Nous annoncions la semaine dernière dans « La Lettre » la commémoration du Génocide des Arméniens organisée par AgurArménie, association culturelle France Arménie du Pays Basque, ce samedi 24 avril à 11h au Monument aux Morts de Biarritz. La cérémonie se déroulera en présence du Sous-Préfet de Bayonne, de Madame le maire de Biarritz Maider Arostéguy, du sénateur Max Brisson, du député Vincent Bru, du consul (h) de Russie et du président d’AgurArménie Clément Parakian entouré des membres du bureau de l'association.
En cette année encore particulière, l'Association AgurArménie demande de s’associer par la pensée, à l’hommage aux martyrs de ce génocide et à leurs enfants qui portent la douleur d’une tragédie niée par l’État turc et par 80 % des États du monde.
La commémoration du 24 avril entre désormais dans le cadre des manifestations officielles de l’État français, mais avec une limite présentielle et distancielle dans le respect des règles en vigueur cette année encore.
Le Génocide des Arméniens : 106ème anniversaire, 24 avril 1915 - 24 avril 2021
1894 / 1896 - Les premières exactions du Sultan Abdul Hamid, excédé par les pressions occidentales qui souhaitaient que l’Empire ottoman adoptât des réformes pour améliorer le sort lamentable des populations chrétiennes, firent 300 000 victimes arméniennes. Toute la classe intellectuelle et politique française s’insurgea contre cette élimination brutale : mon arrière-grand-oncle Eugène de Roberty de La Cerda avait participé à la rédaction du journal bimensuel Pro Armenia, créé en 1900 en faveur de la cause arménienne, avec Charles Péguy et Marcel Proust. Jean Jaurès, Anatole France, Georges Clemenceau, Georges Duhamel, et tant d’autres les rejoignirent, qui qualifièrent le sultan de « Grand Saigneur » ou de « Sultan rouge ». Ce fut la première étape du désastre des Arméniens.
1909 - Un gouvernement ottoman appelé « Jeunes Turcs », renversa le sultan sanguinaire et suscita l’émotion et l’espoir des Chrétiens de l’Empire ottoman. Mais en 1909, la rage nationaliste se développa de nouveau et ce gouvernement déclencha les massacres d’Adana qui firent 30 000 victimes. Ce fut la deuxième étape de l’élimination des Arméniens.
24 avril 1915 - Profitant du chaos de la 1ère Guerre mondiale, un plan dûment ourdi par Talaat (ministre de l’Intérieur), Enver (ministre de la Guerre) et Djemal (ministre de la Marine) entraîna l’élimination, dans la nuit du 24 avril 1915, des 600 intellectuels d’Istanbul, puis l’assassinat des hommes par petits groupes, séparés de leur famille, et enfin la déportation et le massacre programmés des populations restantes composées de femmes, d’enfants et de vieillards.
C’est ainsi que disparurent dans la phase ultime du génocide, 1 500 000 Arméniens, 300 000 Grecs Pontiques, 250 000 Assyro-Chaldéens et 100 000 Syriaques chrétiens. Après ces différentes phases de l’élimination, la population chrétienne de 30 % dans les années 1915, est passée à 0,01 % dans la Turquie actuelle !
Les descendants des survivants commémorent ce 24 avril 2021, le 106ème anniversaire du premier Génocide du XXème siècle.
Pour l’association AgurArménie, « ces 106 années pendant lesquelles les gouvernements successifs turcs, héritiers des criminels de 1915 ont nié la réalité de ce génocide, pourtant attesté par d’innombrables témoignages et qui servit de modèle aux nazis pour la mise en œuvre de la Shoah »...
Cette commémoration est à la mesure des événements qui ont certes connu leur « pic » il y a plus d’un siècle, mais qui n’en déroulent pas moins leurs prolongements dramatiques à notre époque, comme en témoigne la récente agression de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Nagorny Karabagh.
Je me souviens que lors de la commémoration du centenaire du génocide arménien, la Turquie avait rappelé son ambassadeur à Vienne, en Autriche, interdit le survol de son territoire au président d’une république balkanique se rendant en Arménie à cette occasion et rappelé « pour consultation » son ambassadeur au Vatican, après que le pape François eut qualifié les massacres des Arméniens de « génocide » en la Basilique Saint-Pierre de Rome. Avec raison, le chef de l’Eglise catholique avait rapproché cette mémoire de l’immense abomination de ce que « l’État islamique », dans les mêmes délires de cruauté sadique que les exterminateurs de 1915, avaient fait subir « à nos frères et sœurs sans défense, à cause de leur foi en Christ ou de leur appartenance ethnique, publiquement et atrocement tués, décapités, crucifiés, brûlés vifs… ».
L’accélération des persécutions
Aujourd’hui, dans le monde, sur cent personnes qui meurent pour leur foi, plus de soixante-quinze sont des chrétiens. Parmi eux, les chrétiens d’Orient, là même où vécut le Christ, paient le tribut le plus lourd. La communauté chaldéenne de Turquie, obligée de fuir son pays comme la majorité des chrétiens d’Irak où, depuis la fatale intervention américaine, la sécurité des religieux et des fidèles n’est plus assurée, la liste des victimes, avec tant d’authentiques martyrs, ne cesse de s’allonger.
Sans oublier le Liban où la situation incertaine des chrétiens suscite l’inquiétude malgré leur rôle inscrit dans la Constitution mais constamment contesté, ni les coptes d’Égypte, que les islamistes d’une Lybie livrée à l’Enfer (par l’intercession de Bernard Henri Lévy et l’intervention de Nicolas Sarkozy) décapitent ou brûlent : encore récemment, dans une vidéo de 13 minutes, l’organisation de l’Etat islamique opérant au Sinaï montrait l’assassinat de Nabil Habashi Salama, un chrétien copte orthodoxe de 62 ans qui avait participé à la reconstruction des églises détruites par les islamistes dans la région, tué froidement par balles à bout portant dans le désert.
Il y a encore les pogroms islamiques contre les Nigériens et les crimes des islamistes en Irak et en Syrie « génocidant » (ou, dans le « meilleur » des cas) livrant à l’esclavage la population chrétienne.
Et même parmi les drames de l’immigration en Méditerranée, je me souviens d’un épisode qui éclaire d’un jour nouveau ce phénomène, que la plupart des « grands » médias et autres « faiseurs d’opinion » font mine d’ignorer : d’un canot pneumatique transportant une centaine de migrants (essentiellement ivoiriens, maliens et sénégalais) douze d’entre eux avaient été jetés par-dessus bord en pleine mer et avaient péri noyés. Leur crime ? Être chrétiens ! C’est bien parce qu’ils confessaient leur foi dans le Christ que ces malheureux avaient subi ce sort abominable. Certains avaient échappé à la noyade grâce à une chaîne humaine ayant empêché leur éjection du canot. Le récit de ce crime qu’en firent les survivants à leur arrivée en Italie permit l’arrestation de certains de leurs assassins par la police locale qui, « n’ayant pas encore atteint notre niveau supérieur de novlangue » selon la juste remarque de l’avocat François Teutsch, s’était contentée d’expliquer « que les individus arrêtés étaient de confession musulmane ».