Ce samedi 6 janvier à 18 h 30 à l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz, Michel Germain fera célébrer une messe en mémoire de Marie-France d’Abbadie d’Ithorrotz, récemment disparue, et dont il avait pris le relais en 2014 à la tête de la délégation Pays Basque et Béarn de l’Ordre de Malte.
Beaucoup se souviennent de cette grande dame originaire de Garris (son père en avait été le maire), fortement engagée dans les œuvres humanitaires de l’Ordre depuis 2004, « faisant montre d’allant, de générosité envers les plus démunis et de convivialité dans son action ». Particulièrement, pendant les semaines en faveur des handicapés et la journée mondiale contre la Lèpre (en collaboration avec la Fondation Raoul Follereau) on voyait Marie-France d’Abbadie quêter à la sortie des églises et des magasins et, à Saint-Jean-de-Luz, participer avec le Secours Catholique aux déjeuners offerts aux « sans abri ». Par ses actions en leur faveur pendant toute la période hivernale, l'Ordre continue ainsi sa lutte contre la précarité : transport d'urgence, maraudes dans la rue, petits déjeuners pour les personnes isolées, etc.. En été, notre généreuse amikuztar s’impliquait dans l’aide à la Maternité de la Sainte-Famille : à quelques minutes de marche de la grotte de la Nativité à Bethléem où Marie avait donné naissance au Christ il y a plus de 2000 ans, l’ancien hôpital français construit en 1896 et tenu par les filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul est actuellement dirigé par l'Association française de l'Ordre de Malte qui en assume la gestion, le coût et les services médicaux indispensables dans une contrée qui ne possède pas de service médical national. Depuis 1990, plus de 67 000 bébés y ont vu le jour. En 2010, Marie-France d’Abbadie d’Ithorrotz s’était vue remettre les insignes de « Dame de grâce magistrale » de l’Ordre souverain de Malte au cours d’une cérémonie solennelle qui avait eu pour cadre la splendide salle des Croisades au château de Versailles. « J’étais très émue, je prenais cet instant très à cœur, surtout lorsque j’ai lu ma profession devant le chancelier de l’Ordre et le Grand-Maître », nous avait alors confié Marie-France d’Abbadie d’Ithorrotz : « Avec l’aide de Dieu, l’intercession de Notre-Dame de Philerme et la protection de Saint Jean, je m’engage à avoir une conduite chrétienne exemplaire (…) et à consacrer, autant que je le pourrai, mon activité aux œuvres caritatives, hospitalières et sociales de l’Ordre ». Il s’agissait, au dire de Marie-France d’Abbadie, « d’ une incitation à redoubler d’efforts au service des œuvres de l'Ordre de Malte en s’occupant des pauvres et des malades, en vue de devenir une hospitalière, pour les accueillir avec dévouement »…
Moines, soldats et humanitaires
Ces causes (parmi tant d’autres) figurent parmi les engagements de l’Ordre de Malte : des professionnels de la santé secondés par de nombreux bénévoles assurent l’accueil et le service des enfants, adolescents et adultes handicapés au sein d’un centre pédiatrique de médecine physique et de rééducation, de trois maisons d’accueil spécialisées et d’un foyer d’accueil médicalisé. En y ajoutant un supplément d’âme grâce à des activités spirituelles, culturelles et sportives ! Les chevaliers de Malte luttent également contre les maladies infectieuses (en particulier la lèpre), accompagnent la formation à la santé (formation aux premiers secours, diplômes d’ambulancier) et s’attaquent à la précarité, dans l’assistance de proximité, l’accueil, la collecte et la distribution, aussi bien en France qu’à l’étranger. L’initiative d’un « Bateau Tremplin » pour la réinsertion de personnes marginalisées a d’ailleurs valu à l’Association des œuvres hospitalières françaises de l’Ordre de Malte (fondée en 1927) l’attribution d’un prix important de l’Institut de France.
Fondé en 1048 par des moines soldats pour prêter assistance aux pèlerins se rendant à Jérusalem, l’Ordre s'était ensuite replié à Rhodes en 1310, puis dans l’Ile de Malte en 1530 où il soutint héroïquement les multiples sièges et razzias des Turcs. Après un séjour à Saint-Pétersbourg où le chevaleresque empereur Paul Ier de Russie l’accueillit généreusement lorsque Napoléon occupa Malte en 1797, l’Ordre s’est fixé depuis 1834 à Rome où il jouit d'un statut d'extraterritorialité. Étrangement (mais est-ce si curieux ?), la France est le seul Etat qui n’ait pas reconnu sa souveraineté ! D’ailleurs, parallèlement à ses œuvres caritatives et hospitalières, l’Ordre ne néglige pas pour autant l’histoire extrêmement riche dont il est le dépositaire et le continuateur en organisant des conférences sur ce thème.
Alexandre de La Cerda