Centenaire de la première séance de l’Académie royale de la langue basque « Euskaltzaindia » à Saint-Sébastien
Une cérémonie aura lieu ce samedi à Donostia/Saint-Sébastien à l’occasion du centenaire de la première séance de l’Académie royale de la langue basque « Euskaltzaindia » à Saint-Sébastien en octobre 1919. Rappelons que l’académie de la langue basque était née comme branche scientifique autonome de la Société d’études basques Eusko Ikaskuntza lors de son premier congrès tenu à Oñati du 1er au 8 septembre 1918, à l’initiative de la Députation de Biscaye.
Le roi d’Espagne Alphonse XIII, président d'honneur de la manifestation, avait participé à l'acte inaugural, en encourageant dans son discours « l'étude et la promotion de tout ce qui peut contribuer à l'avancement et au progrès du pays ; cultivez votre langue, le millénaire et vénérable euskera, joyau précieux du trésor de l'humanité, que vous avez reçu de vos parents et que vous devez léguer, indemne à vos enfants ; étudiez votre histoire pour qu'elle ne s’avilisse jamais ; améliorez vos champs, faîtes croître vos industries, répandez votre commerce, enrichissez vos précieux acquis dans les arts et les sciences »… Et le 26 février 1976, soit à l’avènement du roi Juan Carlos, Euskaltzaindia a été reconnue officiellement en Espagne en obtenant le statut d'« Académie royale » (Real Academia). En France, l'Académie n’a été reconnue « d'utilité publique » qu’en 1995, soit 19 ans plus tard...
Assurer l'avenir de l'euskara
Dès sa création, Euskaltzaindia s'était donné comme objectif de constituer une langue littéraire. Déterminer une orthographe, actualiser le vocabulaire, définir des axes communs à tous les bascophones et bien d'autres sujets devaient être abordés pour que l'euskara ait un avenir. Mais on n'arrivait pas à se mettre d'accord sur comment faire l'euskara batua, en fonction de quoi, quelles priorités, sur quoi se baser. Ils craignaient de perdre la richesse des dialectes de l'euskara.
La nécessité de l'euskara batua se faisait plus prégnante dans les années 60. Txillardegi, entouré de quelques autres, assuma cette tâche. Ils constituèrent un groupe de travail qui travailla pendant près d'un an, au Petit Bayonne, sous la houlette d'Euskal Idazkaritza. Enfin, les résultats des travaux de ce groupe constituèrent la première base de l'euskara batua, qu'ils présentèrent à une quarantaine de défenseurs de l'euskara réunis dans les locaux d'Euskal Idazkaritza. Le député-maire de l’époque, le docteur Henri Grenet et les élus, leur avaient souhaité la bienvenue à l'Hôtel de Ville. Xarles Videgain, vice-président d'Euskaltzaindia, avait rappelé l’année dernière, lors d’une exposition « commémorative » au Musée Basque « à Bayonne, au mois d'août 1964, à l'initiative de Txillardegi et d'Euskal Idazkaritza, les premières bases de l'euskara batua furent posées par des décisions présentées suite à un travail de groupe. L'idée de l'euskara batua avait commencé à germer quelques années plus tôt pour enfin voir le jour à Bayonne. Puis, dans les années qui suivirent, ayant validé les décisions de Bayonne, Euskaltzaindia organisa l'Assemblée d'Arantzazu. Depuis, l'euskara s'est bien répandu à l'ensemble de la société basque ».
En dehors des travaux habituels concernant l’étymologie et la publication de dictionnaires (elle vient de publier un « Dictionnaire historique et étymologique basque » qui sera présenté – avec traduction simultanée en français - mardi 8 octobre prochain à 10 h 30 à l’Université de Bayonne), les « euskaltzain » sont souvent sollicités lors de nouvelles dénominations de lieux : ainsi, il y a un an, la Communauté d’Agglo Pays Basque avait-elle adopté une convention de partenariat reconnaissant l’académie de la langue basque Euskaltzaindia comme l’institution fixant les normes linguistiques de l’euskara. La signature de cette convention par Jean-René Etchegaray, président de la Communauté Pays Basque et Andres Urrutia, président d’Euskaltzaindia, concerne entre autres les règles toponymiques régissant la désignation des lieux sur le territoire, l’Académie répondant aux demandes de la Communauté Pays Basque via l’Office public de la langue basque. L’institution veille également à faire connaître les travaux d’Euskaltzaindia.
Et pour en revenir à la commémoration de son centenaire, la pièce « Gero » (futur, en basque) sera jouée ce mardi 8 octobre à 14 h 30 au théâtre de Bayonne. L’histoire se déroule en l’an 3000 et met en scène « le dernier bascophone sur Terre » qui s’emploiera à renverser le cours d’une disparition programmée de l’euskera. Egalement la compagnie de danse Aukeran présentera sa création « Bi Hitza » (deux mots) consacrée à la langue basque / entrée 2 €, programme complet sur www.euskaltzaindia.eus