Nous étions prévenus, l’équipe artistique à l'origine de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris diffusée vendredi dernier ayant auparavant annoncé la couleur dans le journal "Le Monde" : « Nous ne voulons surtout pas d’une reconstitution à la manière du Puy du Fou. Nous voulons faire l’inverse. Surtout pas une histoire virile, héroïsée, providentielle. On veut le désordre et que tout s’entremêle ».
Un "désordre" qui a provoqué "l'écœurement" d'un ami basque, peintre reconnu et descendant d'exilés de la guerre civile espagnole en 1936 :
« La religion, l'histoire de France, la culture ont été bafouées par l'organisation pour un coût de dix milliards. Supporter ces scènes, vraiment rien n'a été épargné à ce pays et ses 2000 ans ! Seul bémol, la Marseillaise très bien chantée par une artiste lyrique et les illuminations de la Tour Eiffel, mais ça, nous y sommes habitués.
Le Basque que je suis vit très mal cette descente aux enfers d'un pays que nous avons, la famille et moi, adopté et servi. Bien cordialement à vous, Miguel ».
Pour sa part, l'éditorialiste du quotidien régional "Sud Ouest", Benoît Lasserre, admettait que « le scénario était conçu par le metteur en scène Thomas Jolly et l’historien Patrick Boucheron qui revendiquent leur appartenance à une gauche tranchée et tranchante, si on évoque l’image de Marie-Antoinette décapitée ».
Or, à ma connaissance, c'est bien la première fois qu'une cérémonie d'ouverture de Jeux Olympiques met en avant une scène sanguinaire et qu'est brandie ainsi la tête tranchée d'une femme, reine et mère, comme dans une vulgaire vidéo de Daesch...
Je me contenterai donc de rendre, ici, à la reine Marie-Antoinette, sa dignité et son humanité en citant des extraits de la dernière lettre qu'elle écrivit à sa belle-sœur, Madame Élisabeth, emprisonnée au Temple avec Marie-Thérèse, la fille du couple royal : c'était le 16 octobre 1793 à 4h1/2 du matin, avant d'être assassinée au nom des "valeurs républicaines" :
« C’est à vous, ma sœur que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse – elle ne l’est que pour les criminels – mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne me reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants. (...) Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs, sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelles en feront bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère, par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur tous les soins, tous les services que l’amitié peuvent inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que dans quelque position qu’ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu’ils prennent exemple (sur) nous. Combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus uni que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. (...)
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois.
Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. (...) »
Et de grâce, qu'on n'aille pas m'objecter, comme certains, que « l'on avait coupé la tête aux nantis affameurs du peuple » !
Car, c'est de la propagande mensongère : Madeleine Larralde, tisserande et fille de charpentier à Sare (au Pays Basque de France), qui était allée chercher du fil dans le village voisin de Vera (côté navarrais-d'Espagne) du fait de la pénurie engendrée par la révolution, fut pour cette raison condamnée à mort et guillotinée à Saint-Jean-de-Luz... une affameuse du peuple ? C'est une honte que d'affirmer cela. Et des exemples de cette sorte, il y en a des milliers !
Et le jour de l’assassinat de la reine, vingt-et-un cercueils royaux avaient été profanés dans la basilique Saint-Denis. Tuer les rois vivants ne suffisait pas. Il fallait également tuer les morts.
Deux semaines plus tard, ce fut au tour de vingt-et-un députés girondins d'être guillotinés le 31 octobre 1793. Les condamnés «ont montré un courage de scélérats», consignait un rapport de police.
A l'image de Marie-Antoinette et de Louis XVI, pardonnons aux vrais scélérats, et que nos anciens souverains reposent en paix, requiescant in Pace !
La juxtaposition des deux photos qui suivent montre la différence de traitement entre les Jeux Olympiques de Londres en 2012 et ceux de Paris en 2024 :
à Londres, Élisabeth II se dirigeait vers le stade, escortée par James Bond, alors qu'à Paris, on décapite la reine de France...