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Société
"Fin de vie trop coûteuse" : Attali or not Attali ? Voyez « Libé »…
"Fin de vie trop coûteuse" : Attali or not Attali ? Voyez « Libé »…

| Alexandre de La Cerda 913 mots

"Fin de vie trop coûteuse" : Attali or not Attali ? Voyez « Libé »…

Un récent éditorial de Yaël Goosz entendu sur France Inter
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/l-edito-politique-du-mardi-02-avril-2024-3533888
pourfendait littéralement la position des évêques de France, en particulier l’article de Mgr de Moulins-Beaufort dans « La Tribune-dimanche » regrettant l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, et celui de Mgr Rougé dans « Le Point » dénonçant une « société qui constitutionnalise la culture de mort ». 
Soucieux dans nombre de ses éditoriaux de ne surtout pas s’éloigner des « directives d’Emmanuel Macron » ni de l’idéologie « woke-mondialiste » qui l’inspire, le chef du service politique de la radio d’État financée sur nos impôts dénonçait ainsi « une Eglise qui, faute de relais moins « dogmatiques », a toujours du mal à vivre dans son temps… ».

La question revient donc « d’actualité » depuis que l’on tente d’établir un « paravent sociétal » à base d’avortement et d’euthanasie pour détourner l’attention de la faillite économique dans laquelle patauge la France, agrémentée d’une sécurité du quotidien – cadre de vie – toujours plus précaire...

Je me souviens d’avoir moi-même évoqué les déclarations à ce sujet du « grand gourou » sociétal et politique qui anime nos dirigeants et inspire nos « moralistes », en l’occurrence Jacques Attali : c’était dans un de mes éditos d’il y a une quinzaine d’années, publié dans l’hebdomadaire régional - lorsqu’il avait encore de la consistance et « quelque sens » !

Or, en fouillant sur Internet, je tombe sur cet article du quotidien « Libération » publié le 12 octobre 2018 sous la signature d’Emma Donada, qui infirme « la rumeur selon laquelle Jacques Attali promeut l’euthanasie des personnes âgées très répandue dans de nombreux sites et vidéos sur le Net ».
Et à l’appui de ses dénégations, que cite donc mon estimée consœur de « Libé » ?
Et bien, « un recueil d'entretiens mené par Michel Salomon sorti il y a près de 30 ans, en 1981, et intitulé «l'avenir de la vie» ( coll. Les Visages de l'avenir, ed. Seghers) auquel l'essayiste (Attali) avait participé ».

Et d'admettre qu'on retrouve bien une phrase concernant les personnes de plus de 65 ans. Jacques Attali était alors interrogé par Michel Salomon sur l'allongement de la durée de la vie, et voici la réponse d'Attali :
[…] dès qu'on dépasse 60/65 ans, l'homme vit plus longtemps qu'il ne produit et il coûte alors cher à la société. D'où je crois que dans la logique même de la société industrielle, l'objectif ne va plus être d'allonger l'espérance de vie, mais de faire en sorte qu'à l'intérieur même d'une durée de vie déterminée, l'homme vive le mieux possible mais de telle sorte que les dépenses de santé seront les plus réduites possible en termes de coûts pour la collectivité ».

Quelques lignes plus loin, il écrit : « en effet du point de vue de la société, il est bien préférable que la machine humaine s'arrête brutalement plutôt qu'elle ne se détériore progressivement ». 
Et d'ajouter : « je suis pour ma part, en tant que socialiste, objectivement contre l'allongement de la vie parce que c'est un leurre, un faux problème ».
«L'euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c'est la liberté et la liberté fondamentale, c'est le suicide ; en conséquence le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société.
Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l'euthanasie, qu'elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera un des règles de la société future», imaginait donc Jacques Attali en 1981.

Nos lecteurs déduiront eux-mêmes ce que l’on peut penser des propos de Jacques Attali énoncés il y a plus de 40 ans… Actuellement, leur auteur - dont « Le Monde » indique par ailleurs « qu'il flirte avec le pouvoir depuis l'ère Mitterrand » (30 juin 2023) -, inspire autant nos dirigeants et « influenceurs » divers, en étant âgé d’un peu plus de… 80 ans !

Pour ma part, je me référerai plutôt au message de Pâques de l’évêque de Bayonne, Mgr Aillet, que nous publions par ailleurs dans cette « Lettre ».
Ou celui de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez, alertant à son tour contre le danger d’une loi légalisant l’aide active à mourir :
« Au moment où les chrétiens célèbrent la fête de Pâques comme la victoire de la vie sur la mort, notre société s’évertue à faciliter la mort des enfants à naître et à accélérer celle des malades ou de nos grands aînés en phase terminale.

C’est pour moi un mystère de constater que depuis près de 50 ans, la législation grignote toujours un peu plus le respect de la vie. D’où vient-il que nous n’aimions pas la vie des plus faibles ? Ou, pour le dire autrement, comment se fait-il que nous préférions notre propre vie à celle des plus fragiles ?
Quel contraste de célébrer Pâques entre l’inscription de la liberté d’avorter dans la constitution et la promotion de l’aide active à mourir au nom d’une pseudo fraternité ! Pour les chrétiens, la Pâque fait mémoire de Celui qui a préféré se faire le plus faible jusqu’à mourir lui-même pour que nous ayons la vie par-delà la mort.

Puissions-nous retrouver ce goût de la vie et de l’accompagnement de toute vie. Tenir la main de notre parent jusqu’à son dernier souffle fait autrement du bien que de pousser la seringue pour abréger sa vie ».

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