"Jeune danseur,
Je volais avec grâce
Vers des cimes lumineuses
Fildefériste ailé.
Et j’étais tour à tour,
Amant, cygne ou guerrier,
Ciel bleu, orages, vents et marées.
Arrive l’âge mûr,
Les exploits du corps triomphant
Deviennent germes
D’un travail souterrain
D’ensemencement.
Transformation.
Transmutation.
Le corps a pris des rides,
L’imaginaire s’enrichit de variations agiles.
Après l’apprentissage en plaisir et douleur
De ce langage universel, La Danse,
Mes gestes un peu plus lents,
Un peu moins amples,
Creusés par l’usure du corps,
Vont droit à l’essentiel.
Et, Puisqu’il y a, moins que jamais de temps à perdre,
Ils synthétisent et symbolisent
Les axes essentiels de la vie.
Ils questionnent le spectateur,
Et lui offrent des réponses
Sur la beauté fondamentale
Et la communication entre vivants.
Comme dans les philosophies orientales,
L’âge me confère, à moi, ‘’vieux’’ danseur,
La plénitude du sage,
Du guide,
Sur une ligne de métamorphose."
Luce Buchheit