Dans son rapport « L'émancipation de l'islam en France » publié deux mois avant les élections présidentielles, le think-tank « Terra Nova » (proche du Parti socialiste) proposait de remplacer deux jours fériés de tradition chrétienne (il s’agissait des lundis de Pâques et de Pentecôte, on s’étonnerait même que ces penseurs « émérites » aient oublié le jeudi de l’Ascension) par un jour férié juif (Kippour) et un jour férié musulman (Aïd el-Kébir) afin que « toutes les confessions soient traitées à égalité ». Qualifiant cette proposition de « vieux serpent de mer qu'on ressort », le président du Conseil français du culte musulman Anouar Kbibech affirmait en réponse : « Les musulmans de France n'ont jamais réclamé de telles dispositions, d'autant moins au détriment de jours fériés chrétiens […]. Terra Nova se permet de faire des propositions au nom de l'islam de France alors qu'ils n'ont pas pris la peine d'auditionner les personnes et les institutions concernées »…
On voit donc que le camp des laïcistes forcenés ne désarme pas dans sa lutte contre le christianisme, quitte à s’abriter derrière une autre religion, en l’occurrence l’Islam utilisé comme levier anti-chrétien.
L’occasion pour nous d’évoquer ces deux fêtes chrétiennes avant qu’elles ne soient « biffées » des fêtes chômées, d’autant plus que l’ouverture récente – le 20 octobre dernier, à fin de restauration - de la dalle de marbre protégeant le tombeau du Christ au sein de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem a permis de réaliser une série d’observations passionnantes, en particulier que les lieux correspondaient en tous points à la description du tombeau dans les Évangiles. Les chercheurs ont ainsi découvert un simple banc de pierre, creusé dans la paroi de la roche, qui correspond aux chroniques des voyageurs du Moyen-Âge rapportant que le banc et le mur formaient un même bloc de pierre, sur le côté nord de la petite pièce : l’endroit même où le corps de Jésus aurait été déposé ! Ces éléments archéologiques sont en adéquation parfaite avec les données rapportées dans les Évangiles, chez Matthieu (chap. 27), Marc (chap. 15-16), Luc (chap. 24) et Jean (chap. 19-20). Cette convergence avec les Évangiles des données scientifiques issues des recherches archéologiques ne constitue pas, certes, une « preuve » pour la Foi, mais elle permet d’affirmer que la tombe située dans la Basilique du Saint-Sépulcre de la capitale israélienne est bien « celle que l’empereur romain Constantin a trouvée au IVe siècle et que les Croisés ont vénérée ensuite ».
Pour revenir à la fête de l’Ascension, elle correspond à l’Ascension du Christ, c’est-à-dire le moment où Jésus s’élève vers le Ciel. Cet évènement marque la fin de sa vie terrestre, 40 jours après Pâques, lorsque « le Christ est ressuscité des morts. Par Sa mort Il a vaincu la mort. A ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie ». Cet épisode est décrit à la fin de l’Evangile de saint Luc : Jésus emmène ses apôtres vers Béthanie, un village de Judée où il aimait se retirer pour fuir les persécutions de Jérusalem. Là, il les bénit. « Et il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s'étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu ».
A présent, je cède la plume – ou plutôt le clavier – à l’abbé François-Xavier Esponde afin d’évoquer la Pentecôte, Chavouot juif et Pentecôte des chrétiens.
ALC
1 – La pentecôte juive ou Chavouot
Du 31 mai prochain au 1er juin, les Juifs célébreront la fête de Chavouot, appelée encore la pentecôte juive, tandis que les Chrétiens le feront le dimanche 4 juin, chacun suivant le calendrier propre à chacune de ces religions, hébreu pour les premiers et grégorien pour les seconds…
Mais l’origine de cette fête est portée par d’anciennes traditions communes qu’il parait difficile de séparer, sinon de les associer pour percevoir leur différence. Elle rappelait la fête des sept semaines de la moisson de l’année, de l’offrande des prémices au temple de Jérusalem, et de la promulgation de la Torah et des Dix Paroles de la loi biblique ou commandements intimement liés à l’occasion de cette manifestation religieuse. Cette fête du pèlerinage parmi les trois fêtes de pèlerinage de l’année se célèbre en Israël ainsi que parmi la diaspora juive comme une fête du jubilé, du 49ème jour qui suit la Pâque. A Jérusalem, on porte encore aujourd’hui ces prémices devant le Mur du Temple détruit pour ne pas oublier l’origine de cette libation sacrée.
Il est dans la mémoire de la foi juive de « se souvenir du don de la Torah au peuple d’Israël choisi parmi les peuples pour la recevoir selon la tradition »... Dans les temps anciens, la récolte de Pessah se traduisait par la récolte de l’orge et celle de Chavouot par celle du froment, céréales basiques de l’alimentation des populations et des offrandes des prémices rendus à l’Eternel en signe de reconnaissance.
Dans la huitaine, viendra enfin pour clore ce temps des récoltes la fête de Soucot - dite des Cabanes ou de la clôture du cycle agraire - qui se traduira en termes religieux par le tribut d’une offrande de ses fruits donnée en toute liberté au prêtre du sanctuaire au cours de la célébration religieuse du jour. Citons le passage biblique qui le rappelle : « Tu réjouiras le Seigneur ton Dieu, toi, ton fils, ta fille, car cette offrande sera un signe de jubilation et de partage pour l’étranger, l’orphelin, la veuve du sanctuaire ». La célébration qui accompagne de tels rites est ancienne, dense et fidèle aux Dix Paroles ou Commandements, lus, chantés ou psalmodiés suivant les diverses traditions de chacune des communautés, ashkénaze ou sépharade. On consommera de la nourriture élaborée à base de lait, de brioches et de pains sucrés, en mémoire de ces récoltes immémorables du temps diligent de l’Eternel qui comble les attentes de ses fidèles de génération en génération sous toutes les latitudes de la terre. Car le monde agricole a toujours témoigné d’une grande sympathie pour cette fête religieuse insérée dans la période des travaux et des récoltes.
Une pratique demeurée jusque dans nos églises chrétiennes d’antan où les plus anciens se souvenaient de l’offrande faite au cours de ces réjouissances partagées pour nous à la fin de l’été.
2 – Pentecôte des Chrétiens
Paques est une fête généreuse par son essence même. Suivie de l’Ascension quarante jours plus tard, et Pentecôte cinquante jours suivant ce temps des prémices de la diffusion du message de la Résurrection auprès de tous les fidèles réunis lors de l’effusion de l’Esprit sous le signe du Feu de l’Eternel comme rapporté dans les évangiles. Point majeur de l’expansion de la foi chrétienne, initialement parmi la diaspora sur la terre d’Israël et sous toutes les latitudes de l’univers.
En terre de Gaule, Saint Mamert eut l’idée dès le VIème siècle d’organiser dans les campagnes agricoles le culte des rogations - quelque peu abandonné aujourd’hui - mais si attaché aux cultes de la terre pour ceux qui en vivent et la cultivent au rythme de cette généreuse fécondité de l’environnement qui à cette époque de l’année croît sans cesse. Au demeurant le pape Léon, en 816, donnera une dimension importante à « ces pèlerinages in situ » dans nos campagnes. On ne peut oublier que beaucoup de ces croix dressées par nos anciens perpétuaient ainsi ces usages vieux comme le monde car, par le fait même, incarnés dans notre monde !
D’une grande antiquité, Pentecôte était déjà reconnue dès le IVème siècle et donnait lieu à de nombreux pèlerinages en Israël ou dans divers endroits de dévotion dans nos campagnes. Les chapelles et cultes à Marie, mère de Jésus et de nos filiations spirituelles sont le lieu de ces rassemblements annuels qui se juxtaposent souvent à la fête de Pentecôte elle-même par le lundi qui suit, comme à notre Dame d’Arantza (l’aubépine) ou Aranzazu à Ainhoa, ou bien à Ustaritz, et en de très nombreux lieux vénérés selon la tradition. Inséparables par leur histoire, les cultes anciens et les pratiques plus contemporaines associent en ce mois de mai le monde spirituel à bien des manifestations plus profanes issues de ce fonds religieux traditionnel de l’année !
François-Xavier Esponde