Dans son atelier des Landes, seul avec ses toiles et son matou Nikita, l’artiste-peintre Antoine de Gorostarzu dévoile au fil de ses œuvres l’histoire de sa famille.
Gorostarzu signifie en basque le « bosquet de houx ». La famille Gorostarzu est originaire d’Arizcun dans la vallée navarraise de Baztan dont les belles demeures sont ornées jusqu’à présent d’un blason à damier. Au milieu du XVème siècle, le roi Sanche VII attribua les armoiries à l’échiquier d’argent et de sable aux chefs de maisons baztandar pour les remercier de leur valeur au combat face aux Maures. Selon la légende, ce damier rappelle la partie de dames interrompue pour s’engager dans la bataille de Las Navas de Tolosa (1212). Plus tard, le statut de seigneurie leur fut accordé, puis confirmé par Charles III le Noble.
Au XVIIème siècle, à la faveur d’une union avec l’héritière de Harriaga, une branche des Gorostarzu s’installa à Espelette en Labourd. La famille s’illustra de personnages atypiques et d’aventuriers au destin pimenté ! A la fin du XIXème, Charles de Gorostarzu partit en mission en Chine et fut nommé Evêque d'Aïla, vicaire apostolique du Yunnan (Kunming). Il s’éteignit dans une île de l’Océan Indien.
Au début du siècle précédent, un corsaire du nom de Gorostarzu avait découvert avec l’explorateur Barthélémy Cabarrus en territoire canadien un morceau de la côte de l'île du Cap-Breton qu’ils baptiseront « Cabarrus ».
A l’époque révolutionnaire, le très fortuné négociant Jean de Gorostarzu s’était établi à Saint-Vincent-de-Tyrosse dans les Landes. Il y fit construire un château entouré d’un grand domaine. C’est sur les terres de cette grande propriété que se sont installés la plupart des membres actuels de cette branche de la famille dont fait partie Antoine.
Les premiers pas d’un peintre
Depuis son enfance parisienne, Antoine de Gorostarzu qui a hérité du tempérament artistique de son père Jean, griffonnait et peinturlurait. A l’adolescence, après avoir étudié les œuvres du Moyen-Âge au Musée de Cluny, il découvrit avec émotion les sculptures contemporaines de Giacometti. Un jour, à l’âge de 18 ans, il réalisa un dessin très « psychédélique » avec des personnages de bandes dessinés. Cette œuvre charnière de l’ex hippy & rocker en herbe Antoine libéra sa future vocation artistique.
Après des études parisiennes aux Beaux-Arts, Antoine rejoignit le giron familial landais et s’installa à Saubion dans l’annexe poétique du noble moulin de Puyanne construit au XIIème siècle, sous Jeanne d’Albret. Une charmante mais exiguë résidence estivale perdue dans la verdure et les marais bucoliques qui lui servait d’atelier et d’habitation !
Il y a plus d’une dizaine d’années, fuyant l’extrême humidité qui tâchait parfois ses tableaux au séchage, Antoine acheta un terrain au sec au cœur du village de Saubion pour y construire une ferme familiale du XIXe qu’il avait au préalable démontée. Le logis traditionnel aux murs de torchis composée de croisées « Saint-Jacques » à l’intérieur, fut entièrement reconstruit et agrandi très astucieusement par Antoine de Gorostarzu.
Cependant, préférant peindre et enseigner, le temps lui manque pour parachever cette reconstruction landaise. « Car l’art de la peinture ne s’apprend pas si vite ! », précise l’artiste qui a choisi de consacrer sa vie à l’art pictural. Déçu par l’enseignement de l’après 68 qu’il avait reçu lors de ses études aux Beaux-Arts à Paris, Antoine découvrit le lumineux ouvrage des « Techniques du tableau » de Marc Havel. « Cette étude m’a appris l’analyse scientifique de la couleur, de la morphologie, de la perspective, et le travail de la lumière », continue-t-il.
Peaufinant l’ouvrage qu’il a expérimenté, il inculque cette technique à ses élèves de l’Ecole d’Art de Bayonne où il enseigne depuis plus de quinze ans afin de partager ainsi ce savoir technique unique.
Ses couleurs transparentes et intenses à base de pigments naturels à l’huile qui se conservent à travers les siècles, se superposent en glacis pour obtenir des plans successifs aux perspectives fugitives d’un Vermeer. Entre ombre et lumière, surgissent les noirs sombres de situations théâtrales dignes d’un Caravage ou, plus hitchcockiennes, d’un Hopper dont une série de tableaux fut commandée par un mécène nantais à l’éclairage naturel, des scènes d’intérieur épurées.
Dans sa remarquable dernière toile de grande dimension, à l’image de ces clairs-obscurs, Antoine de Gorostarzu a mis en selle une cavalière. Cette composition épurée et contemporaine montre au premier plan la tête du cheval de course harnachée et bardée d’une tâche blanche sur le museau suggérant toute la puissance du mouvement par cet effet de mise en scène. Au second plan, en demi-teinte, la cavalière courbée, se fondant dans l’ombre du tableau, épouse l’élan du cheval en plein saut symbolisant ainsi le courage, la force et la pureté.
« En travaillant la lumière et la matière, je me désigne comme réaliste. Je ne suis pas un high-tech à la manière des hyperréalistes, j’essaie d’insuffler de la matière, une âme à mes œuvres ».
Pour des commandes ou des cours de dessin, contact Antoine de Gorostarzu : tél. 06 01 73 31 34
Article : Anne de MLC
Légendes
Antoine de Gorostarzu dans son atelier
« La Cavalière » 150 x 120 cm (huile)