de la pêche et les ambitions des professionnels en vue de la protection des espèces marines outre les dauphins afin de protéger encore toutes les ressources ?
On évoque les méthodes de pêche, l'extension de un à plusieurs mois de la mesure préventive de l'hiver, pour inviter le métier à prendre en main des enjeux écologiques déterminants pour l'environnement des espèces. Pour des praticiens de la mer conscients ou avisés sur les enjeux du métier de ces hommes de mer et de terrain !
Eloigner les dauphins des bateaux de pêche qui sont pour eux le réservoir naturel de leur pitance marine, revenir aux pratiques normales et naturelles des pêches traditionnelles, demeurent de telles ambitions, car selon les professionnels, des mesures répressives ne développent pas des conduites responsables des hommes de mer, aguerris à des métiers, habitués à l'effort et l'enjeu vital de leur horizon environnemental !
La tentation de placer des caméras de surveillance sur les embarcations au su des mouvements de dauphins alentour ne semble satisfaire les intéressés, peu disposés à voir les contrôles numériques interférer dans le métier en mer et en mission.
B - Le Golfe de Gascogne-Biscaye, de labeur et d'histoire passée
Ce bassin de vie maritime croise rivières et cours d'eau numérique dans cette Baie de Biskaye - cantabrique dénommée ainsi par les autochtones.
De la Loire, les Charentes, la Garonne, la Dordogne, l'Adour, la Nivelle, la Bidassoa, Oiartzun, Urunea, Oria, Urola, Deba, Artibai, Lea, Oka, Nervion, Aguera, Ason Miera, Pas, Saja, Nansa, Deva, Sella, Nalon, Navia, Esva, Eo, Landro et Sor, l'eau fédère les territoires et les hommes.
Et les villes historiques qui bordent cette baie majestueuse portent les noms de Bordeaux, Bayonne, Biarritz, Nantes, La Rochelle, Donosti - Saint Sebastien, Bilbao, Santander, Gijon et Avilès et toutes les autres en sus, qui peuplent le front de mer et agglutinent les populations par la mer.
Le Golfe de Biscaye demeure encore un espace militaro-naval de combats guerriers historiques, d'affrontements passés entre les Anglais et les Espagnols, des guerres mondiales et d'un sous-marin soviétique disparu lors d'un incendie à bord en avril 1970 et portant des armes nucléaires en ses bagages militaires, qui reposerait dans les profondeurs de la baie de Biscaye, que les nageurs-plongeurs des profondeurs qualifient d'abyssales...
On en devine la densité de la vie marine du site jusque les milliers de mètres de profondeur où se revivifie sans cesse le cycle de la nature et des espèces marines en transit ou en mouvement en ce monde invisible si méconnu de tous.
La Bio-Biscaye, auteur d'un livre intitulé "Baie de Biscaye, richesse méconnue et diversité", embrasse une richesse selon Marie-Noëlle Casamajor, de l'association de plongée sous-marine de Tarbes, dont les photos et le récit présentent un intérêt pédagogique.
On y trouve des algues, des éponges, des cnidaires, des vers, des mollusques, des bryozoatres, des arthropodes, des échinodermes, des ascidies et des poissons dans la survie de ce patrimoine naturel marin d'importance.
Les milieux et paysages sont filmés et reproduits, et nombre de curiosités sous-marines qui firent jadis l'objet de reportages de télévision exceptionnels. On compte bien 70 espèces distinctes de poissons recensées par Ifremer, qui ajoute le chiffre de 224 à ses campagnes d'études engagées in situ par ses chercheurs et biologistes.
On note ainsi la môle, l'espadon, le requin pèlerin, le thunnus thynnus dit thon rouge, l'aiglefin, le requin lézard, le saumon atlantique, le requin mako, la morue de l'atlantique, le requin longimane, le bar commun, la lieu glane, le requin bleu, le turbot, l'aiguillot, le thon blanc, la truite, l'anguille d'Europe, le saint pierre, l'hoplosthète rouge, le maquereau, le veau de mer, le bèlone aiguillette, la sole, la vélelle, le lieu noir, le diable de mer, la lingue blanche, le hareng, la baudroie, le congre, le bogue, le mulet cabot, le crabe enragé, l'étoile de mer, la plie commune, l'anchois, le brême, le trachurus, le cancer ou le crabe dormeur, l'anchois et le merlu.
Sous un nom scientifique ou celui emprunté aux pécheurs eux-mêmes, le patrimoine marin du Golfe de Gascogne (appellation française) que les Espagnols nomment cantabrique, ou baie de Biscaye, de passage, de transhumance et de circulation dans le monde marin aussi dense que le front de mer chez les humains lors de ces saisons hivernales pour les uns et l'été pour d'autres !