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| F.X.Esponde et ALC 1059 mots

Du département « basque » à l'EPCI, l’histoire semble s’accélérer !

« Le nouveau président de la nouvelle Communauté d’Agglomération Pays Basque, Jean René Etchegaray et le Lehendakari du gouvernement basque, Iñigo Urkullu, se rencontreront le 1er février à Bayonne » : ce jeudi, la nouvelle faisait la une de plusieurs média d’Euskadi. Les journaux soulignent que « l'ordre du jour de la réunion se limitera aux compétences de l’EPCI réunissant les communes d’Iparralde, à savoir, le développement économique, la langue basque, la gestion culturelle, l'environnement et les transports. Le gouvernement français, la région Aquitaine et le département des Pyrénées Atlantiques conservant les compétences de base de la santé, l'éducation, les affaires sociales, la planification urbaine, les routes et la mobilité ».

La présidente de la Navarre pourrait également se rendre à Bayonne prochainement. Jusqu’ici, les relations entre institutions basques des deux côtés de la muga passaient le plus souvent par le filtre de l’Euro-région Aquitaine Euskadi (que la Navarre vient de réintégrer) ou la Communauté de Travail des Pyrénées (notre photo). Quelles que soient les restrictions apportées aux pouvoirs de la nouvelle agglo basque du Nord qui a vu le jour le 1er janvier dernier, le tour accéléré des événements nous semble d’importance : François-Xavier Esponde nous en déroule la succession historique (voyez également dans notre rubrique « histoire » un épisode peu connu de ces revendications qui se rattache à la présence de Napoléon à Bayonne en 1808).

ALC

C’est bien une vieille revendication qui traverse le Pays Basque, la France et les Pyrénées depuis la révolution française. L’EPCI est le résultat d’un itinéraire long, laborieux, compliqué de plusieurs siècles...

Souvenons-nous, en 1790, le découpage administratif français en 83 départements dont celui des Basses-Pyrénées ne satisfait guère Joseph Garat, député du Labourd, qui proteste contre le sort fait au Pays Basque.

- Dès 1836, la CCI de l’époque appelle - sous la forme solennelle d’un « Mémoire au Roi » -, à la création d’un nouveau « département de l'Adour » ayant Bayonne pour chef-lieu et Mauléon et Dax comme sous-préfectures. Mais la réponse de l’Etat est négative.

- En septembre 1945, Jean Etcheverry-Aintchart, vice-président du Conseil Général des Basses-Pyrénées (élu député en octobre 1945) transmit à la première Assemblée Constituante un projet d’autonomie du Pays Basque dont « le territoire était constitué par celui contenu dans les limites des anciennes provinces de Labourd, Soule, Basse-Navarre et de la Ville de Bayonne ». Dirigé par un « Conseil Général composé de représentants élus par les cantons au suffrage universel direct pour quatre ans, des syndics des conseils provinciaux de Labourd, Soule, Basse-Navarre et du maire de Bayonne ». 

- 1947 : Louis Sallenave, maire de Pau, s’engage à aider Bayonne à devenir Préfecture, contre l’acception par la Chambre de Commerce bayonnaise de la création d’une CCI à Pau. Mais il faudra attendre 45 ans pour que les cantons de Mauléon et de Tardets relevant de la Chambre de Commerce de Pau soient rattachés à celle de Bayonne !

- L’idée d’un partage territorial basco béarnais fait son chemin chez les édiles et les parlementaires du 64.

- En 1974, la même demande est portée dans l’espace public et, dès 1980, le groupe socialiste propose l’idée d’un département Pays Basque reprise par le candidat à la présidentielle François Mitterrand en 1981, comme la 51ème de ses 101 propositions. D’aucuns s’en réjouissent mais les décisionnaires sont réservés.

- En 1991 Mauléon et Tardets sont rattachés à la CCI de Bayonne et quitte celle de Pau.

- En 1994, dépôt d’un amendement – sans succès - du député garaztar Michel Inchauspe instituant une région des Pays de l’Adour (les « 3 B » ressuscités : Basque-Béarn-Bigorre) avec création d’un département Pays Basque, mais son idée semble encore utopique et loin des esprits les plus hostiles à la proposition venant d’un gaulliste, de surcroit ministre de la république française…

- Jacques Saint Martin, président de la CCI de Bayonne, ajoute son nom aux promoteurs de ce projet au long cours.

- En 1996, le Biltzar des communes du Pays Basque renoue avec la même revendication, désormais datée, mais qui revient en mémoire.

- En 1999, chacun se souvient de la grande manifestation des partisans du département basque à Bayonne.

- De 2000 à nos jours, des avancées administratives sont admises tout en renonçant par le principe à l’idée d’une sécession possible des Basques au sein des Pyrénées-Atlantiques par des accords signés par l’Etat et les élus locaux : tels le Conseil de Développement, la Convention spécifique Pays Basque, l’Office publique de la langue basque… Ils trouveront leur aboutissement officiel en 2008, lors de la signature par François Fillon du Contrat Territorial du Pays Basque avec l’Etat.

Une succession acquise de dates et d’événements qui démontrent l’évolution des esprits en faveur d’une entité singulière, dans le giron français, mais portée par des projections du futur toujours en cours d’évaluation.

La plateforme « Batera » fut dans l’espace politique le plus récent, le moteur de la revendication en faveur du département basque (concurremment avec une chambre d'agriculture et un pôle universitaire autonomes), refusée dès l’origine par les autorités du pays, mais qui engendra des avancées rationnelles, moins empressées et d’une durabilité qui aboutit depuis peu à la composition de l’Agglomération élargie de l’EPCI aux 158 communes « basques » du Département 64.

Qu’en sera-t-il désormais des relations avec la Nouvelle Aquitaine, le Béarn, la Navarre et l’Euskadi voisine ?

Le panel des initiatives porterait sur l’économie, la formation, l’habitat et le logement, les transports, la gestion des déchets, l’agriculture, la culture et les facettes multiples des attentes culturelles des populations diversifiées sur le territoire.

Les questions sociales étant peu évoquées, le vieillissement de la population autochtone, les difficultés des agriculteurs, la gestion des propriétés sans suite, la baisse sensible de la natalité, et l’harmonisation effective des réseaux de communication entre un front maritime bien desservi et le Pays Basque profond, plus éloigné de ces avantages, seront-ils dans les tablettes des édiles désignés depuis peu sous la houlette du maire de Bayonne Jean René Etchegaray et de ses collaborateurs ?

Le temps des projets fleurit dans cette communauté évaluée désormais à plus de 300 000 habitants. L’enthousiasme du moment parait éviter des menaces et des violences passées sur ce sujet bien controversé du Pays Basque dans et hors des limites géographiques.

Ikusiko dugu geroak zer ekariko daukun, oraidanik diogunaz guen eskuetan ba da geroa guretako eta ondotik jinen diren guziekin !

Aintzina zioten gure burasoek norbait kampotik jinari ! Bainan ez ahantz laguntsak beharko direla kampotik jinik ondoko eguneri buruz !

 

François-Xavier Esponde

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