L’élection samedi dernier de Jean-Paul Vidailhet comme maire de Bernadets, ce village proche de Pau où l’on admire l'ancien château d'un féal de Febus reconstruit en partie au XVIIIème nous donne l’occasion de revenir sur la personnalité du nouvel édile et de son associé, Christian Olive, tous deux talentueux défenseurs du patrimoine. Ce monument avait vu naître Pierre-Clément de Laussat (dont les parents avaient acquis cette terre en 1766) : reçu avocat au parlement de Navarre en 1775 et parti l’année suivante étudier le commerce chez son grand-père, un des premiers négociants de Bilbao, il administrera la Louisiane sous Bonaparte et un de ses fils sera député des Basses-Pyrénées au XIXème siècle. Une conférence lui avait été consacrée l'année dernière au château de Bernadets.
Dans notre « Lettre » du 15 novembre dernier, nous relations le dynamisme du « Pau Hunt », particulièrement depuis l’élection de son 31ème Master du « Pau Hunt », Bernard Cazenave, épaulé dans sa tâche précisément par Jean-Paul Vidailhet (Joint Master). L’équipage de drag a connu un regain de vitalité porté à la fois par la redécouverte d’une équitation sportive en plein air, qui pousse les cavalières et cavaliers à sortir du confort des manèges, mais aussi par la nature même du « drag ». Le Pau Hunt est toujours installé dans la propriété de Berlanne - avec son chenil historique construit pour trois meutes - qui avait été cédée en 1890 par Lady Torence à la ville de Pau, en souvenir de son fils décédé lors d’un « point to point », sous la condition que l’équipage du Pau Hunt y soit maintenu. Il faut espérer que les conditions sanitaires permettront la reprise rapide de ses activités : fidèle à ses origines, il pratique la chasse à courre à l'anglaise : le Drag. Le renard ici est prétexte pour monter à cheval et c’est le "Drag" qui importe car il s'agit d'une fausse piste, tracée le matin même par des Dragueurs à pieds, que suivra ensuite la meute de chiens et les cavaliers…
L’occasion également d’évoquer le souvenir d’un goûter de Noël, il y a quelques années déjà, au château de Bernadets que Christian Olive, avec l’aide de son ami Jean-Paul Vidailhet, entreprenait de restaurer patiemment - souvent de leurs propres mains, ou avec l’aide des artisans des environs - après l’avoir acquis dans un état de ruine : murs effondrés, boiseries et cheminées volées, fenêtres sans carreaux, intérieurs tagués, etc.. Et le résultat était déjà à la mesure de leurs efforts. La décoration, avec une très légère touche contemporaine, témoignait du goût très sûr de ses propriétaires et autour du feu de cheminée du salon d’hiver, près de 120 invités goûtaient au chocolat ou au vin chaud accompagné de tartes et autres douceurs de saison. Parmi l’assistance qui entrecroisait toutes les générations et les provenances, artistes et créateurs côtoyaient des acteurs économiques - tel Patrick de Stampa, alors président de la Chambre de Commerce Pau-Béarn -, ainsi que d’autres jeunes restaurateurs d’une forteresse voisine, l’historien Xavier Guiraud de Saint-Aymart et son ami Jean-Gérard Pilloy qui redonnaient vie au château de Navailles-Angos, lequel conserve encore son donjon fébusien. Il ne manquait même pas Christophe Jankowiak, délégué Régional Midi Pyrénées de la Fondation du Patrimoine, qui se partage pendant la semaine entre ses étudiants de l'Université de Pau et ceux de la Fac de Bayonne. L’universitaire est très admiratif du travail de Christian Olive, spécialiste de la restauration d’art graphique sur papier.
Car Christian Olive, formé à l'Istituto per l'Arte e il Restauro au Palazzo Spinelli de Florence après une maîtrise et un DEA d'histoire médiévale à l'Université de Bordeaux III a installé au cœur de son château un laboratoire de haute technicité pour la restauration d'œuvres sur papier. Succédant à des années de recherche et une pratique affinée à l'Atelier du Patrimoine, entreprise bordelaise spécialisée dans les documents graphiques et parchemins, il participe à de nombreux salons d'antiquaires du grand Sud-Ouest (en particulier Biarritz), offrant ainsi aux collectivités publiques comme aux personnes privées l’occasion de restaurer et conserver leur patrimoine : je lui suis redevable du "rafraîchissement" de ma propre généalogie familiale, un document datant de 1750, et de l'extraordinaire restauration des lettres patentes attenantes (tél. 06 88 41 19 26).