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Tradition
François de Sales, précurseur de l'information et patron des journalistes
François de Sales, précurseur de l'information et patron des journalistes

| François-Xavier Esponde 1022 mots

François de Sales, précurseur de l'information et patron des journalistes

Le 24 janvier selon le calendrier, on fête François de Sales, le patron des gens de presse, un pionnier en son temps de l’information religieuse qui engendra le goût de la nouvelle et des diffusions de l’écriture à grande échelle.

Dans « Le Génie du Christianisme » écrit par Chateaubriand lors de son exil forcé en Angleterre, en 1802 l’écrivain et homme politique français se fait l’apologue du christianisme, aussi menacé dans ses bases qu’il le fut maintes fois dans l’histoire du passé.

Dans un récit merveilleux au style que d’aucuns trouveront démodé, suranné ou que sais-je, dépassé, il écrit : “Nous voyons depuis le commencement des siècles les rois, les héros, les hommes éclatants devenir les Dieux des nations.

Mais voici que le fils d’un charpentier, dans un petit coin de la Judée, est un modèle.
Il préfère l’esclave au maitre, le pauvre au riche, le lépreux à l’homme sain ; tout ce qui pleure, tout ce qui a des plaies, tout ce qui est abandonné du monde fait ses délices.

La puissance, la fortune sont au contraire menacées par lui.
Il renverse les notions communes de la morale, il établit des relations nouvelles entre les hommes. Un nouveau droit des gens, une nouvelle foi publique, il élève ainsi sa divinité, triomphe de la religion des Césars, s’assied sur leur trône, et parvient à subjuguer la terre.

Non, quand la voix du monde entier s’élèverait contre Jésus Christ, quand toutes les lumières de la philosophie se réuniraient contre ses dogmes, jamais on ne nous persuadera qu’une religion fondée sur une pareille base soit une religion humaine.

Celui qui a pu faire adorer une croix, celui qui a offert pour objet de culte aux hommes l’humanité souffrante, la vertu persécutée, celui là nous le jurons, ne saurait être qu’un Dieu.”
Un tel récit prophétique traverse le cours du passé de l’Eglise et du présent qui nous habite.
L’Eternel se révèle dans sa Parole et la Bible recueille ce récit millénaire jusqu’à nous.

Cette rencontre inédite n’a pris la forme d’une apparition miraculeuse que par celle d’une interpellation d’un message qui renvoie l’auditoire à la source.
Dieu se révèle comme Parole qu’aucune image ne saurait représenter, soumettre ni subjuguer.
La parole transmise est un gage de fidélité, de transmission et du dialogue acquis par l’échange de son contenu.

De la colère des jours, des lassitudes du passé, des envolées lyriques des réjouissances aimantes de nos passions fulgurantes, le coeur humain n’a cesse d’accéder à la source de cette provenance pour nouer une alliance avec le nôtre.

La Bible et ses pléiades de livres de toutes singularités déploient les facettes d’une humanité amoureuse insatiable et en attente infinie. En inscrivant la Parole Biblique dans un registre inhabituel de la pensée humaine, le pape François rappelait en 2019 que “tout est orienté vers cette finalité inscrite dans la nature même de la Bible composée comme histoire du salut dans laquelle Dieu parle et agit pour rencontrer tous les hommes et vouloir les sauver du mal et de toute mort.
La Bible, le livre inégalé de l’histoire de l’humanité non comme une dictée fidèle de la volonté divine, demeure  sujet d’inspiration des conduites humaines.

Le projet divin se tient dans sa parole, se réfléchit dans le silence et se dévoile par le souffle de celui qui emprunte son inspiration pour livrer sa vérité.

Les grands mystiques de la pensée chrétienne étaient des moines, des silencieux et des priants. Ils furent témoins privilégiés à un moment précis de l’histoire de l’Eglise, des messagers d’une Parole qui les rendirent audibles, persuasifs et convaincus de leur adhésion libre et personnelle à la Foi.

François de Sales est cité de la sorte comme un acteur engagé et convaincu de cette parole.
Dans une histoire religieuse mouvementée, au milieu des pires adversités, et de luttes chrétiennes intestines où Réformés et Catholiques, réformateurs et contre-réformateurs s’affrontaient sur le devant de la scène et dans les parvis de la parole publique, le quêteur spirituel et journaliste de son temps n’hésita pas à arborer les échanges directs avec ses principaux opposants sur des questions religieuses et des dispositions sociales divergentes, où chacun comprenait le bénéfice des discussions et des appartenances au seul profit de la vérité.

Les questions disputées ou controverses alimentèrent le goût des débats. Placardant ces idées sur les portes des églises, François de Sales fut un précurseur de la nouvelle religieuse.
Objet de menace, plusieurs fois soumis à des brimades verbales et physiques, il arbora le courage de l’information qu’en ces temps historiques passés on qualifiait de provocation, et pire encore, de dévoiement de la vérité sur des sujets graves et divergents entre réformés et catholiques.

En ce cas, le sujet même de la prédestination des âmes des défunts que certains jetaient aux pires destinées du feu éternel et que l’auteur spirituel ne pouvait admettre de ses pires détracteurs du temps.
Homme de paix, de dialogue et pacifiant, l’auteur de la Vie dévote, le livre qui n’était sans doute pas destiné au grand public, mais fut rendu public en raison des possibilités d’imprimer à grande échelle ses écrits, eut un retentissement considérable dans la communauté des chrétiens de toutes origines.

François de Sales avait compris comme un pionnier pour son temps le dividende de l’impression des idées, des nouvelles et des informations qui dépassèrent les ambitions de l’auteur et devinrent des réseaux de propagation à plus grande échelle.
Paradoxe du passé, ce furent les sujets de controverses religieuses avec les protestants qui aiguisèrent de la part de l’auteur ce goût de l’information pour le peuple chrétien, qui reposait pour nombre d’entre eux sur des postures arrimées à des pouvoirs locaux peu ou pas informés des véritables enjeux et débats qui divisaient les esprits sur la doctrine chrétienne proprement dite.

L’histoire aurait-elle conservé de telles récurrences encore aujourd’hui ?

Les questions religieuses, aujourd'hui revisitées autour de la laïcité, du séparatisme des cultes, et des prévenances que l’autorité cherche à instruire dans l’espace public, prouvent amplement la pertinence de ces enjeux de société dans nos pays occidentaux en mal vivre avec la Foi des uns et la défiance des autres pour quelque appartenance philosophique à ces familles de pensée.

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Vitrail de saint François de Sales ©
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