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Tourisme
De l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud
De l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud

| Manex Barace 2217 mots

De l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud

Panajachel, coucher de soleil sur le Lac Atitlan entouré de volcans majestueux.jpg
Panajachel, coucher de soleil sur le Lac Atitlan entouré de volcans majestueux ©
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Chichicastenango, scène de marché1.jpg
Chichicastenango, scène de marché ©
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La suite de notre voyage nous conduit du Guatemala au Venezuela, en passant rapidement par le Honduras et Panama. Courte traversée de l’Amérique Centrale. Avec le recul du temps, en relisant mes notes de voyages, je me demande de tous les pays déjà évoqués dans ces lignes ou de ceux qui nous qui restent à découvrir lequel m’a laissé les meilleurs souvenirs et procuré les plus grandes émotions, voire peurs.

Guatemala, pays de contrastes 

Guatemala City pour les Gringos, Ciudad de Guatemala pour les Guatémaltèques, capitale d’un pays petit par sa surface (131.800 km2), avec des frontières terrestres avec le Mexique, le Honduras, le Belize et le Salvador. Baigné par l’océan Pacifique à l’ouest et la mer Caraïbe à l’est. Le Guatemala est un pays montagneux, sauf le long de côtes où se trouvent des plaines littorales. Le volcan Tajumulco culmine à 4211 mètres. Les hauts plateaux de l’ouest couvrent quelque 20 % du pays, et contiennent une grande partie des 300 microclimats du Guatemala. Plus de la moitié du territoire, au nord du pays, est recouvert par la forêt tropicale, paradis des irritants « mosquitos », particulièrement présents et voraces dès la tombée de la nuit. Vivent en semi-autarcie à proximité de ruines précolombiennes des descendants directs des Mayas. Le site de Tikal est les plus connu. La population, 17 millions d’habitants, est surtout d’ascendance indigène et le mode de vie presque exclusivement agricole. Ancien pays maya, les langues les plus parlées après l'espagnol, sont le k'iche', le q'eqchi', le mam et le cakchiquel. Au Belize voisin, avec lequel les relations sont tendues, la langue officielle est contre toute attente l’anglais. Autre particularité du Belize, une grande partie de la population est Noire.

Le climat est à dominante tropicale, mais davantage tempéré en altitude. La plupart des grandes villes sont situées dans le Sud. Parmi celles-ci, se trouvent Guatemala Ciudad, AntiguaQuetzaltenango. Dans le sud du pays de nombreux volcans et de fort beaux lacs glaciaires. Ici vivent les Mayas-Quichés, peuple commerçant et fier, des métis et des descendants des conquistadores.

Ciudad de Guatemala

La capitale du Guatemala est perchée à 1500 mètres d’altitude. Fondée en 1766 elle jouit d’un climat printanier. Peu d’intérêt dans la ville moderne. Par contre, dans les quartiers anciens, les nombreuses églises font la cour aux visiteurs, leurs clochers sont visibles de loin car les immeubles ne sont pas très hauts en raison des fréquents tremblements de terre. Comme dans toutes les cités de quelque importance dans les pays latino-américains, on se donne rendez-vous sur la Plaza de Armas, généralement entourée de jardins. Ciudad de Guatemala ne déroge pas à cette règle architecturale, ajoutant son Palais national et la cathédrale, endommagés par les derniers séismes. Une attention particulière pour les musées archéologique et ethnographique de la ville, une excellente entrée en matière pour comprendre le pays. Ne pas manquer non plus la carte géante – et en relief – du pays dont on fait le tour à pied, ou que l’on surplombe depuis le haut d’une tour. On ne comprendra que plus tard, sur le terrain, que les routes du pays ne sont, à de rares exceptions près, que des chemins de terre plutôt poussiéreux par temps sec, devenant des pistes impraticables lors des pluies torrentielles. Et que les distances ne se mesurent pas en kilomètres mais en heures de route…

Dans d’intéressants marchés sont proposés des produits artisanaux venus de tous les coins du pays, l’idéal pour celui qui a manqué quelque achat durant son périple. Pour les sportifs ou les nostalgiques du Pays Basque, il existe un petit trinquet, à deux pas de l’hôtel Hernani, tenu par des Basques du sud. La nourriture guatémaltèque ressemble à celle consommée au Mexique voisin : à base de Frijoles (haricots noirs), Tortas de maïs (nos Taloak !), purée de lentilles, poulet, fruits tropicaux. Les sauces n’ont rien à envier non plus à celles de leurs voisins ; ce sont les mêmes, aussi épicées, pour nos palais européens.

Antigua-Guatemala 

Moins de 50 kilomètres séparent la nouvelle capitale du pays de l’ancienne. Mais deux heures de route en pleine montagne, à travers des paysages luxuriants. Le site d’Antigua-Guatemala est de toute beauté, entouré de volcans majestueux. C’est l’un d’eux qui détruisit la ville en 1773 lors d’un tremblement de terre. A découvrir beaucoup de vestiges de l’époque coloniale, maisons et églises, ainsi que l’université de San Carlos Borromeo, la plus ancienne d’Amérique, à ce qui se dit. La ville est calme malgré les marchands de souvenirs qui harcèlent les touristes. Jusqu’au prochain séisme.

Lac Atitlán

La principale route du pays continue vers l’ouest en direction de Huehuetenango et la frontière avec le Mexique. Elle serpente à flanc de montagne et, en deux heures à peine (108 km), tout à coup on découvre le lac Atitlán, étendue d’eau de 18 kilomètres de large entourée de volcans splendides. L’origine du lac est volcanique, il remplit une large caldeira formée lors d’une éruption, il y a 84.000 ans. Ici et là, le long des rives sont posés des petits villages, de pêcheurs pour la plupart. Une route carrossable entoure le lac mais certains villages ne sont accessibles que par l’eau. Lac de montagne, les eaux du lac Atitlán sont limpides, mais plutôt froides. Un des villages les plus fréquentés par les étrangers, car il se trouve sur l’axe principal, a pour nom Panajachel. 

Panajachel 

Situé sur la rive du lac Atitlán, autrefois petit village tranquille (à 1597 mètres d’altitude), Panajachel concentre la quasi-totalité de l’offre touristique de la région… Avec un petit sourire désabusé, la propriétaire du petit hôtel où j’ai trouvé hébergement me glisse à l’oreille, comme un secret, le surnom que les habitants ont donné à leur village : Gringotenango… Les indiens Cakchiquel confectionnent d’originaux ponchos à capuche qu’ils descendent vendre au village aux Gringos qu’ils n’aiment guère, à la tombée du jour. Il faut dire que la principale attraction à Panajachel est le coucher du soleil derrière les volcans Tolimán, Atitlán et San pedro, qui se reflètent sur les eaux bleues et glacées du lac d’origine glaciaire. Spectacle gratuit et inoubliable.

Chichicastenango 

En remontant vers le nord, à 145 kilomètres de Guatemala Ciudad, un croisement de routes. A cette croisée des chemins somnole Chichicastenango. Ceux qui savent (!) l’appellent tout simplement Chichi. C’est le jeudi et le dimanche que l’ambiance est la plus extraordinaire : ce sont les jours où les Mayas Quichés tiennent marché sur la grand-place, entre les deux églises que compte le village et qui se font face. Ne cherchez pas de prêtres ces jours-là. On dit qu’ils fuient la cité et effectivement, si les portes des églises sont grandes et ouvertes, ce n’est pas l’odeur de l’encens mais celle du bois de santal que flotte et les rites qui s’y pratiquent tiennent davantage de la sorcellerie (pour les non « locaux ») que du culte catholique. D’ailleurs sorciers et sorcières attendent sur le parvis et à l’intérieur que l’on vienne les consulter. La plus grande discrétion est de rigueur si l’on veut s’imprégner de l’ambiance, de l’atmosphère. Après tout, les Indiens sont ici chez eux. Ici un paysan « converse » avec des parents défunts, par l’intermédiaire du sorcier. Là, au milieu de la fumée des herbes aromatiques, un autre prie à voix (très) haute pour que sa récolte soit bonne. A qui s’adressent ses prières ? A Dieu ou à ses dieux ? Ailleurs une vieille indienne sans âge prépare des pommades, des potions. Sur la place, on discute, on vend, on achète, on échange. On marchande aussi sans doute : après quelques palabres certains acheteurs font demi-tour et s’en vont. A Chichi le Castillan est une langue étrangère ! 

Tout à coup, de la musique. Une procession sort d’une église. Promené sur un pavois une statue qui semble représenter Santiago (coquille). J’ai été surpris en train de prendre des photos : j’ai droit à une amende, ou plutôt suis-je invité à faire une offrande sonnante et trébuchante. Quand je disais que les Quichés sont commerçants ! Avec beaucoup de discrétion et de patience (et un bon téléobjectif) il est possible de réaliser des clichés riches en couleurs. Pour l’heure, les Gringos sont tolérés mais à l’écart de la fête, juste pour acheter des souvenirs.

Chichicastenango semble d’une autre époque, presque d’une autre planète. Le rassemblement de ce jour appartient surtout aux descendants des Mayas, qui refusent toujours une quelconque assimilation qui ferait d’eux des citoyens guatémaltèques à part entière. Marché et fête terminés, la ville se vide. Tout le monde repart, qui à pied, qui sur la benne d’un camion, vers les villages environnants. La nuit tombe. Il sera temps demain pour nettoyer la place et l’intérieur des églises.

Florès – Tikal 

Depuis Chichicastenango il serait possible de rejoindre le Mexique par voie terrestre et de faire une halte à Huehuetenango, deuxième ville du pays et centre industriel important, mais épicentre d’une guérilla perpétuelle entre carabiniers, contrebandiers et révolutionnaires. Direction le territoire du Petén, département septentrional le plus vaste, couvert de jungle où sont cachés de nombreux sites archéologiques fascinants. Une douzaine d’heures de route si la piste est sèche, jusqu’à 36 heures pendant la saison des pluies, dans un vieil autobus Bedford (ils sillonnent les routes du nord du Mexique jusqu’en Patagonie), assis au milieu d’une foule bigarrée, et en compagnie de redoutables moustiques. L’immense territoire du Petén se situe entre Mexique à l’ouest et Belize à l’est. Arrivée à bon port à Florés, petite ville située sur une rive du lac Petén Itzá. Il pleut. Le lac a débordé. L’eau du robinet est une denrée rare. Buvable ? Comme dans beaucoup d’endroits, le doute est permis. Le tour de ville est vite fait. Par prudence, direction le petit aérodrome pour y réserver une place pour le retour vers la capitale car si la pluie continue, la piste sera totalement impraticable…

Pourquoi cette visite à Florès alors qu’il existe également un aérodrome à proximité du site archéologique, plus facile d’accès et plus pratique ? Un simple calcul arithmétique : au départ de la capitale, le billet aller simple coûte – au moment d’effectuer ce voyage - 100 Quetzals (1 Quetzal = 1 US$) jusqu’à Tikal. Soit le prix d’un aller-retour vers Florès. Et le prix du « camión », comme on appelle ici l’autocar, est le quart du prix du billet d’avion aller simple pour Florès…

Il a plu toute la nuit. Le jour n’est pas encore levé lorsque je monte à bord du vétuste « camión » qui poursuivra sa route vers le Belize et la côte caraïbe. Je descendrai au plus près du site de Tikal.

Lors de mes deux précédents voyages à Palenque au Mexique, à environ seulement 150 kilomètres à vol d’oiseau, j’avais été émerveillé par les monuments grandioses, cachés dans la forêt, qui ne cesse de reprendre ses droits. Tikal ? C’est Palenque en beaucoup plus grand : plus de 3000 édifices répertoriés ! On pense que Tikal et environs datent de l’an 600 avant J.C. La ville a prospéré jusque vers l’an 950 de notre ère, avant d’être abandonnée mystérieusement, sans raison connue. Les ruines se trouvent dans un parc national recouvrant 600 km2. Redécouvertes, sorties de l’oubli seulement en 1848 ! 

Doit-on parler de ville à propos de Tikal ? Sont visibles essentiellement des temples, des pyramides émergeant de la forêt. Tikal fut vraisemblablement un centre religieux des plus importants. Tout est plus grand, tout est plus haut qu’à Palenque, les constructions comme les arbres. Les stèles sculptées sont en général mieux conservées. Le mystère de leur édification, puis de leur abandon, demeure presque entier.

De retour à Florès. Attente à l’aéroport. Cela fait déjà sept heures maintenant que les passagers en partance attendent l’arrivée du vieux DC3 en provenance de la capitale. Il pleut toujours. La situation est critique : plus aucun bus n’arrive à Florès. Les pistes sont certainement coupées quelque part. Aucun ne démarre de la « gare routière » non plus. A quoi bon ? Ici nous sommes à l’abri des intempéries, mais pas des moustiques. Seuls les touristes semblent nerveux et tournent en rond. Les Indiens ont l’habitude d’attendre. D’attendre quoi au juste ? Que passe le temps.

Enfin ! Il arrive le vieil oiseau. Du moins on entend le bruit des hélices, il survole la forêt. Il a beaucoup hésité avant de tenter de se poser sur la piste : il a tourné face au vent, contre le vent, a tenté un atterrissage. Mais il est reparti, l’orage était le plus fort. Enfin il a réussi et a presque aussitôt redécollé. J’étais à bord, pas trop rassuré. J’ai par la suite appris par un routard que le dernier bus parti de Florès (la veille) avait été contraint de faire un détour de plus de cent kilomètres, et qu’il était arrivé à la capitale après plus de 72 heures de péripéties. 

Pendant que ce « camión » avançait tant bien que mal dans la tempête, avec deux jeunes Suissesses logées dans la même pension que moi à Guatemala Ciudad, au volant d’une vieille Coccinelle de location, nous avions eu le temps de faire une mini-expédition au Honduras, au site archéologique de Copán. Une chance que d’avoir lié amitié avec ces deux Suissesses, comme moi férues de vieilles civilisations. A nous trois il était plus facile, rapide et moins onéreux de louer une voiture pour le prochain déplacement. Entre elles, elles conversaient en Allemand, avec moi en Anglais, et de mon côté j’assurais les traductions en Castillan avec les Guatémaltèques. 

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Chichicastenango, à quel dieu sont destinées les offrandes ©
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Chichicastenango, scène de marché ©
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ELISSALDE Paul | 06/08/2021 18:30

Avec mon épouse nous avons eu la chance de vivre un séjour de deux semaines avec la même trajectoire que la votre. Vous lire m'a fait revivre notre périple et plein d'anecdotes me sont revenues. En plus, la fête à Todos Santos le jour de Toussaint, copie des fêtes de Bayonne à l'ancienne: grande roue, stands divers, ça boit, ça danse, ça se congratule, courses de chevaux sur 400m: les jeunes s'affrontent .... Grands et petits portent le costume traditionnel, la joie est partout ! Mon épouse avait peur et moi de lui dire c'est Bayonne ! Malgré la poussière et la boue j'étais heureux d'avoir vu ces gens de montagne se rassembler l'espace d'une journée. Comme chez nous! Etonnant.

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