« La Lettre du Pays Basque » est un hebdomadaire culturel qui se situe en dehors des déchirements & polémiques politiciennes… Mais dans notre région, comme en d’autres parties de la France, se pose avec acuité l’avenir de nos langues régionales bien malmenées depuis 1789, le quinquennat qui s’achève n’ayant hélas pas démérité du quotidien d’une république jacobine dans son essence…
On se souvient encore (il y a quelques années) d’un arrêté qui, modifiant le statut des langues régionales, les rétrogradait au rang « d’enseignements facultatifs » en faisant perdre aux élèves de quatrième et troisième en initiation au basque une heure hebdomadaire d’enseignement sur les trois heures dévolues actuellement.
Et plus près de nous dans le temps, une décision du Conseil Constitutionnel du 21 mai 2021 remettait gravement en cause l’enseignement immersif (ikastolak basques et calandretas gasconnes). Cette censure partielle de la Loi Molac en faveur des langues régionales constituait la négation totale de dizaines d’années d’engagement en faveur de l’Euskara. Au mépris affiché à l’encontre du choix des familles des 5000 élèves suivant un enseignement immersif au Pays Basque, se doublait celui exprimé à l’égard de notre territoire et de ses langues, provoquant une vague d’indignations et de mobilisations de toutes parts.
Dans une entrevue publiée par "L'Express", François Bayrou déclarait :
« Je ne sais pas si le Conseil constitutionnel s'est aperçu des conséquences de la décision qu'il a prise sur un sujet aussi brûlant, qui est vécu passionnément voire passionnellement par beaucoup de Français. Rayer d'un trait de plume les décennies d'efforts réalisés pour transmettre ces langues qui appartiennent au patrimoine linguistique français, est inconséquent, sans précédent et dangereux.
Replaçons la décision dans son contexte. Elle remet en cause l'existence des écoles immersives, dans lesquelles la langue régionale est le support de la vie de l'école et de la majorité des cours. Or, les pédagogues le savent : c'est par la pratique dans la vie de tous les jours que l'on apprend le mieux une langue - comme le fait un enfant dans son cercle familial, comme nous avons été, moi-même et tant d'autres, imprégnés du béarnais, du basque, du breton, du catalan, du corse, etc. Cette méthode consiste donc non pas à donner un cours sur ces langues mais à enseigner en ces langues, qu'il s'agisse des mathématiques, des sciences ou de l'histoire. Elle a bien évidemment une efficacité à nulle autre pareille. (...)
Non seulement les élèves qui suivent ce type de scolarité ne sont pas moins bons que les autres en français, mais ils sont meilleurs : c'est un constat objectif et scientifiquement établi ! »
Et à cet égard, Dieu merci, on ne peut que se féliciter de la réélection à Ploërmel en Bretagne de Paul Molac, député « indépendant » et auteur de la loi qui porte son nom, l’ayant facilement emporté au second tour avec 73,43 % des suffrages exprimés.
Et on ne peut que se réjouir de la confortable réélection dans notre Pays Basque (6ème circonscription) de Vincent Bru avec plus de 60 % des voix : ancien maire de Cambo (de 1995 à 2017) et conseiller au Parlement de Navarre ce maître de conférence en droit public et administratif à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour s’est toujours beaucoup investi dans la défense du Pays Basque en présidant l’Office public de la langue Basque et en s’impliquant dans le processus de paix au Pays Basque (avec en particulier un travail sur la questions des prisonniers).
Et dans ce domaine, le sénateur biarrot Max Brisson n’est pas de reste, lui aussi ancien président de l’Office public de la langue Basque.
Lors de l’annonce des résultats devant ses sympathisants réunis à Saint-Jean-de-Luz, Vincent Bru n’a pas manqué d’évoquer en compagnie de sa suppléante Maria François la proposition de loi sur le foncier agricole qu’il porte, les questions du logement et de la santé dans les Ehpad tout en assurant qu’il serait davantage présent dans sa circonscription. Et parmi ses priorités, Vincent Bru n’a pas manqué d’évoquer la langue basque !
D’ailleurs, la question va rapidement redevenir d’actualité avec une demande d’audience auprès des « nouvelles » autorités introduite par nos parlementaires...
En espérant que l'on saura dépasser les tendances qui prévalent en France depuis le 27 janvier 1794, lorsque, sur une proposition du député Bertrand Barère, la Convention décidait que le Français était la langue obligatoire pour tous les documents officiels : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, l'émigration et la haine de la république parlent allemand; la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreur ».
Et en espérant également que, malgré ses défaillances dans ce domaine, au moins l’Etat ne mettra pas de bâtons dans les roues aux collectivités locales qui heureusement lui suppléent, en particulier les efforts de nos parlementaires et les bonnes dispositions affichées par la Communauté d’Agglo Pays Basque et son président, Me Jean-René Etchegaray, également maire de Bayonne.